À surveiller: MTY, Constellation Software et Kraft Heinz
Dominique Beauchamp|Publié le 16 février 2021(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de MTY, Constellation Software et Kraft Heinz? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
MTY (MTY, 52,45$): Papa Murphy’s sauvera encore la mise au quatrième trimestre
La chaîne de pizzas prêtes-à-cuire Papa Murphy’s devrait s’avérer l’élément fort des résultats annuels du franchiseur MTY qui seront dévoilés le 18 février, prévoit Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale.
Cette chaîne de pizzas prêtes-à-cuire profite de la popularité de la pizza auprès des consommateurs confinés et du modèle d’affaires conçu pour les commandes à emporter.
À titre comparatif, l’analyste note que Domino’s a dévoilé une hausse robuste de 17,5% des ventes des restaurants comparables aux États-Unis lors du troisième trimestre tandis que celles de Papa John’s avaient explosé de 23,8% en Amérique du Nord.
Papa Murphy’s procurera le tiers du chiffre d’affaires total du réseau de MTY au quatrième trimestre, qui compte au total 7052 établissements, estime l’analyste.
Sa performance soutient tout le groupe en pleine pandémie. Vishal Shreedhar prévoit un recul de 15% du chiffre d’affaires total (à 868 millions de dollars), de 9% des revenus (à 156,8M$) et de 0,8% du bénéfice d’exploitation (à 46,7 M$).
L’analyste s’attend aussi à ce que les restaurants décontractés prennent du mieux par rapport au troisième trimestre bien que de nouvelles restrictions sanitaires aient été imposées en décembre pour freiner la nouvelle vague de la COVID-19 au Québec, en Ontario et en Californie.
En attendant les résultats annuels et surtout les perspectives du franchiseur, l’analyste reste neutre envers le titre même s’il augmente le cours-cible de 56 à 57$ en se projetant en 2022.
Vishal Shreedhar n’a pas encore assez confiance dans une reprise durable de la restauration pour recommander le titre. Il se dit aussi préoccupé par la santé financière des nombreux franchisés du groupe.
De plus, dit-il, après la pandémie, Papa Murphy’s pourra difficilement soutenir ses ventes.
Au cours actuel, MTY s’échange à un multiple de 11 fois le bénéfice d’exploitation prévu dans 12 mois, par rapport à la moyenne de 12,5 fois des cinq dernières années.
Constellation Software (CSU, 1613,99$): bon trimestre et nouvelle stratégie pour l’acquéreur en série
Constellation Software (CSU, 1613,99$): bon trimestre et nouvelle stratégie pour l’acquéreur en série
La deuxième société de technologie au pays a dévoilé un quatrième trimestre qui démontre la résilience de son modèle d’affaires décentralisé: la croissance interne, la contribution des acquisitions et la rentabilité se sont améliorés.
Les revenus ont augmenté de 14% (à 1,09 milliard de dollars), ce qui est légèrement mieux que ce qu’avait prévu Paul Treiber, de RBC Marchés des capitaux.
Le bénéfice d’exploitation a bondi de 33% (à 345 millions de dollars) grâce à la hausse des revenus, à la diminution des voyages d’affaires et aux subventions salariales. L’analyste avait prévu 313 M$.
Le flux de trésorerie excédentaires des 12 derniers mois ont grimpé de 59% à 1,1 milliard de dollars, soit le taux de croissance le plus rapide depuis 2014.
Le consolidateur actif de logiciels spécialisés a aussi consacré 222 M$ aux acquisitions, le plus en cinq trimestres, note Paul Treiber. «La stratégie d’acquisitions retrouve le niveau d’avant la pandémie», se réjouit-il.
Sans l’effet des changes et du taux d’imposition, le bénéfice par action de 10,76$ a surpassé ses prévisions de 9,73$.
Paul Treiber croit qu’il est illogique que Constellation se transige à un multiple inférieur (20 fois le bénéfice d’exploitation prévu dans 12 mois) à sa propre filiale européenne Topicus.com (TOI, 70$) qu’elle vient d’essaimer en Bourse (30 fois).
Paul Treiber juge cet écart sous-estime la force du modèle d’affaires de Constellation qui laisse aux filiales le soin d’optimiser leur répartition de capital et de réaliser les acquisitions qui répondent aux critères de rendement minimum de la société-mère.
L’analyste relève son cours cible de 1900 à 2000$ en fonction du retour prévu de la croissance interne et de la reprise des acquisitions.
Paul Treiber prévoit que Constellation réalisera 750 M$ d’acquisitions en 2021, par rapport à 531M$ en 2020. La banque de données de l’acquéreur en série cumule quelque 40 000 cibles potentielles dans le monde.
Constellation est unique dans son industrie pour sa capacité sans égale à tirer un rendement financier élevé de son capital et à générer des flux excédentaires (qui représentent une part élevée de 83% du bénéfice d’exploitation).
La société chapeaute plus de 500 fournisseurs de logiciels essentiels au bon fonctionnement quotidien de différentes industries et sert 125 000 clients dans plus de 100 pays.
Dans sa lettre annuelle, le réputé PDG Mark Leonard a toutefois prévenu les investisseurs d’un nouveau changement de stratégie qui pourrait déstabiliser ou même déplaire à certains d’entre eux.
La société envisage d’éliminer les dividendes spéciaux qu’elle verse à l’occasion et même de réduire son dividende afin d’augmenter la taille de ses achats futurs ce qui exigera des «mises de fonds de plusieurs centaines de millions de dollars ».
Pour la première fois, l’artisan de la stratégie envisage aussi l’achat de fournisseurs de logiciels hors du créneau opérationnel habituel. Ce virage «exigera une approche résolument à l’encontre du consensus et pourrait susciter de l’inconfort au début. Nous espérons avoir bâti assez de crédibilité pour gagner votre patience alors que nous explorons de nouveaux segments logiciels méestimés», écrit-il.
Kraft Heinz (KHC, 35,39$US): la vente des arachides plaît, mais le recentrage reste à prouver
Kraft Heinz (KHC, 35,39$US): la vente des arachides plaît, mais le recentrage reste à prouver
Le géant de la consommation avait plusieurs bonnes nouvelles à dévoiler au quatrième trimestre, mais Kenneth Zaslow de BMO Marchés des capitaux reste sur sa faim.
Le bénéfice par action de 0,80 $US était supérieur au consensus de 0,74 $US.
La société a aussi relevé le bénéfice d’exploitation qu’elle prévoit désormais pour 2021, mais l’analyste craint que la demande pandémique pour les aliments consommés à la maison embellisse le portrait de la société dont Warren Buffett est le principal actionnaire (avec 26,6% des actions).
L’analyste se demande si la consommation accrue des clients confinés et les promotions moins fréquentes faussent la note et laissent croire que le recentrage de la société progresse mieux que prévu.
Kraft Heinz élague ses produits et ses marques dans un nouvel effort pour améliorer sa croissance et sa rentabilité en consacrant plus de capital aux marques offrant un certain avantage concurrentiel.
À cet effet, la société vient de vendre les arachides Planters à Hormel Foods pour 3,35 milliards de dollars américains, un prix généreux de trois fois les revenus.
Cette deuxième transaction en cinq mois allégera encore plus le bilan endetté et procurera à la société des capitaux pour investir ailleurs dans l’organisation et envisager des acquisitions, explique Kenneth Zaslow.
En septembre, Kraft Heinz avait vendu une partie de ses activités de fromages entiers, râpés et en tranche à la française Lactalis pour 3,2 G$ US.
«Ces deux ventes devraient améliorer les marges, atténuer la volatilité des coûts et réduire la proportion des marques de la société qui perdent des parts de marché aux marques privées», ajoute Kenneth Zaslow.
La stratégie de simplification améliore aussi l’efficacité de la chaîne d’approvisionnement tandis que la société accorde plus d’importance au service à la clientèle. Ces efforts devraient continuer à «payer des dividendes», reconnaît l’analyste.
Toutefois, il est difficile de quantifier à quel point l’amélioration du bénéfice d’exploitation se renversera après la pandémie, prévient-il.
La part de marché de Kraft Heinz est passée de 20 à 47% depuis la fin de 2020 en raison de la demandé élevée pour le ketchup, les collations-repas réfrigérés (lunchables) et les patates surgelées.
Malgré tous ces efforts, le bénéfice d’exploitation prévu en 2021 restera inférieur à celui de 2020 et à ceux de 2016 à 2018. Le PDG Miguel Patricio est en poste depuis l’été 2019.
En attendant d’y voir plus clair, Kenneth Zaslow suggère de conserver le titre pour lequel il a un cours-cible de 38$US.