(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de BRP, Transat A.T. et Cameco? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
BRP (DOO-T, 118,17$, DOOO-N, 94,02 $US): plein gaz
Malgré un inventaire réduit, BRP est parvenue à dépasser les attentes des analystes au cours du deuxième trimestre de son exercice de 2022, et elle compte bien poursuivre sur ce sentier malgré les embûches qui pointent à l’horizon, croit Brian Morrison de TD Valeurs mobilères.
Le spécialiste des véhicules récréatifs a dévoilé jeudi matin un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) normalisé de 415 millions de dollars (M$) et un bénéfice normalisé par action de 2,89$. TD misait respectivement sur 262 M$ et sur 1,49$, alors que le consensus tablait plutôt sur 246 M$ et 1,37$. La marge d’exploitation a atteint 21,8%, alors que les analystes s’attendaient plutôt à 15,4%.
Sur le plan du bilan, la dette représente seulement 1,3 fois le bénéfice d’exploitation au terme du trimestre , ce qui est encore bien loin de la cible maximum de 2,5 fois fixée par l’entreprise, souligne l’analyste.
Ses revenus de 1904 M$ ont explosé de 54% par rapport à la même période de l’exercice 2021, autant grâce aux ventes de produits saisonniers que ceux de toute saison qui ont dépassé encore une fois les attentes des analystes.
Brian Morrisson explique que la marge brute de 570,1 M$ a notamment bénéficié d’une offre adaptée à la demande pour ses produits, à de plus grandes parts de marché acquises, et à une réduction du nombre de ses campagnes promotionnelles, n’ayant pas assez d’items à liquider. En effet, la forte demande de la part des consommateurs et les soucis rencontrés dans sa chaîne d’approvisionnement ont réduit son inventaire disponible, rappelle Brian Morrison.
Il ne s’étonne pas de la baisse des ventes de 19% des articles de sport motorisé de BRP en Amérique du Nord. Non seulement il l’anticipait puisqu’une diminution de son inventaire était prévue, mais en plus, elle se compare au recul de près de 35% pour l’ensemble de l’industrie.
Il ajoute que les initiatives mises en place par l’entreprise pour réduire ses dépenses ont permis de baisser la part des coûts d’exploitation par rapport aux ventes.
Forte de ces résultats, la société dirigée par José Boisjoli a révisé ses prévisions pour l’exercice 2022, faisant passer son bénéfice normalisé par action dans une fourchette entre 8,25 $ et 9,75$, alors que le consensus table sur 8,41$. Sachant que l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement sera encore affectée par la COVID-19 au cours de la deuxième moitié de l’exercice, la direction s’attend à ce que le troisième trimestre en souffre le plus, avant une légère reprise au quatrième trimestre.
Ces défis à court terme n’assombrissent que très peu le portrait de BRP croit l’analyste de TD, qui s’attend à ce que l’entreprise puisse profiter du grand cycle de réapprovisionnement des stocks attendu à l’exercice 2023.
Même les investisseurs ont salué ses résultats, le titre de BRP ayant terminé la séance de jeudi en hausse de plus de 11%, tant à la Bourse de New York que de Toronto.
Le cours cible pour le spécialiste des véhicules récréatifs est maintenu à 120$, et la recommandation reste un «achat».
Transat (TRZ, 5,10$): encore des turbulences
Transat (TRZ, 5,10$): encore des turbulences
Le voyagiste Transat A.T vient de traverser une autre tempête, et tous les instruments de son tableau de bord devraient en témoigner lors de la publication des résultats trimestriels le 9 septembre, croit Kevin Chiang, de CIBC Marchés mondiaux.
L’analyste table sur des revenus de 8,6 milliards de dollars (G$), alors qu’ils étaient à 9,5 G$ au même moment l’an dernier, ce qui représente une plongeon de 99% par rapport au troisième trimestre de 2019.
Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement attendu par Kevin Chiang est de 56 millions de dollars (M$), lui qui était de 80 M$ un an plus tôt.
Son attention sera rivée sur deux éléments clés lors de l’appel avec les investisseurs. Il s’intéressera d’abord au taux d’épuisement de ses liquidités. Il s’attend à ce que l’entreprise de Montréal ait dépensé environ 100 M$ au cours du trimestre, sans prendre en considération les remboursements de billets, dont les fonds utilisés sont présentement tirés de l’aide gouvernementale. Au dernier trimestre, elle avait dépensé 127 M$.
Kevin Chiang gardera aussi un œil sur les prévisions de l’entreprise. La route sera encore longue avant qu’elle revienne sur le chemin de la profitabilité, sachant que le voyagiste éprouvait déjà des difficultés avant la pandémie. L’analyste rappelle qu’à l’exercice 2019, la marge du BAIIA était de 6,6%, alors que celles d’Air Canada, d’American Airlines ou de Delta Airlines atteignait en moyenne les 17,8%.
Si ces entreprises doivent attendre que leur trafic aérien retrouve 60% de son achalandage pour espérer retomber dans le positif, Transat devra plutôt attendre à un taux de rémission de 70%, et ce n’est pas gagné, estime l’analyste de CIBC.
En effet, le modèle d’affaires du voyagiste dépend de l’intérêt pour les voyages à l’international, une structure qui était moins profitable même avant le début de la pandémie et qui souffre davantage de la fermeture des frontières. Selon l’Association du transport aérien international, les passagers-kilomètres payants pour les vols internationaux en juin 2021 étaient en baisse de 80,9% par rapport à juin 2019, alors que pour les vols domestiques, cette donnée était en baisse de 22,4%. Ne desservant que très peu ce secteur, cela affectera la reprise de Transat.
Cette dernière avait toutefois laissé entendre lors de son précédent appel avec les actionnaires qu’elle avait observé des hausses de la demande pour les destinations soleil dans ses réservations hivernales. L’analyste suivra donc de près cette tendance, alors que l’inquiétude entourant le variant Delta de la COVID-19 grimpe.
C’est pourquoi CIBC maintient sa recommandation de «sous-performance de secteur», et son cours cible de 3$.
Cameco (CCO-T, 26,01$; CCJ-N, 20,72 $US) : profite du regain de l’intérêt pour l’uranium
Cameco (CCO-T, 26,01$; CCJ-N, 20,72 $US) : profite du regain d’intérêt pour l’uranium
Andrew D. Wong de RBC Marchés des capitaux estime que la hausse du cours de l’uranium combinée à une confiance accrue des investisseurs à l’égard de cette matière première devraient donner un coup de pouce au producteur canadien Cameco à long terme.
Ce regain d’intérêt est en partie dû au «Sprott Physical Uranium Trust», un fonds d’investissement lancé le 19 juillet 2021 par le gestionnaire canadiend’actifs Sprott, fait remarquer l’analyste. Depuis qu’elle s’est mise à émettre une offre d’achat au taux du marché, le fond a fait grimper le cours de l’uranium, le faisant passer de 31 voire 32 $ la livre, à près de 37 $ la livre.
Si ce fonds mettait les pieds sur le marché new-yorkais en 2022, le fond pourrait attirer àdavantage de capitaux, car là aussi, les investisseurs convoitent cette ressource. S’il est difficile de quantifier cet intérêt pour l’instant, il n’en demeure pas moins que tout argent investi dans ce fonds accélère la reprise du marché de l’uranium, ce qui en augmente la valeur, illustre l’analyste.
RBC Marchés des capitaux s’est aussi penché sur l’état du marché de cette ressource, et fait remarquer que bien que son activité ait légèrement ralentie, celle-ci demeure élevée par rapport aux niveaux historiques, ce qui démontre l’intérêt des investisseurs pour l’uranium. Plus ceux-ci investissent dans le nouveau fonds de Sprott, plus la valeur de cette ressource grimpe à long terme, ce qui devrait alimenter l’attrait pour d’autres investisseurs, et ainsi de suite, évoque Andrew D. Wong. Inversement, s’il devait y avoir une baisse de capitaux investis dans le Sprott Physical Uranium Trust, cela pourrait exercer une pression sur le prix de l’uranium.
L’analyste concède qu’une hausse du prix au comptant de la ressource a des répercussions légèrement positives sur Cameco, mais croit qu’elle bénéficierait davantage de la hausse des prix à long terme. Cependant, Il ne s’attend pas un une augmentation de ce côté d’ici la prochaine année.
«En tant que producteur bien établi qui possède des ressources inutilisées, la valorisation de Cameco pourrait rester élevée, compte tenu du fort sentiment des investisseurs et des options limitées d’exposition aux opérateurs d’uranium éprouvés», conclut Andrew D.Wong.
RBC Marchés des capitaux fait donc passer sa recommandation de «sous-performance de secteur», à «performance de secteur», et son cours cible de 17$ à 26$, soit 1,75 fois la valeur d’actif net du producteur d’uranium.