(Photo: La Presse Canadienne)
Que faire avec les titres de Dollarama, Telus et AirBoss? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Dollarama (DOL, 55,52 $): le retour à la normale augure bien
Bien que les restrictions sanitaires perturberont encore les ventes au détail et que le retour à la normale de la consommation déformera plusieurs repères de performance lors des deuxièmes et troisième trimestres de 2021, Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux, réitère sa confiance dans les perspectives du détaillant.
Ainsi, l’analyste voit la croissance des ventes passer de 6,3% en 2021, à 11,1% en 2022 puis à 8,4% en 2023. Celle des bénéfices évoluera de 2% en 2021, à 29,2% en 2022, puis à 18,2% en 2023.
En prenant plus de recul, l’analyste entrevoit un retour de l’ancienne Dollarama en quelque sorte: une hausse des ventes par magasins comparables en tête de l’industrie, le maintien de solides marges grâce à l’assortiment des marchandises et à la gestion judicieuse des catégories de prix, la reprise du rachat annuel d’environ 5% des actions et une progression annuelle de plus de 10% de ses bénéfices.
Le détaillant signale d’ailleurs sa confiance en relevant de 1700 à 2000 le nombre de magasins qu’il compte exploiter au Canada, ce qui prolonge de 2027 à 2031 son parcours de croissance, ajoute-t-elle.
L’analyse du marché par un tiers indique la démographie, les habitudes d’achat, l’état de la concurrence et la valeur de proximité de ses magasins justifient cette expansion. Les propriétaires immobiliers ont aussi de bons locaux à offrir.
Au rythme de 65 magasins par année, ce nouvel objectif représente une croissance annuelle de 4 à 5% du nombre d’établissements. L’analyste de RBC rappelle aussi qu’il en coûte 800 000$ pour aménager un nouveau magasin, incluant les stocks. Dollarama récupère ces coûts en 24 mois.
Irene Nattel estime que Dollarama saura manœuvrer l’effet sur ses marges de la hausse des coûts d’approvisionnement en rafraîchissant 25 à 30% son assortiment de produits, annuellement. La part croissante des produits dans le haut de sa fourchette des prix en proportion des ventes devrait aussi soutenir les marges.
L’inflation pourrait inciter le marchand à commencer à offrir des articles à des prix de 4,50 à 5$ l’unité, mais une telle décision n’est pas «imminente». Irene Nattel croit toutefois que la hausse généralisée des coûts d’approvisionnement, de transport et de logistique pourrait devancer cette possibilité à 2022.
En Amérine latine, Dollarcity compte aussi faire passer le nombre de ses magasins de 264 à 600 d’ici 2029. Cette filiale à 50% vient d’ailleurs d’ouvrir ses deux premiers établissements à Lima, au Pérou, une ville qui compte une population similaire à celle de Bogota en Colombie qui exploite 30 magasins. Le Pérou est le quatrième marché après ceux de la Colombie, du Guatemala et d’El Salvador.
«La percée au Pérou» pourrait inciter Dollarcity à relever aussi ses propres plans d’expansion à plus long terme, peut-être dès la fin de 2022, entrevoit Irene Nattel.
L’analyste hausse son cours cible de 2$ à 68$ par action, soit un multiple de 24 fois les bénéfices de 2024, plus 3$ par action attribuée à Dollarcity.
Cette évaluation supérieure se justifie par la croissance des ventes, des bénéfices et des flux de trésorerie excédentaires en tête de l’industrie ainsi que par la trajectoire visible d’expansion jusqu’en 2031.
Telus (T, 25,14$): l’union de Rogers et Shaw devance ses plans
Telus (T, 25,14$): l’union de Rogers et Shaw devance ses plans
Il est clair dans l’esprit de Jérome Dubreuil, de Desjardins Marché des capitaux, que l’annonce de l’union potentielle des rivaux Rogers et Shaw a déclenché le devancement des investissements de Telus dans son réseau de fibre optique et sans-fil.
«Telus envisageait peut-être déjà d’accélérer ses dépenses en immobilisations, mais l’émission d’actions de 1,3 milliard de dollars moins de deux semaines après (la surprise de) Rogers n’est pas fortuite», écrit l’analyste.
Telus se prépare à mieux concurrencer les futurs forfaits filaires et sans-fil du futur duo formé de Rogers (RCI.B, 58,40$) et de Shaw (SJR.B, 20,40$).
Il avance que Telus fait le pari que l’endettement accru de Rogers après l’achat de Shaw pourrait ralentir ses dépenses en 5G. BCE (BCE, 56,87$) risque aussi d’accélérer ses investissements filaires.
Telus dépensera donc 500 à 575 millions de dollars de plus en 2021 et 750 M$ à un milliard de dollars de plus en 2022 pour améliorer la vitesse et la couverture du réseau de fibre optique et préparer son réseau à la 5G.
Jérome Dubreuil estime que les deux-tiers des dépenses additionnelles iront au réseau à large bande et le tiers au réseau sans fil.
L’analyste de Desjardins prévoit que les investissements dans la fibre optique lui feront gagner des parts du marché des services internet tandis que ceux dans le réseau 5G pourraient attirer les adeptes les plus gourmands de la vitesse sans-fil.
Cette accélération des dépenses cadre à la stratégie de Telus qui considère la performance de son réseau comme un avantage concurrentiel.
«C’est signe que Telus se prépare à rivaliser Rogers-Shaw en s’appuyant sur la qualité de ses services plutôt qu’en misant sur les prix», ajoute l’analyste.
La récolte de 1,3 milliard renforce le bilan et donne aussi plus de temps à la société de trouver le meilleur moment pour monétiser sa filiale Telus Santé, croit l’analyste.
«Telus cherche activement à monétiser son investissement dans Telus Santé tout en gardant le contrôle. La vente d’une part à un partenaire ou un appel public à l’épargne sont les deux avenues les plus probables», évoque-t-il.
À plus court terme, Telus veut donner plus de stature à Telus Santé, comme elle l’avait fait avant d’essaimer Telus International (TIXT, 27,89$US), mais les multiples élevés de la télémédecine en Bourse sont alléchants.
«Si Telus cédait 30% de Telus Santé, par exemple la dette passerait de 3,1 à 2,7 fois le bénéfice d’exploitation», estime Jérome Dubreuil.
Ces décisions de répartition de capital sont stratégiques parce que Telus et Rogers se positionnent pour l’avenir.
Si la transaction de Rogers-Shaw allait de l’avant, Telus bénéficierait d’un meilleur bilan que celui de Rogers avec un ratio d’endettement de 2,7 fois le bénéfice d’exploitation par rapport à plus 5 fois pour sa rivale.
Par contre, Telus distribue 115 à 120% de ses flux de trésorerie en dividendes alors que Rogers verse 55 à 60% des siens.
L’analyste prévoit que la diminution des dépenses en immobilisations et des subventions à l’achat des appareils sans-fil rétabliront les flux de trésorerie.
À ce moment-là, Telus devrait distribuer 70 à 80% de ses flux de trésorerie libres en dividendes, même en présumant une hausse annuelle de 7% du dividende.
Au final, Jérome Dubreuil renouvelle sa recommandation d’achat et son cours cible de 30$, ce qui offre un gain potentiel de 19%.
À ses yeux, l’évaluation actuelle de Telus ne capte pas la plus-value qu’offrent son vaste réseau sans-fil et ses placements dans les autres plateformes de croissance que sont Telus International, Telus Santé et Telus Agriculture.
«Sa solide équipe de dirigeants visionnaires a bien positionné la société en vue de la robuste croissance à long terme de la connectivité et des dépenses en TI, en santé et dans le domaine agricole», conclut-il.
AirBoss (BOS, 38,61$): les occasions de croissance abondent
AirBoss (BOS, 38,61$): les occasions de croissance abondent
Une présentation aux investisseurs a mis au jour les multiples occasions de croissance qui s’offrent au fabricant de produits à base de caoutchouc.
La société ontarienne a fait valoir que la livraison à temps et au prix prévu de respirateurs, de filtres et de capuchons de protection à la Feneral Emergency Management Agency (FEMA) et au Département américain de la santé et des services sociaux (HHS) a renforcé sa réputation auprès de ces deux agences américaines, explique Yuri Lynk, de Canaccord Genuity, qui a organisé la rencontre.
HHS lui a par la suite commandé 288 millions de dollars américains de gants en nitrile, une commande qu’elle peut doubler plus tard cette année.
AirBoss prévoit un bond de 25 à 41% des revenus à 662 M$ US et un bénéfice d’exploitation record de 94 à 110 M$ US, en 2021.
Si la commande de gants passait à 576M$ US, c’est 50 M$ US de plus qui s’ajouteraient au bénéfice d’exploitation annuel, estime l’analyste.
La société a aussi au moins 175 M$ US d’autres contrats en vue, en fonction des appels d’offre en cours.
Yuri Lynk attribue le point de bascule d’AirBoss à la création du Groupe de défense AirBoss après l’acquisition opportune en janvier 2020 de Critical Solutions International, pour 133 millions de dollars américains.
Ce groupe, incluant l’usine d’Acton Vale offre un plus vaste éventail de produits de survie aux militaires et aux premiers répondants.
À court terme, les perspectives visibles de revenus plaisent à l’analyste de Canaccord Genuity qui perçoit aussi plusieurs avenues de croissance à long terme.
AirBoss devrait notamment accroître de 6000 à 200 000 les expéditions des senseurs Blast Gauge qui mesurent la pression en temps réel lors d’explosions, des données qu’exige le National Defense Authorization Act. Cet appareil que porte les militaires documente le risque de commotions cérébrales et du syndrome post-traumatique des troupes.
AirBoss s’attend aussi à la reprise des commandes pour son véhicule de détection de mines Husky 2G dont elle est le seul fournisseur à l’armée américaine. Enfin, l’entreprise perfectionne un autre masque respiratoire léger de protection en vue d’un important appel d’offres dans deux ans.
Le fabricant devrait aussi bénéficier de la reprise de la demande pour ses produits de caoutchouc plus traditionnels tels que les pneus, les joints et les courroies.
Son bilan sans dette lui permet d’envisager d’autres acquisitions ciblées et transformationnelles, mentionne aussi l’analyste.
Ce portrait global fait dire à Yuri Lynk que titre offre encore un bon potentiel. Même si son cours a septuplé depuis un an, l’évaluation de 7,9 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2021 reste inférieur à celles de 12 fois pour Hexpol et 15,6 fois pour Avon Rubber, deux rivaux.
Son cours cible de 51$ laisse entrevoir une appréciation d’encore 33%.