Les recrues de la Bourse deviennent plus attrayantes

Offert par Les Affaires


Édition du 26 Septembre 2015

Les recrues de la Bourse deviennent plus attrayantes

Offert par Les Affaires


Édition du 26 Septembre 2015

Rien n'est plus sain qu'une baisse marquée des marchés comme celle que nous avons connue en août pour tempérer les attentes des investisseurs. Une bonne nouvelle pour ceux qui ont une perspective à long terme, car les titres des sociétés canadiennes entrées en Bourse au cours des derniers mois se négocient à des évaluations bien plus raisonnables qu'à leurs premiers jours sur le marché.

En page 2: il est temps de revenir sur terre

Warren Buffett et d'autres investisseurs de renom lèvent systématiquement le nez sur les premiers appels publics à l'épargne (PAPE) pour éviter le piège de la surenchère. Le célèbre investisseur a mentionné lors de l'assemblée annuelle de son conglomérat Berkshire Hathaway (NY, BRK.B) en 2012 qu'il n'avait jamais participé à un PAPE en 30 ans, jugeant qu'ils sont «presque toujours de mauvais investissements».

En effet, les entreprises s'inscrivent en Bourse au moment où les conditions leur sont le plus favorables, pas au moment le plus opportun pour les investisseurs. C'est particulièrement vrai après un long cycle haussier.

Un départ trop enthousiaste

Après plus de cinq ans de gains élevés, les investisseurs montraient en début d'année des signes de cupidité. Un contexte idéal pour qu'une vague d'entreprises canadiennes décident de s'inscrire en Bourse. La chaîne spécialisée dans le thé David's Tea (Nasdaq, DTEA, 15,87 $ US), le distributeur de services musicaux montréalais Stingray Digital (Tor., RAY.A, 7,04 $), le fournisseur de services de conciergerie montréalais GDI Services aux immeubles (Tor., GDI, 15 $) ou le fournisseur de logiciels de commerce en ligne d'Ottawa Shopify (Tor., SH, 47,65 $) en ont profité pour faire leurs premiers pas en Bourse à des valorisations généreuses, voire indécentes.

Le cas de Shopify donne le vertige. L'entreprise d'Ottawa, qui offre une solution infonuagique de commerce électronique aux PME, affichait une valorisation de 1,27 milliard de dollars à ses débuts au TSX. L'enthousiasme a été tel que la demande pour participer à l'émission s'est avérée 30 fois supérieure à l'offre. Résultat, le titre de la petite techno a grimpé de 51 % au cours de sa première séance.

Certes, Shopify croît à vitesse grand V. Ses revenus ont doublé à chacune des deux dernières années. Et, selon Terry Tillman, analyste de Raymond James, elle est en mesure d'accroître son chiffre d'affaires annuel de 30 à 40 % pendant un bon moment.

Il y a tout de même des limites à anticiper le futur. Cet été, le titre s'est même échangé à 13 fois les revenus prévus pour son exercice 2016, comparativement à 8 fois en moyenne pour les sociétés comparables. Richard Davis Jr, de Canaccord Genuity, juge qu'un éditeur de logiciels comme Shopify doit valoir de trois à neuf fois ses revenus prévus. Petit détail : la société est déficitaire. Elle a encaissé une perte nette de 22,3 millions de dollars américains au cours de son dernier exercice. Les analystes ne semblent pas prévoir qu'elle dégagera un cent de profit avant au moins trois autres années.

En page 2: il est temps de revenir sur terre

À propos de ce blogue

Après près de 16 années passées au journal Les Affaires, dernièrement en tant que chef de publication pour lesaffaires.com, Yannick Clérouin a rejoint en mars 2018 la société de gestion de portefeuilles Medici.

Yannick Clérouin