Précieux souvenirs de Jean Lapierre, ancien collègue de Les Affaires


Édition du 09 Avril 2016

Précieux souvenirs de Jean Lapierre, ancien collègue de Les Affaires


Édition du 09 Avril 2016

Il n'est jamais trop tard pour honorer la mémoire d'une personne dont on appréciait toujours la compagnie. C'est ce que je vous propose en consacrant ma rubrique de cette semaine à Jean Lapierre.

On l'a peut-être oublié, mais il a été un de nos chroniqueurs réguliers de 1998 à 2001. Et, fidèle à lui-même, il ne se gênait pas pour émettre des opinions tranchées, comme j'en ai été témoin pendant les nombreuses années durant lesquelles nous avons été liés professionnellement.

Au début de 2000, il m'avait demandé d'être son commentateur en économie à l'émission qu'il animait en fin d'après-midi à la radio de CKAC, à Montréal. Il m'avait ensuite recruté pour son téléjournal de fin de soirée à TQS.

Puis, après son deuxième intermède en politique entre 2004 et 2007, nous avons partagé la même plage horaire sur les ondes du 98,5 FM, à Montréal, le matin avec Paul Arcand et l'après-midi avec Paul Houde. Mes souvenirs de ses interventions aussi fermes que colorées, ainsi que de ses inimitables expressions, sont bien vivaces. Parler tout de suite après lui, après ses scoops et ses anecdotes, n'était pas une mince tâche. Mais nous nous sommes bien amusés tout au long de ces années.

Voici donc 8 extraits tirés de quelques-unes de ses 76 chroniques publiées dans Les Affaires. Et vous pourrez noter qu'à bien des égards, la vie est un éternel recommencement...

> Le 27 juillet 1998, il titre «Crier haro sur Bombardier, c'est s'autoflageller». «Plus de 20 000 personnes au Canada travaillent pour cette compagnie, plus de 3 000 fournisseurs lui vendent [des produits] et emploient eux aussi des milliers de salariés. La balance commerciale du Canada profite de ses exportations. Il ne faut pas laisser de vils intérêts régionaux, partisans ou autres prendre le contrôle de l'agenda. Il faut être vigilants, car la concurrence est féroce et les intérêts sont énormes. Nos élus devront dépasser leurs préoccupations à court terme.»

> Le 2 avril 1999, il signe sur un autre sujet d'actualité une chronique intitulée «Les Expos de Montréal, une grosse commande». «Il faudra faire preuve d'imagination afin d'obtenir de l'aide d'Ottawa. Les politiciens fédéraux ne veulent pas créer un précédent qui viendra les hanter ailleurs au pays. La location à long terme du terrain sera-t-elle suffisante pour démontrer la viabilité du projet ? Peut-on compter sur la Ville de Montréal pour se rendre utile ? Ses pouvoirs sont limités et ses coffres sont vides.»

> Le 29 avril 1999, son propos est prémonitoire : «Apprivoiser le vieillissement». «Le phénomène du vieillissement nous frappe chaque jour de plein fouet : qu'il s'agisse d'un collègue "forcé" à la retraite, d'un parent en perte d'autonomie ou d'un autre en quête de services de santé, on nous rappelle constamment que notre société vieillit. Les tendances démographiques nous annoncent que, dans une quarantaine d'années, le Québec sera parmi les plus vieilles sociétés de la planète.»

> Le 12 juin 1999, il implore de «Sauver Montréal, ça presse». «La ville de Montréal périclite ; elle détient des records de pauvreté et la plus grande proportion de locataires au Québec. Ses taxes sont trop élevées, ses infrastructures sont vieillissantes et inadéquates [...] Vingt-neuf municipalités sur l'île de Montréal, c'est beaucoup d'instances, trop d'élus, trop de roitelets et surtout trop d'iniquités. Il faut trouver les moyens de réaliser des économies d'échelle, de créer une nouvelle dynamique, d'abattre les frontières artificielles entre les Montréalais.»

> Le 10 juillet 1999, il pose la question (qu'on entend encore aujourd'hui) «Se serrer la ceinture, pour qui ? pourquoi ?» «Il y a longtemps qu'une telle atmosphère de grogne et de désillusion n'a pas prévalu au Québec. Nous sommes tous surpris de la résistance et de l'esprit frondeur des infirmières, des pharmaciens, des ambulanciers et des autres. Comment des citoyens, autrement respectueux des lois, peuvent-ils braver l'autorité du gouvernement ?»

> Le 11 décembre 1999, après une dure récession, il espère dans sa chronique intitulée «La reprise enfin palpable». «Après des mois d'attente, les statistiques commencent à devenir plus encourageantes. Le taux de chômage du Canada est rendu à 6,9 %, le plus bas depuis 1981. Au Québec, c'est du jamais vu en 25 ans, avec 8,4 %. C'est à Montréal que l'on retrouve le taux le plus bas de la province, avec 8 % de chômeurs. On peut enfin voir des grues qui égratignent le ciel de Montréal.»

> Le 31 mars 2000, le futur ministre des Transports demande : «Aéroports de Montréal, plus de transparence svp». «Prétendre qu'ADM peut agir à sa guise comme s'il ne s'agissait pas de fonds publics est inacceptable. Cette société sans but lucratif gère des installations aéroportuaires payées en entier par les contribuables. Chaque jour, des milliers de voyageurs paient une taxe supplémentaire appelée frais d'amélioration aéroportuaire.»

> Et finalement, le 12 mai 2001, un de ses derniers écrits sur un thème sempiternel : «Pour un Québec carrossable». «La complainte la plus fréquente des Québécois ces jours-ci concerne l'état des routes. De printemps en printemps, l'état pitoyable de nos infrastructures routières devient de plus en plus évident. La frustration des automobilistes atteint de nouveaux sommets, et la congestion provoque de plus en plus de stress et de pertes de temps.»

Allez, bonne route, mon cher Jean...

De mon blogue lesaffaires.com/rene-vezina

St-Hubert

Pas de grosse pancarte «À vendre» sur le Québec

L'annonce de la vente du Groupe St-Hubert à l'ontarienne Cara secoue d'autant plus qu'elle tombe le jour même où les actionnaires de Rona entérinaient la vente de la chaîne à Lowe's. De là à conclure que le Québec tout entier est à vendre...

Ce serait oublier les offensives internationales de CGI et d'Alimentation Couche-Tard, les percées de Lassonde, les incursions de nos PME technologiques à l'extérieur du Québec, et le fait que bon nombre de jeunes entrepreneurs d'ici sont fermement déterminés à se faire valoir au-delà des frontières. Leurs entreprises atteindront-elles un jour la taille de St-Hubert, qui vaut au moins 537 millions de dollars (le montant de la transaction) ? On verra.

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