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À surveiller : Dollarama, Constellation Software et Converge

Dominique Beauchamp|Publié le 14 Décembre 2022

À surveiller : Dollarama, Constellation Software et Converge

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Dollarama, Constellation Software et Converge Technology? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Dollarama (DOL, 79,75$) : le détaillant préserve l’avantage des prix sur ses concurrents

Une semaine après que le détaillant d’articles à petits prix ait dévoilé des ventes meilleures que prévu et ait relevé ses objectifs annuels, Chris Li, de Desjardins Marché des capitaux, publie son analyse comparative des prix de vente qui s’est étalée de la fin de novembre jusqu’au début de décembre.

Il en ressort que le détaillant préserve l’avantage de 40 à 50% des prix sur ceux de ses concurrents Walmart et Amazon, dans la dernière recension en magasin de 400 articles dans 11 catégories, excluant la nourriture.

Cet écart se maintient malgré l’introduction cet été d’articles dont les prix varient de 4,25 à 5$ chacun, pour la première fois. Dollarama offre 300 articles dans cette fourchette de prix, soit 6% du nombre total d’articles, dans dix catégories. Cela reflète aussi le fait que l’environnement concurrentiel entre les détaillants reste rationnel en cette période d’inflation, nuance-t-il.

«Dollarama a donc une longue piste de décollage devant elle, dans cette catégorie de prix, en appui aux ventes par magasins comparables et aux marges», fait valoir l’analyste.

Dans l’hypothèse que cette plus haute fourchette de prix atteigne 15% des articles offerts d’ici trois ans, il estime que «l’inflation annuelle moyenne des marchandises» serait de 4 à 5%.

Chris Li mentionne que les articles offerts aux prix de 4,25 à 5$ chacun semblent même être meilleur marché que ceux des concurrents pour les produits équivalents. Son analyse révèle que ces articles sont 54% moins chers que les produits comparables retrouvés chez Walmart alors l’écart est de 44% pour l’ensemble des articles recensés. Cela lui fait dire que la «proposition de valeur» de Dollarama reste forte.

Les nouveaux articles offerts au bas de la fourchette de 4,25$ à 5$ aident le détaillant à absorber la hausse des coûts tandis que les articles offerts au haut de la fourchette élargissent l’assortiment de marchandises et rehaussent en quelque sorte l’expérience de «chasse au trésor», analyse aussi Chris Li.

L’analyste donne en exemple la catégorie des jouets dont 80% des articles affichent des prix de 4,75 à 5$. Dollarama y offre plusieurs nouveaux jouets qu’on retrouve peu chez Walmart et Amazon. «Les nouveaux articles sont importants pour Dollarama, car ils élargissent son marché potentiel dont le marchand a besoin s’il veut augmenter à 2000 le nombre de ses magasins canadiens d’ici 2031», explique-t-il.

Chris Li profite de l’occasion pour renouveler sa recommandation d’achat et son nouveau cours-cible de 93$.

L’évaluation de 25,5 fois les bénéfices prévus en 2024 dépasse la moyenne de 24 fois à long terme. Il estime que Dollarama mérite cette plus-value parce que l’inflation attire de nouveaux clients en quête de bas prix, que la croissance de ses bénéfices dépasse celle de son industrie et que l’ajout d’articles dans la catégorie de 4,25$ à 5$ chacun ajoute au potentiel.

Constellation Software (CSU, 2151,31$): un deuxième rejeton essaimé pour l’acquéreur en série de logiciels

Constellation Software (CSU, 2151,31$): un deuxième rejeton essaimé pour l’acquéreur en série de logiciels

Presque deux ans après avoir essaimé en Bourse sa filiale européenne Topicus.com (TOI, 72,78$), l’acquéreur en série de fournisseurs de logiciels spécialisés répète l’expérience et se donne ainsi de nouveaux moyens de poursuivre la stratégie décentralisée d’acquisitions qui fait sa renommée.

Cette fois, Constellation Software s’y prend en deux étapes. Dans un premier temps, sa division Lumine, qui chapeaute les logiciels destinés aux médias et aux organismes de communications, acquiert la plateforme de gestion de la publicité télévisuelle numérique WideOrbit pour 490 millions de dollars américains.

Dans un deuxième temps, Lumine fusionnera WideOrbit et formera une nouvelle entité distincte qui sera redistribuée aux actionnaires de Constellation sous forme d’un dividende, à la suite d’un échange d’actions libre d’impôts. La nouvelle entité, qui comptera 2750 employés et réalisera des revenus de 416 M$ US, sera ensuite cotée en Bourse.

Constellation a décentralisé sa stratégie d’acquisitions ces dernières années afin d’élargir son terrain de chasse et l’envergure de ses acquisitions en procurant aux dirigeants de ses divisions un incitatif financier à dénicher et à rentabiliser les transactions réalisées et à faire croître leur groupe.

«L’essaimage de divisions opérationnelles en Bourse est l’évolution naturelle de cette stratégie transactionnelle qui a produit des rendements élevés du capital depuis de nombreuses années», fait valoir Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux.

À ses yeux, la décision d’envoyer en Bourse des filiales améliorera considérablement la pérennité du modèle décentralisé de Constellation qui devrait continuer à composer ses rendements à long terme, renchérit-il.

Paul Treiber explique que les dirigeants des divisions participent financièrement au succès de leurs décisions, ce qui réduit le taux de roulement des cadres intermédiaires. Les actions cotées des divisions essaimées en Bourse sont également attrayantes pour les fondateurs et les dirigeants des fournisseurs de logiciels acquis.

L’analyste de RBC croit que les investisseurs deviendront au fil du temps de plus en plus à l’aise avec la stratégie d’essaimage à mesure qu’elle donnera des résultats bien visibles. En exemple, il mentionne la valeur boursière de 6,9 milliards de dollars de Topicus.com.

«Si Lumine obtenait la même évaluation que Topicus.com (soit 22 fois le bénéfice d’exploitation), sa valeur d’entreprise (dette plus valeur boursière) pourrait atteindre 3,4 G$», fait-il miroiter.

Après la fusion, la conversion d’actions et l’essaimage, Constellation aura 61% des actions de la nouvelle Lumine et les actionnaires de WideOrbit 13,8%.

Au final, Paul Treiber réitère sa recommandation d’achat de Constellation qu’il qualifie de «machine à composer les rendements sans égale».

L’analyste croit en plus que son modèle d’affaires s’avère un avantage dans la conjoncture actuelle. «Le rythme rapide des acquisitions de logiciels spécialisés et le capital record déployé (dans les transactions) en 2022 (par Constellation) indiquent qu’en période de stress financier, la société peut accélérer la cadence», dit-il.

Son titre mérite une évaluation de 22 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023, par rapport au multiple moyen de 14 fois pour ses semblables, parce que la société a transformé 84% de son bénéfice d’exploitation en flux de trésorerie disponibles en moyenne, depuis cinq ans.

Son cours-cible reste à 2600$, soit un gain potentiel de 22%.

Converge Technology (CTS, 4,80$): deux conseillers retenus pour l’examen stratégique du revendeur en TI

Converge Technology (CTS, 4,80$): deux conseillers retenus pour l’examen stratégique du revendeur en TI

Moins d’un moins après avoir annoncé l’examen de ses options stratégiques par un comité indépendant du conseil d’administration, le revendeur de solutions en TI retient les services des courtiers Canaccord Genuity et Houlihan Lokey Capital pour la conseiller dans cette démarche.

Lui-même un acquéreur en série d’autres revendeurs de solutions en TI à valeur ajoutée, Converge avait révélé le 22 novembre avoir reçu des avances de prétendants potentiels, peut-être attirés par le plongeon de 63% de son action en Bourse depuis le sommet d’octobre 2021, dans le dégonflement du secteur de la technologie.

La torontoise Converge a aussi recruté le cabinet de gestion des relations avec les investisseurs Loderock Advisors afin de prendre en charge les communications avec les investisseurs et les analystes. Lorne Gorber, qui a longtemps occupé ces fonctions au Groupe CGI (GIB.A, 119,34$) sera le professionnel attitré à Converge.

Cette double annonce incite Divya Goyal de Banque Scotia à émettre deux réflexions divergentes. Bien que l’analyste salue l’effort de transparence de l’examen stratégique qui répond aux exigences de gouvernance, l’embauche de Loderock Advisors suggère en même temps que le processus pourrait ne pas aboutir à la vente de l’entreprise ni à un rachat par les dirigeants.

«Le processus devrait prendre encore quelques semaines avant qu’une annonce concrète soit faite», prévoit l’analyste qui évoque la possibilité que Converge ne trouve pas le prétendant approprié ou n’attire pas d’offre convenable pour les actionnaires.

Si c’était le cas, il laisse entendre que la société énoncerait de nouvelles lignes directrices afin de mieux encadrer et communiquer son mode de fonctionnement interne et ses propres critères d’acquisitions, tout en fournissant aux investisseurs un parcours plus visible vers la rentabilité.

«Nous continuons de croire que le modèle d’affaires de Converge et son équipe de haute direction sont solides et que la société peut devenir un chef de file des services en TI», dit-il. L’analyste admet toutefois que la conjoncture et les problèmes d’approvisionnement ont terni sa stratégie énergique d’acquisitions et ont ébranlé la confiance des investisseurs.

La mise à jour de l’examen stratégique devrait être bien reçue, car elle témoigne d’un processus sérieux. L’aboutissement devrait être favorable à l’entreprise «d’une façon ou d’une autre», conclut l’analyste de Scotia.

Divya Goyal maintient donc sa recommandation d’achat et son cours-cible de 10$, soit 10 fois le bénéfice d’exploitation prévu dans un an. Cet objectif est le double du cours actuel.