Bombardier: un graphique inquiétant, mais de bonnes perspectives
Jean Gagnon|Publié le 01 juillet 2022Un appareil Global 7500 de Bombardier (photo: courtoise)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Où mènera le regroupement des actions de Bombardier?
Le lundi 13 juin, les négociations sur le titre de Bombardier commençaient après un regroupement de ses actions (reverse split) de 25 actions pour une. C’est-à-dire que les détenteurs échangeaient 25 actions contre une nouvelle action, qui valait bien sûr 25 fois plus que les anciennes actions.
L’histoire a souvent démontré que lorsqu’une société regroupe ainsi ses actions, le prix de cette nouvelle action s’effondrera à son tour jusqu’au niveau où se négociait l’ancienne action. Il y a eu bien sûr des exceptions. Est-ce que ce sera le cas de Bombardier?
Chose certaine, ça ne commence pas très bien. Depuis le regroupement il y a à peine 3 semaines, la nouvelle action a perdu près de 30% de sa valeur.
Il faut dire que les marchés boursiers, ballotés entre les hausses de taux d’intérêt, l’inflation et le risque de récession, sont sous intense pression à la baisse.
Une très mauvaise image
Certes, le graphique des variations du prix de l’action de Bombardier montre une très mauvaise image, explique Monica Rizk, analyste senior chez Phases and Cycles, des spécialistes de l’analyse technique.
Depuis octobre 2021, le titre est sous l’emprise d’une forte tendance à la baisse qui lui a fait perdre les deux tiers de sa valeur, comme l’illustre clairement la ligne pointillée bleue. Il se retrouve aujourd’hui dangereusement sous ses moyennes mobiles de 50 et de 200 jours, qui par surcroit se sont croisées en mars dernier, et qui maintenant pointent toutes deux vers le bas.
La tendance à court terme est aussi baissière, et ne donne aucun signe où cela pourra s’arrêter, constate Monica Rizk. « On ne voit pas où le titre trouverait enfin un niveau de support valable », dit-elle.
(Source: Phases & Cycles)
Le marché des avions d’affaires en effervescence
Faisant abstraction du risque d’une sévère détérioration sur la scène macro-économique, Fadi Chamoun, analyste chez BMO Marchés des capitaux, constate que Bombardier se dirige vers un autre trimestre où elle présentera de bons résultats. « La flotte d’avions d’affaires de Bombardier a volé 16 % plus souvent jusqu’à présent au 2e trimestre qu’à la même période l’année dernière », écrit-il dans son dernier rapport à ses clients. Il maintient sa recommandation de «surperformance» sur le titre et son cours cible est de 63 $, soit huit fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) qu’il prévoit pour l’année financière 2023.
Il concède toutefois qu’une détérioration rapide du contexte macro-économique pourrait compresser le bilan financier du fabricant d’avions d’affaires, et que dans ce scénario, il abaisserait significativement son cours cible jusqu’à 19 $, soit le niveau auquel le titre se négocie actuellement.
Benoit Poirier, analyste chez Desjardins, croit également que Bombardier est en bonne posture pour profiter de la demande pour les jets d’affaires. « La direction poursuit très bien ses initiatives stratégiques qui lui permettront d’élargir ses marges et d’augmenter ses revenus tout en réduisant sa dette », dit-il.
Conséquemment, dans son rapport publié il y a quelques semaines, il maintenait une recommandation d’achat, et son cours cible était de 80 $.