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À surveiller : Couche-Tard, Fiera Capital et Sleep Country

Dominique Beauchamp|Publié le 21 février 2023

À surveiller : Couche-Tard, Fiera Capital et Sleep Country

(Photo: Getty Images)

Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, Fiera Capital et Sleep Country? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.

 

Couche-Tard (ATD, 65,59$): le potentiel du carburant pour les camionneurs mis au jour par une transaction de BP Plc

Une transaction toute fraîche dans l’approvisionnement de carburant pour les camionneurs met au jour le potentiel de ce créneau pour Alimentation Couche-Tard aux États-Unis, estime Chris Li de Desjardins Marché des capitaux dans une note.

Le 16 février, la pétrolière britannique BP Plc (BP, 40,07 $US) a acquis TravelCenters of America (TA, 84,22 $ US) et ses 280 établissements dans 44 états américains pour 1,3 milliard de dollars US comptant, soit 6 fois le bénéfice d’exploitation en incluant la dette.

TravelCenters exploite le troisième réseau national américain de stations d’essence, de dépanneurs, de commerces de restauration rapide sous neuf enseignes dédiés aux camionneurs et aux voyageurs qui parcourent de longues distances.

Chris Li attribue le modeste multiple d’évaluation payé par BP au fait que TravelCenters dégage de petites marges et qu’elle ne possède pas tous ses bâtiments et ses terrains.

Le réseau national de TravelCenters offre une foule de services aux camionneurs incluant la réparation et l’entretien des véhicules ainsi que de vastes aires de stationnement.

Chris Li rappelle que Couche-Tard considère que la vente de carburant aux flottes de camions est une activité « attrayante » à long terme, un secteur qu’elle connaît bien en Europe.

L’une des raisons de la bonne performance de Couche-Tard en Europe, malgré la pénétration plus élevée des véhicules électriques et la vive concurrence, tient au fait que 51% du carburant vendu se destine aux flottes de camions qui fréquentent souvent les stations d’essence et qui achètent des produits de toutes sortes, explique l’analyste.

«Nous croyons que la vente de carburant aux camionneurs et entreprises pourrait atténuer l’effet de l’électrification sur la vente de carburant aux automobilistes», fait valoir Chris Li en ajoutant que les centres de ravitaillement en bordure des autoroutes sont particulièrement bien situés pour abriter aussi des bornes de recharge.

Aux États-Unis, Couche-Tard est peu présente dans ce créneau. Pour l’instant, elle s’affaire à harmoniser ses modestes activités à l’enseigne Circle K. Le marché encore fragmenté offre des occasions d’acquisitions puisque les trois principaux exploitants détiennent le quart du marché. Le principal acteur avec 12% du marché est Pilot Flying J en partie propriété du conglomérat Berkshire Hathaway. Ensuite, les 600 enseignes Travel Stops & Country exploitées dans 42 états par l’entreprise privée Love’s s’approprient 8% du marché, suivie par TravelCenters avec 4%.

Couche-Tard est déjà en affaires avec Love’s ayant formé un partenariat avec sa division d’approvisionnement et de négociation de carburant Musket, en 2020. Les deux partenaires mettent déjà en commun leurs achats afin de muscler leur rapport de force et d’obtenir des avantages d’approvisionnement. Chris Li avance que ce partenariat pourrait s’approfondir davantage à long terme». Au minimum, Love’s transmet d’importantes connaissances à Couche-Tard sur le segment de carburant aux camionneurs qui pourrait mener à des transactions éventuelles.

Bien que l’achat par BP Plc signale que certaines grandes pétrolières cherchent à se diversifier et pourraient rivaliser Couche-Tard lors de transactions, la mainmise sur TravelCenters met aussi en relief le potentiel pour la multinationale de Laval.

Chris Li recommande l’action de Couche-Tard dont il fixe le cours cible à 72$.

Les occasions foisonnent pour Couche-Tard. Le 15 février, Convenience Store News a révélé que la chaîne de dépanneurs d’Iowa Kum & Go pourrait être vendue par la famille Krause. Le 24 janvier, la spéculation que l’exploitant de dépanneurs et de stations-services EG Group puisse vendre une partie de ses actifs américains a aussi refait surface.

Fiera Capital (FSZ, 9,21$): le dividende élevé semble durable, mais le titre n’est pas encore un achat

Fiera Capital (FSZ, 9,21$): le dividende élevé semble durable, mais le titre n’est pas encore un achat

Étienne Ricard, de BMO Marchés des capitaux, amorce le suivi officiel du gestionnaire de portefeuille de Montréal sans toutefois en recommander l’achat.

Le titre s’échange à un multiple de 14 fois les bénéfices prévus, au bas de la fourchette historique de 13 à 28 fois, mentionne l’analyste parmi les attraits de la société. Cela reflète les préoccupations des investisseurs au sujet de la croissance l’actif en gestion, du ratio élevé du dividende versé, du risque que les capitaux propres soient dilués ou que les bénéfices subissent des ajustements.

«Nous soutenons que certaines de ses inquiétudes sont justifiées», écrit-il.

Le dividende de 9,2% consomme au moins 90 % des flux de trésorerie disponibles, mais le dividende lui semble durable, à moins que l’actif en gestion de la firme fonde de plus de 20%, juge-t-il.

Par contre, la distribution élevée prive la société de capitaux qui pourraient servir à d’autres usages potentiels tels que le rachat des actions, la réduction de la dette et les acquisitions, note aussi l’analyste.

Plus de flexibilité financière et plus de croissance de l’actif en gestion, sans l’effet des acquisitions sont «nécessaires pour que le titre fonctionne», renchérit Étienne Ricard.

Même si le rapport risque-rendement d’un placement dans Fiera apparaît bien «équilibré», l’analyste préfère suivre les fluctuations du titre dans l’espoir que le cours offre éventuellement une évaluation assez attrayante pour en recommander l’achat. Dans l’intervalle, l’analyste reste neutre et établit un cours-cible initial de 10$.

L’analyste de BMO apprécie la diversification du gestionnaire de portefeuille qui offre plusieurs produits de placements alternatifs. Ce segment a accru son actif en gestion à un rythme annuel composé de 13% depuis quatre ans, sans l’effet des acquisitions, précise-t-il. Dans son modèle, il lui attribue d’ailleurs un multiple de 18 fois les bénéfices.

«La firme considère que les marchés d’actifs privés constituent sa plus forte voie de croissance», indique Étienne Ricard en ajoutant que ces actifs représentent pour l’instant 12% de l’actif total que gère Fiera.

En revanche, les fonds qui investissent dans les marchés financiers publics, à l’exception des portefeuilles d’actions internationales, connaissent moins de succès surtout à cause d’un moins grand intérêt de la part des investisseurs. Il accorde un multiple de 12 fois les bénéfices à la gestion de ces fonds plus traditionnels qui représentent 88 % de l’actif en gestion.

Sleep Country/Dormez-vous (ZZZ, 24,56 $): après le boom pandémique, le réveil est plus difficile

Sleep Country/Dormez-vous (ZZZ, 24,56 $): après le boom pandémique, le réveil est plus difficile

Après le boom pandémique, la demande pour les matelas se contracte. Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, s’attend donc à ce que le principal détaillant national d’accessoires de sommeil produise un quatrième trimestre décevant le 2 mars.

L’analyste prévoit un recul de 11,6% des ventes par magasin comparable par rapport à la hausse de 3,2%, d’un an plus tôt.

Le bénéfice d’exploitation baissera de 62,1 millions de dollars à 54,4 M$ tandis que la marge brute diminuera de 97,7 % à 83,4% en raison de coûts de fret et des stocks achetés à prix plus élevés. Le bénéfice net déclinera de 13,7 % du bénéfice à 0,72$ par action, une prévision conforme au consensus.

S’il se fie aux informations et déclarations glanées chez les détaillants américains et les fabricants de matelas, la faiblesse des ventes risque de perdurer plusieurs trimestres. Les ventes des fabricants de matelas ont chuté de 16% au quatrième trimestre, rapporte Statistiques Canada.

Non seulement la confiance des consommateurs est en berne depuis le début de 2022, mais la contraction du marché immobilier, tant les prix que les transactions, incite aussi les consommateurs à restreindre leurs dépenses discrétionnaires.

Cette conjoncture garde l’analyste sur la touche malgré l’évaluation attrayante du titre qui s’échange à un multiple de seulement 8 fois le bénéfice prévu dans douze mois, soit 35% de moins que la moyenne de 13,1 fois des cinq dernières années.

À moyen terme, Sleep Country/Dormez-vous est bien positionnée et continue d’investir dans son infrastructure numérique, un système de gestion intégrée, l’ouverture de nouveaux magasins (5 en 2022 et 2 en 2023) et des partenariats.

La société pourra aussi tirer profit de son bilan sain pour racheter plus activement ses actions et envisager des acquisitions.

Vishal Shreedhar ne recommande pas l’achat du titre et maintient son cours cible de 28$, soit 9 fois le bénéfice qu’il prévoit en 2024. Incluant le dividende de 3,4%, ce cours-cible offre un rendement total potentiel de 17,4%.

L’action a perdu 24% depuis le sommet annuel de 32,45$ il y an un an.