BLOGUE. J’ai participé jeudi soir avec Jean-Pierre Desrosiers, philanthrope bien connu, à une discussion avec les jeunes leaders du Centre Segal. Ceux avec qui j’ai discuté sur place sont tous impliqués au sein de plusieurs comités d’organismes culturels. Et à les entendre, ils ont parfaitement saisi le sens de ce type d’engagement : on donne, mais on reçoit aussi énormément. De façon très concrète, au-delà de l’altruisme et du contact enrichissant aux arts, ce type d’investissement rapporte.

Dans son rapport publié cette semaine intitulé « Les bénévoles et donateurs du secteur des arts et de la culture au Canada en 2010 », l’institut de recherches Hill Stratégies montre que les bénévoles des arts ont acquis grâce à leur engagement : des habiletés en communications interpersonnelles (64% des répondants), des aptitudes à communiquer (56% des répondants) et des compétences organisationnelles (44% des répondants). Environ 50% des bénévoles du secteur de la culture soulignent que ce bénévolat les a « favorisé dans leur emploi rémunéré en entreprise », un tiers a indiqué que ce bénévolat les a aidé « à obtenir un emploi ou créer une entreprise ».

Je me souviens d’ailleurs que Jacques Dostie, associé chez Ernst & Young, l’homme derrière l’idée brillante de GO CA, expliquait qu’il s’était engagé pour les arts d’abord par intérêt professionnel. Pour le développement de ses affaires, il cherchait à joindre le président d’un grand organisme. Ne réussissant pas à entrer en contact avec ce dirigeant, il s’est dit qu’il pourrait s’associer au C.A. du théâtre Espace GO auquel siégeait cette personne.

Cette étude de Hill Stratégies met aussi en évidence la place minime qu’occupent les arts et la culture au niveau du bénévolat et des dons. Parmi les bénévoles canadiens, seulement 5,8% donnent de leur temps à la culture alors qu’ils sont 18% à s’engager pour les services sociaux, 19% pour les sports et 15% pour la religion. Pour ce qui est des donateurs canadiens, seulement 3% font des dons à la culture contre 63% pour la santé. Le don moyen pour la culture est de 141$ alors qu’il est de 462$ pour les organismes religieux.

Lorsqu’on regarde cette étude dans le détail, on constate aussi que le Québec est bon dernier parmi toutes les provinces pour le taux de bénévolat et taux de donateurs aux arts. Seulement 2% des bénévoles québécois se consacrent à la culture et seulement 1,7% des donateurs québécois donnent aux arts.

Il y a énormément de travail à faire donc ! Les initiatives actuelles pour les liens arts-affaires vont parfaitement dans cette direction. Et j’ai envie de dire aux organismes culturels, soyez simples : charmez les gens d’affaires avec votre créativité et surtout démontrez intelligemment tout ce qu’ils retireront personnellement de cet engagement pour la culture.

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Sébastien Barangé, Directeur des communications et affaires publiques de CGI. (Twitter @SBarange)

Sébastien a été journaliste à Radio-Canada et a collaboré au quotidien Le Devoir, il a par la suite été conseiller de Michaëlle Jean durant son mandat de gouverneure générale du Canada, de 2005 à 2010. Sébastien est reconnu pour son engagement envers la communauté montréalaise et siège au sein de plusieurs conseils d’administration dans les secteurs de l’éducation et de la culture.

président du comité exécutif d'artsScène Montréal (Business for the arts)

membre du conseil d'administration de Ensemble (ex Fondation Tolérance)