La famille Desmarais envoie le message qu'elle veut créer de la valeur, après un long passage à vide, croit un analyste.
Le triple rachat d’actions annoncé par trois des entreprises de l’empire Power est une surprise bien reçue par les investisseurs.
Si le rachat d’actions par l’assureur-vie Great West (GWO, 30,73$) était prévu depuis la vente de ses activités américaines de rentes, les rachats musclés de Corporation Power (POW, 28,95$) et de Financière Power (PWF, 29,87$) étaient inattendus.
En réaction, les titres de Great-West, de Power et de Financière Power gagnent respectivement 2,1%, 2,6% et 1,8% respectivement en matinée le 4 mars.
En fait, les trois rachats sont interdépendants puisque Corporation Power et Financière Power déposeront des actions de Great-West qu’ils détiennent dans le rachat de l’assureur-vie. Les sommes ainsi récoltées financeront en partie le rachat de leurs propres actions.
«Nous avions prévu un rachat de 1,3 milliard de dollars par Great-West. Or, l’assureur-vie compte éliminer 2G$ de ses actions. Le rachat additionnel ajoutera environ 1% au bénéfice de 2020», estime Doug Young, de Desjardins Marchés des capitaux.
Great-West retourne ainsi du capital à ses actionnaires, en rachetant ses actions à bon prix, tout en conservant les moyens financiers de réaliser des acquisitions. Le rachat de 6,6% des actions vise surtout à contrer les bénéfices perdus lors de la vente de groupe américain de rentes, explique Gabriel Dechaine, de la Financière Banque Nationale.
«Great-West a été un racheteur peu actif ces dernières années, en rachetant moins du quart des actions prévues son programme annuel, parce que sa société n’y participait pas. La décision de la Financière Power change la donne cette fois», dit-il.
Tous s’attendent à l’achat par Great-West d’un autre gestionnaire de portefeuille américain afin de donner à Putnam Investments la masse critique nécessaire pour devenir rentable, 12 ans après son achat.
Power rachète 10% de ses actions
Les rachats par Power (1,35G$) et par sa filiale Financière Power (1,65G$) ajouteraient 10% au bénéfice de la première et 8% à celui de la deuxième, estime à vue de nez M. Young.
«Ces rachats envoient aussi un message fort. Premièrement, Great-West ne fera pas un autre achat massif dans la gestion de portefeuille, ce qui rassure ceux qui le craignaient. Deuxièmement, il est clair que Power veut aussi fouetter sa performance», évoque-t-il dans un courriel.
Great-West, Corporation Power et Financière Power ont respectivement procuré un rendement total négatif de 0,3%, 6,1% et de 15,8% (incluan les dividendes) depuis cinq ans. Cela se compare à celui de 5,4% pour l’indice S&P/TSX.
Quant aux rachats de Power et Financière Power, ils devraient atténuer la perception qu’un seul actionnaire compte pour elles, la famille Desmarais, dit-il.
Toutefois, les frères Desmarais ne déposeront pas leurs actions dans le rachat de Corporation Power, si bien que leur emprise sur la société de portefeuille augmentera.
L’analyste de Desjardins attend de prendre connaissance des modalités de la procédure d’adjudication dans les circulaires qui seront émises la semaine prochaine avant de revoir ses estimés et ses cours cibles.
Depuis la crise, l’empire Power n’a pas su se relever la tête en Bourse (Source: Desjardins Marché des capitaux)
Dans sa note mensuelle sur le groupe Power, M. Young indique que le cours de Corporation Power était inférieur de 17,6% à sa valeur d’actif net, au 28 février. L’écart était de 18,1% pour la Financière Power, ce qui se compare à une moyenne de 13,7% sur dix ans.
En fonction des bénéfices prévus, le multiple de Corporation Power est de 8,8 fois, par rapport à sa moyenne à long terme de 11,1 fois. Les mêmes multiples d’évaluation pour Financière Power sont de 7,8 et 11,7 fois, précise-t-il.