Dow Jones ferme sa porte aux entreprises familiales

Publié le 21/08/2017 à 09:42

Dow Jones ferme sa porte aux entreprises familiales

Publié le 21/08/2017 à 09:42

Les investissements par le biais de fonds indiciels ont surgi au cours des dernières années, à tel point qu’en 2016, ces fonds indiciels géraient des actifs de 509 milliards US $ et détenaient 29 % de toutes les actions en bourses américaines. La gestion d’un fonds indiciel consiste à investir les argents placés avec eux de façon proportionnelle dans chaque entreprise constituant l’indice de référence (le plus populaire étant le S&P 500). 

Suite à la décision de Dow Jones, aucune des sommes investies dans les fonds indiciels ne pourra servir à acheter les actions des sociétés à double classe d'actions, réduisant considérablement la demande pour leurs actions et possiblement leur prix.

Aucun doute qu’aiguillonné par des investisseurs institutionnels particulièrement aigris par la décision récente prise par Snapchat de s’introduire en Bourse avec des actions sans droit de vote, Dow-Jones a voulu frapper fort pour intimider tout futur entrepreneur qui songerait à doter son entreprise d’une double classe d’actions (et non seulement lorsqu’une classe d’actions serait sans droit de vote, une situation exceptionnelle que l’IGOPP a décriée fermement).

Pourquoi cette hostilité contre les doubles classes d'actions?

Cette hostilité s’appuie surtout sur deux arguments: le principe de démocratie actionnariale et la (supposée) piètre performance financière des sociétés à double classe d’actions.

On n'accorde pas de droit de vote aux touriste...

Le principe «une action, un vote» serait l’équivalent du sacro-saint «une personne, un vote» de la démocratie électorale. Cet argument est fallacieux.

Pour soutenir cette équivalence, il conviendrait d’adopter le principe «un actionnaire, un vote»  et non «une action, un vote». Qualifierait-on un pays de «démocratique» si les citoyens obtenaient un nombre de votes égal au montant d’impôts payés lors de leur déclaration, par exemple?

Tout citoyen jouit du droit de vote. Toutefois, un nouvel arrivant dans un pays obtient sa citoyenneté -et par conséquent le droit de vote- qu’après un assez long délai. Évidemment les voyageurs et les touristes qui s’adonnent à résider dans un pays un jour d’élection n’ont pas droit de vote.

La démocratie actionnariale pourtant accorde le droit de vote dès l’acquisition des actions et donne le plein droit de vote aux actionnaires de courte durée s’ils sont présents au moment opportun, un peu comme si les touristes et les visiteurs au pays avaient le droit de voter parce qu’ils se trouvent sur le territoire le jour des élections.

L’entreprise n’est donc pas une démocratie puisque tous les actionnaires ne sont pas égaux, et que la taille de leur investissement détermine leur nombre de votes et que ce droit de vote peut s’exercer dès l’achat des actions à la seule condition de posséder ces actions à une date précise (quitte à les vendre dans les jours suivants).

Le mythe de la faible performance relative des sociétés à double classe d’actions

À propos de ce blogue

Yvan Allaire, Ph. D. (MIT), MSRC, est président exécutif du conseil d'administration de l'Institut sur la gouvernance(IGOPP) et professeur émérite de stratégie à l’UQÀM. M. Allaire est le co-fondateur du Groupe SECOR, une grande société canadienne de conseils en stratégie (devenue en 2012 KPMG-Sécor) et de 1996 à 2001, il occupa le poste de vice-président exécutif de Bombardier. Il fut, de 2010 à 2014, membre et président du Global Agenda Council on the Role of Business – Forum économique mondial (World Economic Forum). Profeseur Allaire est auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la stratégie d’entreprises et la gouvernance des sociétés publiques et privées.

Yvan Allaire

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