Aluminium: comment multiplier les Verbom, cette PME québécoise qui fournit Tesla


Édition du 11 Juin 2016

Aluminium: comment multiplier les Verbom, cette PME québécoise qui fournit Tesla


Édition du 11 Juin 2016

Le constructeur Tesla(Nasdaq, TSLA) remporte en ce moment un succès mondial grâce à ses automobiles électriques performantes et bien conçues, c'est maintenant bien connu. Ce qui l'est moins, c'est qu'une partie du mérite revient à une entreprise de l'Estrie, Verbom, qui construit une partie de la carrosserie des Tesla, en aluminium.

C'est là une réussite remarquable, mais Verbom n'est pas seule en son genre. Dans les faits, les transformateurs québécois se font maintenant valoir dans toutes sortes de domaines. Mais lorsqu'il est question d'aluminium, on s'arrête trop souvent aux multinationales et à la production primaire.

Pourtant, on n'a jamais compté autant d'entreprises actives dans le secteur de la transformation de l'aluminium au Québec. AluQuébec, l'organisation au coeur de cet écosystème qui englobe les producteurs et les transformateurs, dénombre 8 alumineries et... 1 400 transformateurs dans la province ! S'il y a un domaine où la fameuse transformation des ressources dont on rêve tant chez nous s'est imposée au cours des dernières années, c'est de ce côté qu'il faut regarder. C'est là une véritable grappe, encore qu'on pourrait la fortifier.

Mais revenons à Verbom, qui possède un bureau à Sherbrooke et surtout, 140 employés à son usine de Valcourt, où on travaille entre autres sur les Tesla. En 2014, l'entreprise a obtenu le contrat de fabrication de la partie arrière des Tesla X : en aluminium, question de légèreté et aussi de durabilité grâce à tous les nouveaux alliages qui ont été mis au point au fil des ans. On y produit 800 sections de voitures par semaine, ce qui est déjà substantiel, et en raison de la popularité grandissante du modèle et de ceux qui pourraient suivre, la PME des Cantons-de-l'Est est sur une belle lancée.

«Ils y travaillent avec de l'aluminium québécois ?» ai-je naturellement demandé à Jean-Luc Trahan, pdg de AluQuébec.

«Là n'est pas la question centrale», m'a-t-il répondu, en m'expliquant la stratégie que son organisation et lui sont en train de mettre en place. C'est vrai, l'aluminium s'est imposé comme une des forces de l'économie québécoise parce que l'électricité joue un rôle clé dans sa production. C'est l'intrant le plus coûteux, plus coûteux même que la matière première, la bauxite. Or, le Québec profite depuis longtemps de cet avantage incomparable qu'est l'hydroélectricité produite à coût avantageux du fait de nos immenses ressources hydrauliques.

De grandes entreprises ont donc jugé approprié de s'installer ici pour en tirer parti. On parlait à l'époque de Reynolds, d'Alcan et de Péchiney ; on parle maintenant d'Alcoa, de Rio Tinto et du consortium international qui possède le complexe Alouette, à Sept-Îles.

Un modèle semblable à celui de l'aérospatiale

Entre-temps, des centres de recherche ont émergé, notamment au Saguenay, et on s'est mis à entrevoir tout le potentiel de l'aluminium. Des recherches croisées ont été effectuées, qui ont notamment permis la naissance des vélos Devinci, à Saguenay, à la suite d'une collaboration avec l'Université de Sherbrooke. Devinci a également fabriqué de nombreux vélos en libre-service, dont les Bixi montréalais.

En d'autres mots, on a appris à «domestiquer l'aluminium». N'importe quelle sorte d'aluminium, venu de Chine ou d'ici, ce qui a permis l'éclosion de centaines de PME plus imaginatives les unes que les autres.

Les festivals sont nombreux dans le monde, et vous ne saviez probablement pas qu'au moins deux entreprises québécoises proposent des scènes démontables en aluminium, qui présentent notamment l'avantage d'être plus légères : Stageline, de L'Assomption, et Unisson Structures, de Saint-Roch-l'Achigan.

À partir du moment où le châssis du véhicule le plus vendu en Amérique du Nord, le Ford F-150, est en aluminium, le champ est grand ouvert. Pourquoi ne pas en multiplier les applications ?

Cependant, pour consolider la grappe québécoise de l'aluminium, pour en faire véritablement une filière intégrée, il convient de raffermir tous les raisins. Surtout ceux qui touchent à la deuxième transformation. Et c'est ce à quoi s'active AluQuébec.

Admettons que vous fabriquez des produits finis en aluminium. Vous ne pouvez pas débarquer dans des alumineries du Québec en demandant quelques feuilles et quelques billettes... Elles n'en produisent pas. Leur métier, c'est le gros volume de base, les lingots. N'apportez pas votre brouette, elles ne sauront pas la remplir.

Ce sont les entreprises de deuxième transformation, les laminoirs, les fonderies et autres qui agissent comme intermédiaires. Elles offrent aux PME le matériau dont elles peuvent se servir. Et c'est à cet échelon que nous devons nous renforcer, insiste Jean-Luc Trahan, pour rendre encore plus dynamique la grappe québécoise de l'aluminium.

Nous savons produire. Nous savons arriver avec des produits finis. Mais entre les deux, il faut un lien.

Pour la grappe stratégique de l'aérospatiale, le gouvernement vient de mettre l'accent sur les fournisseurs dits de «Rang 1», juste au-dessous des Bombardier de ce monde, capables d'aller chercher des contrats partout pour les trains d'atterrissage ou autres fonctions essentielles, et en mesure de d'octroyer à leur tour des contrats aux PME d'ici.

Pourquoi ne pas continuer dans cette voie ? Celle de l'aluminium est aussi en train de s'imposer chez nous, et elle pourrait contribuer encore davantage à la prospérité du Québec si on sait l'appuyer dans son cheminement.

De mon blogue

Plan Nord

ArcelorMittal et la tuile de la semaine

En principe, l'annonce de la réduction prochaine des activités de la société minière la plus importante du Québec, en termes d'effectifs (2 500 employés), devrait être considérée comme un malheur. Pire, son intention d'arrêter complètement le travail à Fermont et à Port-Cartier d'ici 2030 devrait n'être rien d'autre qu'une malédiction. Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'instant, ce n'est encore qu'une tuile, sérieuse, mais pas davantage. Il reste du temps pour que la situation se redresse et que l'entreprise change d'avis. Ce n'est pas encore une fatalité.

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