Citant les délais dans l’approbation de l’achat de First Horizon Corp. (FHN, 21,56 $ US) par la Banque TD, un analyste américain abaisse son cours cible de 97 à 93 $. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Cogeco, Banque TD et Goodfood? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Cogeco Communications (CCA, 86,62$): les abonnés déçoivent des deux côtés de la frontière
Dans une conjoncture nettement plus exigeante, la performance financière du câblodistributeur est satisfaisante au troisième trimestre, indique Aravinda Galappatthige de Canaccord Genuity. Par contre, l’analyste ne cache pas sa déception au sujet du nombre d’abonnés au service internet des deux côtés de la frontière.
Cogeco a ajouté 1700 abonnés internet au Canada au lieu des 3800 prévus. Un an plus tôt, la société avait ajouté 4600 abonnés. L’entreprise perd aussi des clients au service de câble et de téléphonie.
Aux États-Unis, le service à large bande Breezeline a perdu 1700 abonnés internet alors qu’il avait prévu une hausse de 7500. L’analyste croit que la société affronte plus de concurrence de la part des services fixes sans fil à large bande des fournisseurs établis de télécommunications.
Là aussi, la société perd des clients au service de câble.
Cogeco attribue le déclin aux changements dans les habitudes de travail à la maison après la pandémie, à un taux plus élevé de désabonnement et à la concurrence accrue.
Malgré tout, Cogeco rapporte des résultats conformes aux attentes au troisième trimestre, avec une hausse interne de 3,8% des revenus et de 5,7% du bénéfice d’exploitation sans l’effet de l’acquisition en Ohio alors que les orientations pour 2023 sont légèrement inférieures aux prévisions.
L’an prochain, la société table sur une hausse de 2 à 4% des revenus et de 1,5 à 3,5% du bénéfice d’exploitation. Par contre, les flux de trésorerie disponibles déclineront de 2 à 12% malgré des dépenses en capital moins élevées que prévu.
Aravinda Galappatthige espère en apprendre davantage au sujet de la concurrence de la part des sociétés de télécommunications aux États-Unis et des répercussions du ralentissement économique sur l’acquisition de clients.
L’inflation est un autre facteur à surveiller. Si la hausse généralisée des prix permet à Cogeco de relever ceux de ses services, elle peut inciter certains clients à se désabonner et augmente aussi les coûts de l’entreprise.
Malgré le recul inattendu du nombre d’abonnés au service internet américain, l’analyste ne touche pas pour l’instant à son cours cible de 120 $ ni à sa recommandation d’achat.
Banque TD (TD, 79,84 $): l’achat américain de First Horizon toujours dans le collimateur des autorités
Banque TD (TD, 79,84 $): l’achat américain de First Horizon toujours dans le collimateur des autorités
Citant les délais dans l’approbation de l’achat de First Horizon Corp. (FHN, 21,56 $ US) par la Banque TD, un analyste américain abaisse son cours cible de 97 à 93 $.
Bien qu’il croit que TD mettra vraisemblablement la main sur la banque du sud-est américain pour 13,4 milliards de dollars comptant plus tard en 2023, l’incertitude ne se dissipera pas à court terme et suggère plus de prudence, écrit Mike Rizvanovic, du courtier Stifel GMP.
L’écart de 16% qui sépare le cours de First Horizon et le prix de 25 $ US par action offert par TD reflète la possibilité que la transaction soit bloquée par les autorités réglementaires qui ont fait grand cas des tactiques de ventes «agressives» employées par filiales américaines de la Banque TD mises au jour en 2017.
Celle qui avait mené la bataille contre les pratiques de comptes fictifs de Wells Fargo (WFC, 39,23 $ US), la sénatrice Elizabeth Warren et un groupe de législateurs veulent que la transaction soit bloquée jusqu’à ce que les autorités aient examiné ces tactiques plus rigoureusement, explique l’analyste.
Les plaintes colligées par le Bureau de la protection financière des consommateurs, ayant signalé l’ouverture «frauduleuse» de comptes, ont augmenté considérablement pendant la pandémie, rapporte-t-il. Ces plaintes sont proportionnellement plus nombreuses que celles déposées contre de plus grandes rivales. «Ce constat pourrait potentiellement révéler un problème plus important chez TD bien que le nombre de plaintes ait chuté depuis février 2022», dit-il.
Les autorités pourraient imposer des actions correctives et des amendes à TD, ajoute l’analyste.
Si la transaction tombait, ce serait un dur coup à la crédibilité de la banque et à sa capacité à croître aux États-Unis, le marché le plus naturel pour investir son surplus de capital.
L’incertitude justifie une évaluation de 5% inférieure à celle accordée aux autres grandes banques canadiennes. L’analyste diminue donc le multiple qu’il accorde au titre de 11 à 10,5 fois le bénéfice prévu de 8,83 $ par action en 2023.
Le titre est déjà 4% moins chèrement évalué que ceux de ses rivales canadiennes, alors que la TD obtenait plutôt une plus-value de 4% depuis dix ans.
Mike Rizvanovic recommande de conserver le titre.
Goodfood (FOOD, 1,45$): un quatrième trimestre d’affilée d’érosion des revenus et des marges
Goodfood (FOOD, 1,45$): un quatrième trimestre d’affilée d’érosion des revenus et des marges
À la suite d’un autre trimestre qu’il juge décevant, Jim Byrne d’Acumen Capital réduit ses attentes pour les revenus et abaisse l’évaluation du fournisseur de solutions de repas et de produits d’épicerie en ligne.
Au troisième trimestre, les revenus de 67 millions de dollars ont raté sa cible par 10,4%. Par contre, la perte nette de 21,1 M$ a été 17% moins que prévu.
«L’entreprise continue de voir ses revenus trimestriels décliner par rapport au sommet pandémique de 108 M$ il y a un an, au moment où elle élargit l’offre d’épicerie et de repas sur demande», indique-t-il.
Les marges brutes et d’exploitation s’érodent depuis quatre trimestres même si le nouveau plan de contrôle des coûts d’exploitation et de rationalisation de la main-d’œuvre fait des progrès depuis trois trimestres, note Jim Byrne.
À son avis, l’atteinte de la rentabilité est encore une fois repoussée de plusieurs trimestres tant que Goodfood déploiera sa stratégie de livraison sur demande.
Lancé au premier trimestre à Toronto, Montréal et Ottawa, ce service offre la livraison de produits d’épicerie, de repas prêts-à-cuisiner et de repas prêts-à-manger en aussi peu que 30 minutes.
La société estime être en mesure de renouer avec un bénéfice d’exploitation ajusté à la mi-2023, mais Jim Byrne doute que la croissance nécessaire des revenus pour y arriver soit au rendez-vous.
Goodfood a besoin de redresser son bénéfice d’exploitation de 45 M$, précise-t-il. Elle mise sur une hausse du nombre d’abonnés actifs à son nouveau service sur demande, sur le plus grand nombre de microcentres de distribution dans les quartiers résidentiels et sur de meilleurs flux de trésorerie.
La société dit aussi avoir relevé ses prix de plus de 10% au troisième trimestre sans détérioration marquée du nombre d’abonnés.
Le nouveau modèle de Jim Byrne prévoit des revenus de 331,4 M$ (13,8% de moins que ses estimations initiales), un déficit d’exploitation ajusté de 19,6 M$ (22% mieux qu’avant) et une perte inchangée de 0,66 $ par action, en 2023.
En conséquence, son cours cible passe de 3,50 à 2 $, soit 0,7 fois les revenus prévus en 2022, au lieu du multiple précédent de 0,9 fois.
À titre comparatif, le principal fournisseur de trousses de repas aux États-Unis, HelloFresh SE se négocie à un multiple de 0,7 fois ses ventes, par rapport au sommet de 2,3 fois de novembre 2021. En revanche, l’entreprise allemande devrait afficher une croissance de 15% de ses revenus et dégager une marge d’exploitation de 8%, en 2022, précise l’analyste.