Frederic Bastien précise que les BAIIA des régions des Amériques, de l’Europe/Proche-Orient/Afrique et de l’Asie-Pacifique ont été supérieurs aux prévisions. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Fiera Capital, WSP, et Stella-Jones? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Fiera Capital (FSZ, 7,00$): le rapport-risque rendement s’améliore, mais un catalyseur manque à court terme
À la suite d’un déclin de 24% en six mois, l’action du gestionnaire indépendant de placements offre un meilleur rapport-risque rendement qu’avant, mais il manque un catalyseur pour raviver le titre à court terme, estime Étienne Ricard de BMO Marchés des capitaux.
«Il faut que l’actif en gestion croisse, sans l’effet des acquisitions, pour le titre fonctionne», rappelle l’analyste qui a amorcé le suivi de la société de Montréal, à la mi-février.
Le dividende de 12,2% lui semble sécuritaire à moins que les actifs en gestion chutent de plus de 20% de façon durable, un scénario qu’il juge improbable.
La restructuration opérationnelle menée par le fondateur Jean-Guy Desjardins, de retour à la barre de l’entreprise depuis janvier, ainsi que le manque de flexibilité financière restent aussi des préoccupations.
L’analyste de BMO réduit ses prévisions de bénéfices pour 2023 et 2024 et son cours cible de 9,50 à 8,50$ afin de s’ajuster aux résultats du premier trimestre et aux perspectives.
Les revenus ont décliné de 9% (157,1 millions de dollars) et les honoraires de gestion de 7% (147,4 M$). Fiera a perdu un important mandat de gestion d’actions mondiales et internationales de la part de clients de son réseau américain d’intermédiaires financiers.
La firme a encouru des charges de 6 M$ pour certaines réclamations. Les frais de restructuration et d’acquisition ont augmenté de 4,2 M$. La rationalisation a entraîné des indemnités de départ de 6,1 M$.
Résultat: le premier trimestre s’est soldée par une perte de 2,5 M$ par rapport au bénéfice de 3,4 M$, d’un an plus tôt.
Sur une base ajustée, le bénéfice de 0,23 $ par action est toutefois conforme au consensus.
Les flux de trésorerie disponibles des 12 derniers mois ont chuté de moitié à 67,9 M$.
Le gestionnaire, qui gère aussi des placements alternatifs perçoit des occasions de déployer du capital dans l’immobilier, les infrastructures et les entreprises de taille moyenne. «La plateforme
de prêts privés est le point fort. L’actif a doublé en quatre ans et atteint 30 % des placements privés», indique l’analyste. Étant donné le resserrement des prêts bancaires aux États-Unis, les prêts privés pourraient attirer des investisseurs, dit-il.
D’ici 6 à 12 mois, Fiera pourrait aussi percer le marché américain de l’investissement direct dans les propriétés résidentielles et industrielles, et compléter ses investissements immobiliers au Canada et en Europe.
Étant donné la dette (de 2,7 fois le bénéfice d’exploitation), Étienne Ricard s’attend toutefois à une transaction modeste.
L’analyste ne recommande pas l’achat de Fiera bien que son cours cible est 21% plus élevé que le cours actuel.
Dominique Beauchamp
WSP (WSP, 172,35$) : des résultats supérieurs aux prévisions, sauf au Canada
WSP (WSP, 172,35$) : des résultats supérieurs aux prévisions, sauf au Canada
La société d’ingénierie WSP a dévoilé ses résultats financiers du premier trimestre de 2023 jeudi. Dans l’ensemble, ils ont été supérieurs aux prévisions, avec un bénéfice par action ajusté de 1,37$, alors que le consensus des analystes était de 1,31$.
L’analyste Frederic Bastien, de Raymond James, anticipait quant à lui un chiffre de 1,33$.
Il souligne que le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 413,3 millions de dollars (M$) a été de 3% supérieur au consensus et de 6% supérieur à sa prévision. «La marge bénéficiaire s’est maintenue à 15,5%, mais aurait grimpé de 50 points de pourcentage n’eût été de modifications à un contrat canadien qui ont augmenté sa rentabilité artificiellement au premier trimestre de 2022», explique-t-il.
Par région, Frederic Bastien précise que les BAIIA des régions des Amériques, de l’Europe/Proche-Orient/Afrique et de l’Asie-Pacifique ont été supérieurs aux prévisions. Au Canada, toutefois, il a raté la cible en raison d’une contraction de 4% du carnet de commandes. Cette performance peut expliquer selon lui la faiblesse du titre dans les heures qui ont suivi la publication des résultats. «Le titre de WSP sous-performait le S&P/TSX de trois points de pourcentage au moment de rédiger cette note», écrit-il.
L’analyste souligne également que la direction de WSP a mis fin à son régime de réinvestissement des dividendes (un tel programme permet de réinvestir automatiquement les dividendes en les convertissant en actions), ce qui mettra un frein à l’effet de dilution qu’il produisait.
«À la lumière de ces résultats, nous restons positifs sur la trajectoire de la progression des revenus et du bénéfices de WSP, alors nous relevons notre prévision de BAIIA pour 2023 dans le haut de la fourchette de 1,76 à 1,84 milliard de dollars (G$).
Il révise toutefois à la baisse sa prévision de bénéfice net à la baisse de 4% pour la porter à 6,65$. Cette prévision reste toutefois plus élevée que celle du consensus des analystes, établie à 6,52$ avant la publication des résultats trimestriels.
Frederic Bastien réitère sa recommandation de «surperformance» sur le titre de WSP et son cours cible sur un an de 205$.
Denis Lalonde
Stella-Jones (SJ, 59,08$): soutenue par ses poteaux
Stella-Jones (SJ, 59,08$): soutenue par ses poteaux
Stella-Jones a battu les estimations des analystes au premier trimestre avec des revenus de 710 millions de dollars (M$) en hausse de 9% en un an, augmentation qui aurait été de 1% en excluant les effets des taux de conversion des devises et les fusions et acquisitions.
La hausse des bénéfices est principalement liée à l’augmentation des revenus dans le segment des poteaux destinés aux services publics, dont les prix ont beaucoup augmenté, remarque Maxim Sytchev de la Financière Banque Nationale. Le secteur représente maintenant 50% des ventes de l’entreprise, contre 40% l’an dernier.
Avec un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 120 M$, l’entreprise a largement battu l’estimation de Maxim Sytchev qui prévoyait 98 M$ et s’attendait à une marge brute de 13,7% alors qu’elle a été de 19,2%, encore une fois due à l’augmentation des prix des poteaux et des traverses de chemins de fer.
La hausse des prix du secteur poteaux vient masquer une baisse de volume et de prix dans le secteur du bois de construction résidentiel comparé à l’an dernier alors que l’inflation rend les consommateurs plus frileux, note l’analyste.
Géographiquement, les ventes de Stella-Jones dans le marché américain ont augmenté de 21%, le prix des poteaux et la valeur élevée du dollar américain sont principalement responsables de cette hausse. Le marché canadien de son côté a chuté de 22% attribuable en majeur parti à la baisse du marché du bois brut et du bois d’œuvre.
Stella-Jones a eu une forte performance financière trimestrielle et la direction continue de bien faire avec les outils dont elle dispose, mais Maxim Sytchev demeure sceptique «même si on est agréablement surpris par le momentum, on ne peut pas s’empêcher de se demander pour combien de temps encore l’environnement de prix robuste pour les poteaux va perdurer».
Avec une croissance qui n’est soutenue que par les poteaux, pendant que les autres produits de la société sont stagnants ou en recul comme le secteur résidentiel, l’analyste de la Financière Banque Nationale se méfie d’un investissement qui ne repose que sur l’espoir d’une continuité des prix élevés alors que le secteur des marchandises est reconnu pour la fluctuation des prix.
Maxim Sytchev abaisse ses prévisions pour 2024 pour tenir compte de possibles baisses de prix, mais il augmente son cours cible de 57 $ à 64 $ pour le titre de Stella-Jones et maintient sa prévision à neutre.
Matthieu Hains