(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Canadian Tire, GDI et Salesforce? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Canadian Tire (CTC.A, 152,33$): la conjoncture tempère les attentes à court terme
Le détaillant s’est avéré résilient lors de périodes économiques troubles, mais Brian Morrison de TD Valeurs mobilières juge plus prudent de réduire ses attentes pour 2022 et 2023 parce que l’inflation persistante et la hausse conséquente des taux nuisent à la capacité dépensière et à la situation financière des consommateurs.
L’analyste a toujours confiance dans la stratégie de croissance de la société qui s’étale jusqu’en 2025 et il salue les énormes progrès accomplis depuis la crise de 2008-09 en ce qui a trait au programme de loyauté, aux marques maison, à l’analyse des données clients et aux ventes en ligne. Néanmoins, après avoir bénéficié des achats pandémiques d’articles utilitaires et de plein air entre autres, la croissance des revenus au détail est appelée à se modérer, ce qui serait «louable» en soi.
En même temps, les dépenses élevées du détaillant pour améliorer l’offre et l’infrastructure en ligne et ses capacités technologiques, prévues au plan stratégique, affaibliront le bénéfice d’exploitation des activités du détail. L’analyste prévoit que la marge d’exploitation déclinera de 134 points de pourcentage à 12,2% au troisième trimestre.
La filiale de services financiers risque pour sa part de connaître une période de pertes sur les soldes de cartes de crédit impayés, comme en 2008-09, mais cette division reste bien capitalisée. Sa marge avant impôts devrait passer de 38,3% à 29,2%, au troisième trimestre.
Au troisième trimestre attendu le 10 novembre, Brian Morrison prévoit donc un bénéfice par action de 3,75$, environ 5% inférieur au consensus et 10% de moins qu’un an plus tôt.
L’analyste abaisse aussi ses prévisions de 19,16$ à 18,38$ par action pour 2022 et de 19,91$ à 18,32$ par action pour 2023.
Malgré ces vents de front, Brian Morrison juge que Canadian Tire offre un bon rapport risque-rendement à moyen terme, d’où sa recommandation d’achat.
Toutefois, « sans catalyseur à court terme jusqu’à ce que les perspectives de bénéfices pour 2023 deviennent plus visibles, il sera difficile pour l’action de s’apprécier pendant que les attentes baissent», explique l’analyste.
Il réduit son cours cible de 250 à 215$, ce qui offre tout de même un rebond potentiel de 41%.
GDI Services aux immeubles (GDI, 46,20$): le retour à la normale des marges pourrait freiner les bénéfices
GDI Services aux immeubles (GDI, 46,20$): le retour à la normale des marges pourrait freiner les bénéfices
Jonathan Goldman de Banque Scotia profite du fait qu’il prend la relève de l’analyse du groupe d’entretien des immeubles pour faire le point sur la société de Montréal.
L’analyste considère GDI comme une société de croissance régulière (compounder), ayant accru son bénéfice d’exploitation à un rythme annuel composé de plus de 20% par année entre 2015 et 2019 grâce à la croissance interne de ses activités et à des acquisitions complémentaires financées avec des fonds internes.
La COVID-19 a fortement relevé les marges parce que les propriétaires d’immeubles et les employeurs ont accru le nettoyage des espaces de travail, notamment en faisant appel aux services de désinfection sur demande et au nouveau service de décontamination des surfaces et de l’air des immeubles.
En même temps, les bureaux étant souvent inoccupés, le temps de nettoyage réduit a fait grimpé la «productivité» des employés. Les marges en ont grandement profité parce que les tarifs fixes sont établis au pied carré.
Aux États-Unis, les marges de GDI sont déjà revenues à la normale (8%), mais au Canada ces marges (13,4%) sont encore plus du double de ce qu’elles étaient avant la pandémie (6,6% en 2019). Cet écart équivaut à 17 millions de dollars ou 10% du bénéfice d’exploitation de 2023.
Puisque le retour à la normale est prévisible, GDI pourrait avoir à réaliser des acquisitions pour combler ce manque à gagner et respecter son parcours. La société vise des revenus de 2,7 à 3 milliards de dollars et un bénéfice d’exploitation de 180 à 200 M$, en 2025.
Au final, l’action de GDI apparaît donc déjà justement évaluée à ses yeux, soit un multiple de 10 fois le bénéfice d’exploitation qu’il prévoit en 2023.
GDI mérite une évaluation plus élevée que dans le passé en raison de sa feuille de route d’exécution, du long parcours de croissance devant elle (15% par année pour le bénéfice d’exploitation) et de ses attributs «défensifs».
Jonathan Goldman prévoit donc au titre une performance égale à son secteur. Son cours cible augmente légèrement de 52,50 à 53$.
Salesforce (CRM, 153,53$ US): un activiste de renom veut accélérer l’amélioration des marges
Salesforce (CRM, 153,53$ US): un activiste de renom veut accélérer l’amélioration des marges
L’action du spécialiste des logiciels de gestion de la relation client a rapidement gagné 4%, le 18 octobre, à l’annonce qu’un investisseur activiste de renom, Jeff Smith de Starboard Value, avait accumulé un intérêt «important», mais non dévoilé dans Salesforce.
Bien que les critiques de Jeff Smith n’apportent rien de nouveau, Rishi Jaluria, de RBC Marchés des capitaux, croit néanmoins que l’intervention publique de l’activiste prolifique pourrait accélérer l’expansion des marges que tous réclament. Starboard est plus patient que d’autres fonds du genre.
La «proposition de Starboard fait écho à l’humeur des investisseurs» qui jugent que Salesforce ne performe pas à la hauteur de son potentiel ce qui déprime son évaluation par rapport aux autres fournisseurs de logiciels en tant que service de son calibre, malgré sa position de tête dans plusieurs catégories clés des logiciels.
Salesforce vise une marge avant intérêts et impôts de plus de 25% en 2026, mais sa stratégie pour y parvenir requiert une transition laborieuse afin d’améliorer la productivité des ventes sans mettre en danger la généreuse structure de rémunération qui a nourri sa croissance, explique Rishi Jaluria.
«En un mot, les investisseurs ne croient pas que Salesforce puisse atteindre de telles marges de façon durable sans sacrifier son objectif de revenus de 50 milliards de dollars américains», écrit-il.
Essentiellement, la culture de l’entreprise a historiquement priorisé la croissance au détriment des marges.
L’analyste de RBC est aussi étonné du silence de Starboard au sujet de la stratégie d’acquisitions de Salesforce qui suscite aussi de vives critiques parce que les achats plus récents (Slack et MuleSoft) n’ont pas été à la hauteur des attentes.
«Il faudra peut-être que Salesforce réalise de plus petits achats stratégiques pendant quelque temps ou qu’elle mette la main sur une proie de haute qualité qui ajoute à la fois à la croissance et aux marges, avant que les doutes des investisseurs ne se dissipent», fait-il valoir.
Malgré les critiques, l’analyste continue de recommander l’achat de Salesforce et maintient son cours-cible de 253$ US qui laisse entrevoir un rebond potentiel de 53%.
Ce cours-cible équivaut à un multiple de 30 fois la valeur de l’entreprise divisée par les flux de trésorerie disponibles prévus en 2023. Ce multiple reflète à la fois les forces et les faiblesses de la société.