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À surveiller: Metro, Dollarama et Goodfood

Dominique Beauchamp|Publié le 18 janvier 2023

À surveiller: Metro, Dollarama et Goodfood

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Metro, Dollarama et Goodfood? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

Metro (MRU, 74,06 $) : un autre bon trimestre en vue, mais le potentiel d’appréciation est limité

George Doumet, de Banque Scotia, s’attend à ce que le quatrième trimestre, qui sera dévoilé le 24 janvier, ait bénéficié des mêmes facteurs que le précédent, soit de légers gains de parts de marché dans l’épicerie ainsi que le retour en force de l’achat de cosmétiques et de médicaments sans ordonnance.

Au troisième trimestre, Metro avait profité d’une hausse du nombre d’articles achetés par panier et de la fréquentation. La facture moyenne était toutefois restée stable.

Au dernier trimestre de l’année, la marge brute aura encore souffert des pressions inflationnistes généralisées, tout comme les frais de vente, généraux et administratifs.

Le titre reste le plus «défensif» des épiciers, car il offre un long parcours de mise en marché solide, de contrôle diligent des dépenses et de retour du capital aux actionnaires, dit-il, mais au cours actuel son potentiel devient plus limité.

Non seulement l’évaluation est déjà juste (16,5 fois le bénéfice prévu en 2024), mais George Doumet croit aussi que la période de performance supérieure des épiciers par rapport à l’indice S&P/TSX et au secteur de la consommation discrétionnaire tire à sa fin.

Au quatrième trimestre, les ventes par épicerie et pharmacie comparable devraient continuer à revenir à la normale après la pointe pandémique. L’analyste prévoit une hausse de 7% des ventes par épicerie comparable par rapport à celle de 8% d’un an plus tôt. Sur une période de trois ans, soit avant la pandémie, la croissance de ces ventes devrait passer de 15,4% à 16,1%, en raison de l’effet du rebond automnal de l’inflation du panier de l’épicier et de celle de l’ensemble des prix aliments consommés à la maison.

Pour sa part, les ventes de marchandises par magasin Jean Coutu comparable devraient avoir augmenté de 12,1% grâce aux achats et à la hausse de 5% des prix des cosmétiques. Les ventes de médicaments d’ordonnance par pharmacie comparable devraient avoir progressé de 4%, un rythme peu moins vigoureux que celui de 5% d’un an plus tôt, qui avait bénéficié de l’allégement des restrictions sanitaires.

La marge brute devrait passer de 19,9 à 20,1% au quatrième trimestre. L’assortiment d’articles achetés et la plus grande proportion de produits de marque maison dans chaque panier devraient avoir compensé pour la hausse des prix des aliments (qui incite les clients à éviter des items ou à les substituer) et pour l’impact des promotions.

Les frais de vente, généraux et administratifs en proportion des revenus augmenteront légèrement de 10,1 à 10,2% en raison des coûts encore élevés de main-d’œuvre, de transport et d’approvisionnement.

Au final: les revenus devraient être en hausse de 6,9% à 4,6 milliards de dollars tandis que le bénéfice d’exploitation ajusté devrait avoir avancé de 9,9% à 455,5 M$ et le bénéfice de 5,4% à 0,97$ par action.

George Doumet profite de l’occasion pour dévoiler ses premières prévisions pour 2024, soit une hausse de 3% des revenus et de 10 points de pourcentage à 20,3% de la marge brute ainsi qu’une baisse de 25 points de pourcentage à 10% des frais de vente, généraux et administratifs en proportion des revenus. Le bénéfice d’exploitation devrait s’améliorer de 6,7% à 2,1 G$.

«Les dépenses d’amortissement plus élevées grugeront en partie les gains d’efficacité du nouveau centre de distribution», entrevoit l’analyste.

La hausse prévue de 7,2% du bénéfice par action à 4,49$ tient compte du rachat de 3% des actions.

L’analyste ne touche pas au cours cible de 79$ qui représente un multiple de 17,5 fois le bénéfice qu’il prévoit en 2024. Étant donné le gain potentiel de 6,4%, il n’en propose pas l’achat.

L’action de l’épicier a fléchi de 5,9% depuis son zénith de novembre 2022.

Dollarama (DOL, 82,65$) : une nouvelle rencontre avec les dirigeants renforce la confiance de RBC

Dollarama (DOL, 82,65$) : une nouvelle rencontre avec les dirigeants renforce la confiance de RBC

Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux est ressortie d’une journée entière de rencontres virtuelles organisées pour ses clients avec les dirigeants de Dollarama, le 16 janvier, confiante que les principales hypothèses qui appuient ses perspectives optimistes pour 2024 et 2025 tiennent la route.

L’analyste mise sur une progression de 4,5 à 5% des ventes par magasin comparable, l’ajout de 60 à 70 points de vente par année, des marges brutes stables et un recul modeste des frais de vente, généraux et administratifs en proportion des revenus.

Les clients achètent davantage d’articles de consommation courante qu’avant sans nuire aux achats dans les autres catégories. «La demande accrue pour les produits essentiels (dont les aliments) provient des consommateurs plus économes et de visites plus fréquentes et non pas d’une augmentation de l’offre de ces articles en magasin ou sur les tablettes», indique l’analyste.

Une part de la demande pour les denrées alimentaires pourrait s’effriter une fois que l’inflation se rétablira, mais dans l’intervalle Dollarama analyse activement les données de transactions afin d’optimiser les ventes d’articles complémentaires aux aliments et d’inciter les clients à acheter d’autres produits, explique aussi l’analyste.

Le désengorgement de la chaîne d’approvisionnement devrait aussi stabiliser les marges brutes puisque les problèmes de logistique étaient responsables du quart de l’effritement de 110 points de pourcentage de marge brute, au troisième trimestre. «Le manque à gagner devrait se résorber graduellement aux quatrième et premier trimestres», entrevoit Irene Nattel.

Les tarifs de fret maritime et les délais de livraison de la Chine sont revenus au niveau d’avant la pandémie. Malgré le besoin de garder des marchandises en réserve, le taux de rotation des stocks reste dans la moyenne de 3,2 à 3,5 fois du détaillant.

«Les prix des importations de l’étranger baissent parce que la chaîne logistique et les tarifs reviennent à la normale. Les prix demandés par les fournisseurs nord-américains sont encore élevés, mais les prix ont diminué depuis six mois», ajoute l’analyste de RBC.

Quant à la chaîne d’Amérique latine Dollarcity dont elle détient 50,1%, ses marges d’exploitation devraient continuer à s’améliorer à mesure que les économies d’échelle se matérialisent dans les marchés du Pérou et de la Colombie grâce à l’augmentation du nombre de magasins. En 2019, la marge d’exploitation de la chaîne de 395 établissements était d’environ 7% inférieure à celle du détaillant au Canada. Une partie de l’écart persistera pour des raisons structurelles, dont les frais logistiques et de distribution ainsi que les coûts d’exploitation plus élevés d’opérer dans plusieurs pays.

Dollarcity a porté le nombre de magasins potentiels de 600 à 850 d’ici 2029, soit 65 nouveaux commerces chaque année. Cet objectif pourrait augmenter comme ce fût le cas au Canada, précise l’analyste. «D’ici la fin de la décennie, Dollarcity pourrait atteindre le tiers du réseau total de Dollarama».

Dollarama est toujours aussi déterminée qu’avant à partager ses flux excédentaires avec ses actionnaires en rachetant ses actions, mais le marchand pourrait moduler l’usage des emprunts qui financent historiquement le quart des rachats annuels en fonction des taux d’intérêt.

Le coût d’emprunt de 2,5% s’approche en effet du rendement des bénéfices de 3,3% (l’inverse du ratio cours-bénéfices). «Nous croyons qu’ils seront opportunistes quant à la portion du rachat financé par la dette», note Irene Nattel. Pour l’instant, l’analyste choisit de laisser ses prévisions telles quelles parce que l’écart entre le coût de la dette et le rendement des bénéfices devrait s’améliorer.

Irene Nattel mise toujours sur des flux de trésorerie disponibles entre 750 et 900 millions de dollars en 2024 et en 2025. Le modèle financier de son rapport prévoit toujours des rachats de 1,3 milliard de dollars en 2024 et de 1,4 G$ en 2025.

Au final, l’analyste renouvelle sa recommandation d’achat et son cours-cible de 95$. Le titre mérite une évaluation de 25 fois le bénéfice de 3,80$ prévu en 2025 parce que ses ventes, ses bénéfices et ses flux de trésorerie croissent plus vite que ceux d’autres titres de consommation à grande capitalisation axés sur la croissance.

Goodfood (FOOD, 0,55$): les progrès encouragent, mais une injection de capitaux serait souhaitable

Goodfood (FOOD, 0,55$): les progrès encouragent, mais une injection de capitaux serait souhaitable

Le recentrage majeur de Marché Goodfood sur son offre originale de boîtes de repas prêts à cuisiner et d’importantes suppressions de coûts devraient lui permettre de dégager un bénéfice d’exploitation ajusté de 300 000 $ au prochain trimestre, par rapport au déficit de 2,3 millions de dollars du premier trimestre.

«Ce serait un important jalon qui serait toutefois assombri par l’incertitude entourant le bilan», indique Fréderic Tremblay de Desjardins Marché des capitaux.

Malgré les récents progrès, incluant une marge brute record de 35,6% et la stabilisation du nombre de liens actifs à 137 000 au premier trimestre, Fréderic Tremblay estime que la société devrait renforcer ses liquidités afin de se donner les moyens financiers additionnels pour «capter les bénéfices de ses efforts opérationnels qui visent à croître de façon rentable à long terme», ajoute l’analyste.

En d’autres mots, la société dépense plus qu’elle ne génère en fonds au moment où un ralentissement économique et l’inflation changent les habitudes de consommation. Sa rivale HelloFresh élargit aussi son offre de livraison de plats prêts à manger en Ontario initialement.

Frédéric Tremblay estime que Goodfood dispose de liquidités de 20 à 25 M$, après avoir remboursé une dette bancaire de 11M$ et contracté un nouveau prêt de 5 M$. Cela se compare aux liquidités de 36,9 M$, au troisième trimestre.

«Le taux d’épuisement des fonds s’atténue, mais le chemin pour atteindre des flux de trésorerie positifs dépend de plusieurs variables, dont le niveau du bénéfice d’exploitation, le fonds de roulement, les dépenses en immobilisations et les frais de résiliation des baux», explique l’analyste de Desjardins.

Goodfood prévoit aussi une nouvelle campagne de marketing en partenariat avec un athlète canadien afin à titre d’ambassadeur ainsi que d’autres partenariats avec des restaurateurs afin de fidéliser ses meilleurs clients.

La réalisation que les liquidités sont restreintes a peut-être entraîné la rechute de presque 7% du titre, le 17 janvier malgré des résultats trimestriels conformes aux attentes. L’action avait toutefois regagné 3,6% à mi-séance, le 18 janvier.

L’analyste continue de recommander de conserver le titre auquel il attribue la cote de «risque spéculatif». Il abaisse son cours cible de 0,80 à 0,70$.