Il y a un an, un programme important leur était destiné. Il a ensuite disparu. Alors qu'on n'y croyait plus, un tout nouveau est apparu. Et voici qu'un autre, encore plus généreux, s'apprête à son tour à les courtiser. Les PME québécoises ont la cote !
On vient d'annoncer cette semaine le lancement d'Adrenalys, une initiative privée qui entend appuyer avec des conseils et du financement 25 PME à fort potentiel de croissance. Les fonds prévus sont importants, tout comme les forces en présence. Il est question de 150 millions de dollars et de six partenaires : la Banque Nationale, Fasken Martineau, le Fonds de solidarité FTQ, Raymond Chabot Grant Thornton, Proaction International et la firme de services-conseils Ascendis, à l'origine de ce regroupement.
Le projet était en gestation depuis un bon moment. Et ce n'est pas par hasard qu'il a des airs de parenté avec le défunt programme des gazelles. Le président-fondateur d'Adrenalys et associé d'Ascendis, Dominic Deneault, était du groupe qui l'avait imaginé. Rappelons la nature du programme dit des gazelles. Il visait d'abord à cibler chaque année, pendant trois ans, 100 PME de fort calibre qui devaient bénéficier d'un accompagnement de première classe pour accélérer leur développement ; 200 autres étaient retenues dans une sorte d'antichambre, bénéficiant elles aussi d'un encadrement distinct en attendant d'être officiellement promues au rang de gazelles.
Mais le ministre de l'Économie du nouveau gouvernement Couillard, Jacques Daoust, avait clairement et rapidement fait état de son malaise face à la formule. Il n'aimait pas le principe du choix de PME considérées comme championnes, pas davantage qu'il n'appréciait l'attribution de fonds gouvernementaux - même limités - à leur intention. Toutefois, plusieurs PME avaient déjà consacré temps et argent à monter leur dossier de candidature ; la déception était palpable dans le milieu.
Le ministre Daoust a évité de jeter le bébé avec l'eau du bain lorsqu'il a présenté en février sa propre mouture des gazelles, le programme PerforME. Ce programme repose sur la participation de cinq grands investisseurs institutionnels, hors gouvernement, qui investiront globalement 50 M $ dans le capital-actions de PME jugées exceptionnelles. Celles-ci devront convaincre leurs représentants de faire route avec elles, un peu à la manière des dragons.
Dans ce cas-ci, on appuiera plutôt les projets soumis que les PME elles-mêmes. Le nombre d'initiatives et de PME retenues n'est pas prédéterminé. «Peut-être 100, peut-être davantage, on verra. Nous ne voulons pas de cadre contraignant», me disait alors le ministre.
Sans nier l'intérêt de PerforME, Adrenalys est à la fois plus généreux, plus souple et plus sélectif. Plus généreux, car avec 150 M $, il bénéficie d'un portefeuille trois fois plus imposant. Plus souple, parce que son appui financier consiste tant dans la négociation de prêts que dans la participation au capital de l'entreprise. En ces temps de bas taux d'intérêt, c'est une solution qui peut convenir à bien des PME. Et qui est plus sélectif, parce qu'au bout du compte, 25 PME seront retenues. Pas une de plus.
