Vieillissement : le véritable enjeu présenté dans le recensement


Édition du 26 Août 2017

Vieillissement : le véritable enjeu présenté dans le recensement


Édition du 26 Août 2017

On se demande encore comment ils ont pu se tromper à ce point, mais la poussière est en train de retomber sur ce qui avait tout l'air d'être une des révélations les plus troublantes de l'année : l'usage du français n'est pas en nette régression au Québec et les anglophones ne sont pas en train d'affluer dans les régions.

Les gens de Statistique Canada se sont fourvoyés dans l'analyse des données du dernier recensement, ce qu'ils ont encore admis candidement à la mi-août. Dans les faits, la proportion des citoyens qui parlent le français à la maison est passée de 87 % à 87,1 % entre 2001 et 2016, même si le taux de ceux qui le déclarent comme leur langue maternelle a légèrement diminué, de 79,7 % à 79,1 %.

Les premières indications faisaient état d'une tendance plus lourde, et les défenseurs du français s'en étaient émus. La vigilance est toujours de mise, mais de recul alarmant, il n'y a pas. Du moins, pas pour le moment.

Le péril le plus alarmant que nous indique le recensement, s'il faut en isoler un, est d'une autre nature, qui a moins fait les manchettes alors qu'il devrait sérieusement nous inquiéter.

Globalement, le Québec est de plus en plus âgé. C'est vrai que les gens de 65 ans et plus sont en forme comme ils ne l'ont jamais été. Et qu'ils ne grèvent pas autant qu'on le laisse entendre le système de santé.

Cependant, l'impact socioéconomique demeure. Une population vieillissante est moins active et participe moins à l'enrichissement collectif. C'est dans sa nature ; elle a légitimement le droit de ralentir le rythme. Sauf qu'il faut une relève.

Je reviens tout juste d'une tournée dans le Bas-Saint-Laurent. Dans la grande région de Rivière-du-Loup, les entreprises que j'ai visitées étaient ouvertement à court de personnel qualifié et elles en recrutaient constamment. J'y reviendrai plus en détail dans le cadre des reportages que je présenterai ici vers la mi-septembre, mais c'était frappant.

La situation se reproduit un peu partout au Québec. À Drummondville. À Montmagny. À Valleyfield. À Saint-Jérôme. À Gaspé. Sans compter Québec et les environs de Montréal. Il existe des poches de faiblesse, c'est certain, mais avec un taux de chômage à 6 %, le niveau le plus bas depuis 40 ans, les cerveaux et les bras commencent à manquer.

On n'a plus les retraités qu'on avait et plusieurs trouvent une façon de contribuer à la force de travail. À leur manière et à leur cadence. C'est bien, sauf qu'au mieux, c'est là une force d'appoint. Quand vous gérez une entreprise ou quelque autre organisation, il vous faut du personnel régulier en nombre suffisant.

À cet égard, les données de Statistique Canada ne sont pas encourageantes.

Environ 18 % de la population québécoise a 65 ans ou plus. Et ce taux augmente d'année en année.

C'est en juillet 2011 que l'équilibre entre les jeunes et les plus vieux a basculé. Depuis 1606, année où Louis Hébert est arrivé avec sa famille à Québec, c'était la première fois que le groupe des 65 ans et plus était plus nombreux que celui des 15 ans et moins : 1 253 600 contre 1 241 700. Et l'écart ne cesse de grandir. En 2016, le compte était rendu à 1 295 520 contre 1 503 921.

À Rivière-du-Loup, la proportion des 65 ans et plus atteint 22 %. Vers le centre du Québec, à Victoriaville, à Saint-Hyacinthe, à Trois-Rivières, c'est presque 23 %. À Valleyfield, c'est pratiquement 24 %, comme à Dolbeau-Mistassini. Même chose à Shawinigan. Et à Matane, 26 % !

Même Québec se trouve au-dessus de la moyenne québécoise, à plus de 19 %, ce qui préfigure des jours difficiles alors que l'économie locale et entrepreneuriale connaît une remarquable poussée dont l'élan est maintenant menacé par le manque de ressources humaines. Parlez-en aux entrepreneurs de la région - et même aux gestionnaires gouvernementaux qui doivent composer avec des départs à la retraite massifs : les recruteurs en ont plein les bras. On s'arrache les candidats compétents et disponibles.

Si la grande région de Montréal s'en tire mieux, c'est pour une seule raison : sa population active s'accroît parce qu'elle accueille des immigrants. La grande majorité des nouveaux venus s'installent dans la métropole et ses environs, et ils aident ainsi à combler les carences en main-d'oeuvre qui affectent l'économie de plusieurs régions du Québec.

Il faudra bien un jour intégrer ce facteur dans la grande et interminable discussion sur le statut de l'immigration au Québec. C'est vrai, des questions importantes restent à être réglées. Faut-il mieux encadrer les gens qui arrivent ? Devrait-on les accueillir en fonction de leur apport potentiel ? Y aurait-il lieu de favoriser leur déploiement hors de la région métropolitaine ? Comment composer avec l'arrivée soudaine de réfugiés qui espèrent trouver ici une vie meilleure ?

Au-delà de toutes ces interrogations, une certitude s'impose : sans renfort, le Québec vieillissant court à sa perte. On s'entend, il est essentiel de conserver son caractère distinct francophone. Toutefois, le plus grand péril, le plus terrifiant, ce n'est pas que le Québec francophone finisse par disparaître : c'est que le Québec lui-même disparaisse petit à petit, faute de voir sa population se renouveler.

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