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MTY: une épreuve à surmonter

Dominique Beauchamp|Publié le 30 mars 2020

MTY a les ressources pour traverser la crise, mais les deux prochains trimestres feront très mal.

Aucune entreprise ne peut prévoir pour une pandémie. Le coup est encore plus dur à encaisser pour un franchiseur de restaurants dont la stratégie repose sur les acquisitions tel que le Groupe d’alimentation MTY.

Les perspectives de MTY (MTY, 20,42$) se détériorent si vite que Michael Glen de Raymond James s’excuse de retirer sa recommandation d’achat si tardivement après que le titre ait déjà dégringolé de 61,27$ à 20,42$ depuis le 11 février.

«Nous comprenons que le moment choisi pour cette décote est terriblement inopportun», dit-il, dans la note qui accompagne le rapport intitulé «Pas bâti pour une pandémie», diffusé le 26 mars.

Essentiellement, le modèle financier de l’analyste ne tient plus la route à cause des mesures de confinement qui gardent les consommateurs à la maison.

« Nous croyons fermement que MTY survivra à la tempête, mais nous nous attendons aussi à ce que le parcours devienne très compliqué »

Malgré toutes ces mises en garde, le nouveau cours-cible de 35$ (au lieu de 62$) laisse tout de même entrevoir un rebond potentiel d’ici 12 mois. 

Chute dramatique prévue au deuxième trimestre

L’analyste prévoit que les ventes de restaurants comparables chuteront de 50% au Canada et de 30% aux États-Unis, au deuxième trimestre.

Ces ventes continueront de reculer aux troisième (moins 20%) et quatrième trimestres (moins 10%), si bien que l’exercice 2020 se soldera par un déclin de 17,5% des ventes par établissement comparable.

La fermeture d’établissements s’accélérera aussi et pourrait amputer 725 millions de dollars ou 9% au chiffre d’affaires total du réseau, obligeant aussi MTY à reprendre la gestion de plusieurs d’entre eux, ainsi que le versement de pénalités pour environ 30% des baux annulés.

Relisez MTY suspend la perception de revevances

Dans son nouveau modèle, M. Glen s’attend à 1000 fermetures d’ici un an, soit l’équivalent de 14% du groupe.

Le franchiseur peut aussi faire une croix sur l’ouverture de nouvelles franchises, au cours des 12 prochains mois, croit-il.

«Chaque tranche de 100 fermetures amputerait 35M$ aux ventes du réseau, 1,75 M$ au bénéfice d’exploitation, sans compter les pénalités de 500 000$ à 1 M$ pour les baux. Chaque recul de 5% des ventes comparables soustrait aussi 3,3 à 3,4 M$ au bénéfice d’exploitation», explique-t-il.

En conséquence, M. Glen charcute ses prévisions de flux de trésorerie libres, un étalon souvent utilisé pour les franchiseurs tels que MTY. Elles passent de 4,42 à 1,39$ par action pour 2020 et de 4,53 à 2,29$ par action pour 2021.

MTY devra aussi mettre en suspend sa stratégie d’acquisition et d’intégration d’autres chaînes de restos.

Pour faire face à l’adversité, il recommande au conseil de suspendre le dividende annuel de 0,74$ pour préserver ses liquidités comme vient de le faire sa rivale Recettes illimitées (RECP, 8,05$).

MTY devra aussi mettre de côté sa stratégie d’acquisitions afin de protéger en priorité son réseau existant et son bilan.

Le restaurateur a les ressources financières pour traverser la crise, assure l’analyste, mais il devra sans doute obtenir des banquiers un allègement de ses clauses d’emprunt. M. Glen estime en effet que la dette passera de 3 fois à 5,4 fois le bénéfice d’exploitation, d’ici le premier trimestre de 2021, un niveau qui dépasse la clause actuelle de 4 fois.

M. Glen espère que la téléconférence du premier trimestre, attendue au début d’avril, fournira plus d’éclaircissement au sujet des perspectives.

Au cours actuel, l’action de MTY s’échange à un multiple de 20,9 fois le bénéfice de 1,15$ prévu en 2020 (au lieu de 3,42$) et de 16,9 fois celui de 1,42$ projeté pour 2021 (au lieu de 3,60$) .