À surveiller: Canadien Pacifique, ATS Automation et Fortis
Dominique Beauchamp|Publié le 30 mars 2021(Photo: Jeff McIntosh pour La Presse Canadienne)
Que faire avec les titres de Canadien Pacifique, ATS Automation et Fortis? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Canadien Pacifique (CP, 459,22$): l’achat de Kansas City Southern très bien reçu par les clients
Après avoir sondé les expéditeurs de sa banque de données ferroviaires, Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, en conclut que l’acquisition du chemin de fer Kansas City Southern (KSC, 255,23 $US) a de bonnes chances d’être approuvée.
L’analyste estime désormais à plus de 80% les probabilités que les autorités américaines de transport approuvent l’achat de 25 milliards de dollars américains par Canadien Pacifique.
«Quelque 80% des expéditeurs voient la transaction positivement. Si les opinions sondées correspondent aux indications que l’agence recevra pendant les audiences de la transaction, cela augmente les chances que la fusion soit ultimement approuvée», note l’analyste.
Le coup de sonde des clients corrobore l’argument des deux chemins de fer à l’effet que l’union des réseaux géographiquement complémentaires, à partir de Kansas City, offrira un avantage compétitif aux expéditeurs, ajoute l’analyste.
Les clients moins favorables à la transaction sont ceux qui craignent que leur concurrents en tireront un avantage.
RBC a aussi sondé vingt-cinq actionnaires de Canadien Pacifique, majoritairement au Canada. La plupart sont favorables à la transaction, voire enthousiastes. Seul le long processus d’approbation les tracasse.
Walter Spracklin juge donc que le repli de l’action de Canadien Pacifique, depuis l’annonce de la transaction, en fait une occasion encore plus attrayante à saisir.
«Le titre devrait s’apprécier et obtenir une évaluation substantiellement plus élevée à mesure que les investisseurs réaliseront le potentiel de croissance qu’offre la portée du réseau élargi de la future CPKC», renchérit-il.
Il rappelle que CP pourra livrer ses marchandises jusqu’au Mexique, en connectant six des sept plus grands pôles urbains de l’Amérique du Nord, sur un réseau de 32000 kilomètres.
«CP a toujours été bien positionnée pour rejoindre les expéditeurs, mais Kansas Southern City élargit la taille du marché à la destination», explique l’analyste.
L’union diversifiera aussi les sources de revenus de CP en portant de 36 à 46% la proportion des marchandises dans l’ensemble des biens transportés. La part canadienne des revenus diminuera aussi de 76 à 53% tandis que celle des États-Unis passera de 24 à 33% et celle du Mexique passera de 0 à 14% .
L’analyste en profite pour rappeler que Canadien Pacifique est son chemin de fer favori. Il réitère sa recommandation d’achat.
Son cours cible de 587$, un multiple de 22,5 fois le bénéfice prévu de 32,84$ par action en 2025, offre un potentiel de gain de 28%.
ATS Automation (ATA, 26,46$): un bénéficiaire bon marché de l’après-pandémie
ATS Automation (ATA, 26,46$): un bénéficiaire bon marché de l’après-pandémie
Maintenant que l’acquisition hautement stratégique de l’italienne CFT S.p.A. est complétée, Mark Neville de Banque Scotia revient à la charge pour en vanter les mérites.
Annoncé en décembre 2020, l’achat de 260 millions de dollars est immédiatement rentable pour le spécialiste de l’automatisation et offre des synergies minimum de 20,7 millions tant au chapitre des économies que des ventes croisées, d’ici trois ans. Ces estimations sont celles des dirigeants et l’analyste les considère prudentes.
À ses yeux, ATS a aussi payé un bon prix, soit 5,3 le bénéfice d’exploitation de CFTaprès les synergies, presque la moitié du multiple auquel s’échangent ses propres actions.
Mark Neville s’attend à ce que ATS améliore les marges de CFT. Il mentionne que la filiale Marco d’ATS qui sert déjà les fabricants alimentaires dégage des marges d’exploitation de plus de 20% par rapport à celles de 6,9% de CFT.
De plus, l’entretien des machines et des pièces après leur installation, qui compte pour 20% des revenus de CFT, pourrait augmenter dans le giron d’ATS.
Sur le plan stratégique, cet achat renforce la présence d’ATS dans la fabrication alimentaire, un créneau prisé pour sa croissance moins cyclique, la réglementation qui dissuade les nouveaux venus et peu de concentration.
Le marché total croît de 8 à 9% année et les dix principaux acteurs s’approprient à peine 10% du marché, dit-il.
Fondée il y a 75 ans, CFT emploie 900 personnes dans huit usines situées en Italie, en Espagne, en Allemagne et en Ukraine. La société réalise 40% de ses revenus en Europe, 23% en Amérique du Nord et le reste dans d’autres régions.
Après cet achat, ATS conserve un bon bilan qui lui permet d’envisager encore d’autres acquisitions.
Mark Neville place le titre d’ATS dans ses choix à haute conviction parce que le spécialiste de l’automatisation devrait profiter des tendances séculaires que la pandémie renforce dans les industries des sciences de la vie, de l’électrification des véhicules, de la vente en ligne et le l’entreposage.
Au cours actuel, le titre s’échange à un multiple de 10,2 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2022, une évaluation que l’analyste juge bon marché.
Il renouvelle donc sa recommandation achat et son cours cible de 35$, ce qui offre un gain potentiel de 32%.
Fortis (FTS, 55,11$): mieux placée pour résister à la hausse des taux
Fortis (FTS, 55,11$): mieux placée pour résister à la hausse des taux
La remontée des taux d’intérêt a pris le marché de court, surtout par sa rapidité. Au Canada, les taux repères de dix ans ont doublé de 0,7% en décembre à 1,46%.
Ce changement de régime déprécie initialement les fournisseurs d’électricité en Bourse puisque les taux plus élevés concurrencent les dividendes, même si ces dividendes augmentent au fil du temps, explique Elias Foscolos, de IA Marchés des capitaux.
Le pire de cet ajustement s’est fait sentir en 2020, mais le secteur des services aux collectivités continue d’offrir une performance inférieure à celle du marché depuis le début de 2021. Les gains de 2 à 5% de quatre grands fournisseurs d’électricité depuis le début de 2021 se compare à celui de 7,6% pour le S&P/TSX.
Pourtant, ces fournisseurs qcontinueront de faire croître la taille du réseau qui leur alimente les revenus réguliers que procure la vente d’électricité.
Dans les circonstances, il faut faire des choix relatifs et Fortis lui semble mieux placée que d’autres pour faire face à la musique, bien que la montée du huard déprécie ses revenus américains, croit Elias Foscolos.
L’analyste juge que Fortis offre le meilleur potentiel d’appréciation long terme, ajusté pour le risque. Non seulement la croissance prévue de 6% de son dividende est-elle attrayante, mais ce dividende représente seulement 74% des flux de trésorerie prévus en 2021, par rapport à la moyenne de 81% pour les trois autres sociétés suivies.
Les perspectives de bénéfices sont bien visibles tandis que la société obtient un score environnemental en tête de ses semblables, ajoute l’analyste.
Même s’il réduit son cours-cible de 60 à 58$, pour s’ajuster à l’effet de la hausse des taux sur l’évaluation du secteur, l’analyste continue à en recommander son achat. Cette cible d’un an offre un rendement total potentiel de 8,8%, incluant le dividende de 3,6%.