Chers milléniaux, le travail n'a pas à être un chemin de croix

Publié le 08/06/2017 à 14:51

Chers milléniaux, le travail n'a pas à être un chemin de croix

Publié le 08/06/2017 à 14:51

Nous avons cassé beaucoup de sucre sur le dos des milléniaux dernièrement. La poussière retombe et, n’en déplaise aux différentes personnes qui ont participé à la conversation suite à la publication du récent article de Patrick Lagacé, un angle a été oublié. Au-delà des commentaires sur les jeunes, ce qui m’a dérangé le plus c’est la perception de ce que devrait être le «travail». Faire son chemin de croix, apprendre à la dure, bosser sans relâche afin de peut-être gagner les bonnes grâces des plus anciens, entrer dans le moule, ça ne cadre pas du tout avec ma vision de ce que devrait être un milieu de travail sain.

Je me rappelle encore l’époque folle de la fondation de GSOFT. J’avais seulement 20 ans et je dois avouer que j’étais un peu perdu. C’était le début de ma carrière et j’essayais de prendre ma place dans ce grand monde du travail. Je n’avais aucune idée comment m’y prendre. Mon réflexe a donc été d’appliquer aveuglément le modèle qui semble être privilégié dans notre société pour réussir dans la vie: j’ai travaillé 80 heures par semaine durant plusieurs années. Je voulais tellement prendre ma place et me sentir utile. Avec du recul, je le regrette. J’ai réalisé que je ne le faisais pas pour les bonnes raisons. J’ai aussi compris que c’est impossible d’être productif et créatif sur une aussi longue période.

Nous surévaluons le lien entre les longues heures passées au travail et les bons résultats. L’employé qui travaille 80 heures par semaine fait souvent de l’ombre à celui qui travaille moins. Et ce, même si les résultats sont les mêmes. Comprenez-moi bien. Il faut en mettre des efforts pour apprendre à bien travailler. Le talent n’est pas le seul requis au succès. Mais il n'est pas nécessaire, ni souhaitable, d’exiger de la démesure de la part de nos employés.

Au lieu de «travailler fort», «travaillons intelligemment»

Arrêtons de demander aux jeunes de travailler démesurément pour prouver leur valeur ou pour les faire «évoluer» sur le vieil échiquier du monde du travail. Le travail devrait être épanouissant pour tout le monde. Tout simplement. Peu importe notre âge. Pas seulement pour les vieux routiers qui ont mangé du pain noir et qui ont trouvé le temps de se blaser en chemin.

Je suis un peu tanné de voir le même scénario se répéter dans nos organisations. Les jeunes sont embauchés avec la belle promesse de l’emploi rêvé qui viendra un jour. Mais leur motivation est mise à rude épreuve dès le premier jour. Comme s’ils n’avaient rien à apporter. On leur confie tout ce que les autres ne veulent pas faire. Ils doivent travailler de longues heures pour bien paraître. Ils n’ont pas accès à tous les avantages, leurs idées ne sont pas considérées, leurs opinions ne comptent pas, leur emploi est souvent à risque, etc.

C’est le passage obligé pour avoir une place, dit-on. Vraiment? Pas surprenant que les travailleurs soient aussi désengagés face à leur mandat. C’est comme si chaque génération avait vécu sa souffrance et voulait à tout prix la retransmettre à la suivante. La souffrance des uns ne peut pas être compensée par celle des autres. Il faudrait plutôt l’utiliser comme apprentissage pour tenter d’améliorer le sort de la prochaine génération. Pour moi, c’est ça progresser.

Cette «naïveté» qu’on reproche aux jeunes, leur regard neuf, pourquoi ne pourrions-nous pas le mettre à profit? Je ne dis pas qu’il faut tout leur donner immédiatement, mais devons-nous obligatoirement les casser dès leur arrivée? Leur regard neuf n’est-il pas la meilleure solution pour vaincre le statu quo? Pour considérer de nouvelles avenues? Au lieu de juger les générations montantes et les voir comme des menaces, pourquoi ne pas les accompagner et en profiter pour améliorer le sort de toutes les autres.

Je n’ai pas de solution à offrir aux gestionnaires. Il n’y a pas de formule claire quand vient le temps d’intégrer les jeunes à un modèle d’affaires existant. Chez GSOFT, nous respectons leur intelligence et nous ne faisons aucune distinction entre les âges. Une bonne idée est une bonne idée. Du travail bien fait est du travail bien fait. Nous ne les laissons pas au bas de l’échelle, nous leur donnons immédiatement tous les moyens pour nous rejoindre.

Comme les parents veulent le meilleur pour leurs enfants, je crois qu’il est important de vouloir la même chose pour la jeunesse québécoise. Arrêtons de leur en vouloir d’avoir de grandes aspirations face au monde du travail. Tant mieux s’ils ont la chance de vivre une expérience de travail exceptionnelle très tôt dans leur carrière. Quand le travail devient un élément positif dans la vie des gens, c’est toute la société qui en profite.C’est la clé du succès pour bâtir des organisations qui ont un grand impact social et économique.

 

 

 

À propos de ce blogue

Simon est le rêveur visionnaire à la tête de GSOFT, l'une des plus importantes PME québécoises. Depuis 2006, GSOFT met au point des logiciels qui sont aujourd’hui utilisés dans plus de 110 pays. Sa première préoccupation ayant toujours été le bonheur de ses employés, Simon a bâti l’une des cultures d’entreprise les plus inspirantes de la planète. Son plus récent projet, Officevibe, est la preuve indéniable de son engagement au bien-être de son effectif. Audacieux et anticonformiste de nature, il s’est donné la mission de révolutionner le monde du travail tel que nous le connaissons. Il profitera de cette tribune pour favoriser encore plus cette transformation ! www.GSOFT.com

Simon De Baene