Couche-Tard: ce qu’il faut retenir de la téléconférence
Dominique Beauchamp|Publié le 18 janvier 2021Voici les points forts de la téléconférence convoquée pour mettre en perspective l'offre avortée de Carrefour SA.
Neuf analystes d’Alimentation Couche-Tard ont découvert les nouvelles ambitions de la société au fil des explications des hauts dirigeants pour justifier l’offre inattendue pour l’épicier français Carrefour SA. Voici certains faits saillants de la téléconférence.
– Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 38,90$) se définit désormais comme un détaillant et Carrefour SA l’aurait hissé parmi les leaders de la grande distribution. C’était une «offre fonceuse» qui nous aurait «hissés au cinquième rang mondial» tout en ajoutant à notre rentabilité et à nos compétences», a fait valoir le PDG Brian Hannasch.
– Couche-Tard serait bien sûr prête à revenir à la charge si la position française changeait au sujet de la souveraineté alimentaire. «Nous aimons la transaction. Nous adorions la réaliser», a ajouté le PDG.
– Dans sa réflexion stratégique, Couche-Tard a analysé différents segments du commerce de détail en tant qu’avenues potentielles de croissance dont l’épicerie, les magasins d’articles à un dollar hors de l’Amérique du Nord, les détaillants dans les aéroports et les gares ainsi que la restauration rapide.
– Carrefour SA cadre dans ces nouvelles ambitions, mais un autre des segments ci-haut y figure aussi, mais le PDG Hannasch n’a pas voulu en dire plus afin de ne pas nuire à un «dossier actif».
– La pandémie a fait évoluer cette réflexion en amplifiant la résilience de l’alimentation en temps de crise et la force des pratiques de vente omnicanal. «Nous abordons notre activité principale et toute activité adjacente les yeux ouverts sur le monde qui change. ÇA va prendre des concurrents avec l’envergure nécessaire et le bon focus pour gagner.», a évoqué Brian Hannasch.
– Même s’il y a peu de chevauchements des marchés et que les hypermarchés ne sont pas dans les compétences de Couche-Tard, l’achat de Carrefour SA aurait atteint le rendement du capital supérieur à 15 % que vise la société, avant même d’avoir identifié toutes les synergies, a précisé Claude Tessier, le chef de la direction financière.
– Brian Hannasch a comparé le scepticisme du marché à propos de Carrefour SA aux premières acquisitions en Europe il y a neuf ans, dont Statoil Retail & Fuel. Le groupe européen a pourtant doublé son bénéfice d’exploitation depuis avec les dirigeants en place malgré la percée de dix marchés très différents les uns des autres.
– Le PDG est convaincu que Couche-Tard aurait accéléré la relance de Carrefour SA amorcée par la nouvelle équipe de dirigeants il y a 36 mois. Des synergies concrètes avaient été identifiées, dont l’approvisionnement et la distribution du carburant, les achats en commun, le partage des meilleures pratiques dans la gestion des magasins d’accommodation et les outils numériques.
– Les forces de Carrefour SA incluent aussi ses ententes d’approvisionnement en aliments et avec les fermes mondiales, la vente de tabac et d’alcool dans les supermarchés, les mets prêts à consommer et la boulangerie, ainsi que les pratiques omnicanal et la livraison. Le groupe tire aussi la moitié de son bénéfice d’exploitation de l’Amérique latine.
– C’est à la demande de Carrefour SA que les deux entreprises comptent examiner des opportunités de partenariats opérationnels. Il est encore trop tôt pour évaluer leur valeur.
– Le PDG a donné en exemple le partenariat entre le pharmacien Walgreen Alliance Booth et l’épicier américain Kroger pour partager leurs meilleures pratiques dans le domaine de marques privées et des outils omnicanal pour illustrer que les frontières deviennent de plus en plus perméables entre les détaillants.
– L’achat de Carrefour SA aurait été structuré de façon à conserver la cote de crédit de qualité institutionnelle.
– Brian Hannasch s’est une fois de plus dit «frustré» par les occasions ratées depuis trois ans en raison des prix soufflés par les énormes liquidités qui circulent. En même temps, il rappelle que le fait que Couche-Tard se soit retirée de transactions, dont celle avec l’américaine Speedway, prouve que la création de valeur pour les actionnaires reste une priorité pour l’entreprise.
– Si aucune autre transaction majeure ne transpire prochainement, Couche-Tard envisagera d’accélérer le rachat déjà prévu de ses actions. «Les revers économiques nous ont procuré nos meilleures occasions par le passé», a nuancé le PDG.
– À chaque fois que Couche-Tard «fait quelque chose de nouveau, le risque augmente, mais la vérification diligente est la façon que nous avons de réduire le risque. Il faut se salir les mains et aller voir sur le terrain», a répondu Brian Hannasch à un analyste qui a demandé s’il faudra accepter un degré de risque plus élevé parce que les transactions deviendront plus chères à réaliser à l’avenir.
– «Si nous ne pouvions pas ajouter aux rendements financiers à l’aide de transactions, nous serions à l’aise avec une pause. Nous avons réussi à gérer cet équilibre dans le passé», a conclu Brian Hannash.
L’action de Couche-Tard regagnait 1,5% à l’ouverture lundi, mais son cours reste en deça de celui de 41,74$ avant que l’offre pour Carrefour SA ne soit éventée.
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