(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Cargojet, Pet Valu et Haivision? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Cargojet (CJT, 107,99$): repli tactique pour le chouchou du fret aérien
Le ralentissement économique atteint finalement le transporteur de fret aérien qui avait fortement bénéficié du boom pandémique du commerce en ligne et des problèmes d’approvisionnement des entreprises. Il y a un an, son action avait culminé à 194,19$.
À la suite de résultats et d’orientations décevants, qui ont fait chuter son action de plus de 10%, Cargojet a annoncé une rationalisation afin de s’ajuster au ralentissement qui pourrait perdurer tout au long de 2023.
Au quatrième trimestre, les revenus tirés de la location d’avions-cargo et de leur équipage, surtout pour le compte de DHL, ont été 15% inférieurs aux attentes tandis que les vols cargo canadiens effectués pour UPS et Poste Canda, par exemple, ont été de 1,7% moins que prévu.
Le transporteur ontarien repousse donc l’expansion de sa flotte d’avions et revend même deux des huit appareils Boeing 777 commandés pour 53,5 millions de dollars américains. Cargojet pourrait aussi reporter la livraison d’un troisième appareil ou carrément le vendre.
L’entreprise a aussi l’option de repousser ou d’annuler l’achat de Boeing 767 commandés.
Ces mesures réduiront les débours de 320 à 400 M$ d’ici 2025, dont 100 à 125 M$ dès 2023.
Le bénéfice d’exploitation prévu en 2023 passe de 323,5 à 304,3 M$, doit un déclin de 7,5% par rapport à celui de 2022, prédit désormais Fadi Chamoun de BMO Marchés des capitaux.
L’analyste tempère aussi ses prévisions pour 2024 et pour 2025 afin de s’ajuster au moins grand nombre d’avions qui seront en service. Son modèle prévoit tout de même le retour de la croissance des revenus et du bénéfice d’exploitation en 2024 et en 2025.
Le bénéfice par action devrait s’établir à 5,12$ en 2025, prévoit-il, alors qu’il avait atteint à 10,15$ en 2022.
Essentiellement, «les objectifs fournis en septembre pour 2026 sont repoussés de 12 à 18 mois», met-il en contexte.
Bien que Cargojet soit une entreprise unique très bien gérée et que le repli tactique soit bénéfique, Fadi Chamoun préfère néanmoins attendre les signes d’un pivot dans les perspectives de l’industrie du fret aérien avant de devenir plus optimiste.
L’analyste maintient donc la recommandation «performance égale au marché» et abaisse son cours cible de 140 à 130$.
Cet objectif se compare à la moyenne des cibles de 178,73$ qui est gonflée par celle de 231$ d’un analyste.
Pet Valu (PET, 38,46$): le détaillant pour animaux investit 110 M$ dans son approvisionnement
Pet Valu (PET, 38,46$): le détaillant pour animaux investit 110 M$ dans son approvisionnement
Le détaillant ontarien de nourriture et d’articles pour animaux a prévenu que des investissements totaux de 110 millions de dollars dans sa chaîne d’approvisionnement d’ici 2025 affaibliront sa marge brute poussant son titre à la baisse de 3,6%, le 7 mars, malgré des résultats conformes aux attentes.
Martin Landry de Stifel GMP reconnaît que l’impact de ces dépenses en immobilisations sera plus important que prévu, mais il est confiant que les bénéfices à long terme seront nettement plus importants que les vents contraires à court terme. Surtout que ces investissements dans trois nouveaux centres de distribution à Toronto, à Calgary et à Vancouver, visent à soutenir la croissance du détaillant dont les ventes ont grossi de 80% depuis quatre ans.
L’analyste explique que Pet Valu a fait appel à des firmes de logistique externes ces dernières années afin de palier à sa propre chaîne d’approvisionnement, ce qui a affaibli ses marges.
Le détaillant prévoit que les changements à la chaîne d’approvisionnement amputeront 80 points de pourcentage à la marge brute en 2023, surtout au deuxième semestre puisque le nouvel entrepôt de la région de Toronto entrera en fonction cet été. Pendant la transition de douze mois, Pet Valu compte utiliser les deux réseaux de distribution en parallèle.
«Bien que ces pressions sur les marges déçoivent et soient plus élevées que prévu, elles sont non récurrentes et ne sont pas le reflet de changements dans la capacité bénéficiaire du détaillant», indique Martin Landry.
Ces pressions sur les marges devraient persister jusqu’à ce que la transition soit complétée en 2025, après quoi les marges devraient surpasser la fourchette historique de 35 à 36% grâce aux bénéfices de l’automatisation et aux gains d’efficacité, entrevoit-il.
L’analyste abaisse donc ses prévisions de bénéfices de 4% pour 2023 et de 5% pour 2024 et son cours cible de 44 à 43$, soit un multiple de 24 fois le bénéfice de 1,85$ par action prévu en 2024.
À long terme, Martin Landry fait valoir que Pet Valu offre toujours l’un des meilleurs profils de croissance interne du secteur de la consommation. D’ailleurs, le marchand prévoit que les ventes par magasin comparables croîtront de 7 à 10% en 2023. Il réitère sa recommandation d’achat.
L’action du détaillant s’est appréciée de 40% depuis un an, mais le titre a perdu 11% par rapport au sommet annuel du 27 février dernier.
Haivision (HAI, 4,43$): une offre informelle met peut-être le spécialiste de la diffusion en continu en jeu
Haivision (HAI, 4,43$): une offre informelle met peut-être le spécialiste de la diffusion en continu en jeu
Un mois après avoir dévoilé avoir accumulé un bloc de 10% dans la Montréalaise Systèmes Haivision voilà que son gros rival ontarien Evertz Technologies (ET, 11,69$) manifeste publiquement son intérêt pour toute la société dans une lettre non contraignante citant un prix potentiel de 4,50$, soit 38,5% de plus que le cours le 10 février.
Puisque le fondateur de Haivision assure que son entreprise de solutions pour la diffusion vidéo en continu n’est pas à vendre, l’offre non formelle sera probablement refusée, mais les avances d’Evertz pourraient tout de même «placer l’entreprise en jeu» ou tout au moins servir de filet boursier au titre en Bourse, avance Doug Young de Canaccord Genuity.
Le prétendant Evertz entretient aussi le mystère parce qu’il a revendu 6000 actions de Haivision le 3 mars pour s’assurer de passer sous le seuil de divulgation de 10% qui l’obligerait à déclarer ses transactions.
«Toute offre serait soumise à une vérification diligente ce qui complique les choses étant donné que les deux entreprises sont des concurrentes et ont des produits et des clients en commun», indique Robert Young.
Une union a du mérite sur papier puisque les deux entreprises offrent toutes les deux des encodeurs, des décodeurs et des solutions de diffusion vidéo en continu bien que certains de leurs produits et de leur clientèle soient complémentaires, ajoute l’analyste.
Haivision sert davantage les gouvernements tandis qu’Evertz compte plus de diffuseurs en continu parmi ses clients. Haivision offre aussi des fonctionnalités sans-fil 5G qu’Evertz n’a pas. Les marges brutes élevées de Haivision, de 56 à 60%, en ferait un achat très rentable pour Evertz qui éliminerait aussi les frais administratifs associés à l’inscription en Bourse, explique l’analyste de Canaccord Genuity.
Enfin, Evertz, dont la valeur boursière est huit fois celle de Haivision, pourrait réaliser des économies dans la fabrication des appareils et les achats.
Ceci dit, Haivision rejettera sans doute l’offre à petit prix et ne voudra pas non plus partager des informations sensibles avec un concurrent, indique Robert Young. L’entreprise de Saint-Laurent peut aussi s’opposer à Evertz en regroupant en un seul bloc de plus 34% les actions de différents porteurs, ajout-t-il.
Au prix de 4,50$, l’offre informelle d’Evertz évalue Haivision 146,2 millions de dollars, soit 10,6 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2023, incluant la dette. Cela se compare à la moyenne de 10,8 fois pour les diffuseurs et de 12,2 fois pour les fournisseurs de vidéo par internet.
Un prix de 6$, soit le cours de Haivision lors de son entrée en Bourse en décembre 2020, représente un multiple de 14,5 fois, soit une plus-value par rapport aux semblables, met en contexte l’analyste.
Pour ajouter à l’intrigue, Robert Young signale qu’Evertz a payé plus que le prix offert de 4,50$ pour ses actions puisque la majorité des achats ont été réalisés en juillet 2022, alors que Haivision se négociait entre 5 et 5,75$.
L’analyste n’exclut pas la possibilité que d’autres prétendants se manifestent étant donné l’attrait des solutions de diffusion «sans décalage» (low latency) de Haivision notamment pour les secteurs de la défense et de la diffusion.
L’analyste de Canaccord Genuity recommande d’acheter le titre au lieu de le conserver. Son cours cible passe de 3,50 à 5$.