Pour entrer de plain-pied dans la quatrième révolution industrielle


Édition du 03 Décembre 2016

Pour entrer de plain-pied dans la quatrième révolution industrielle


Édition du 03 Décembre 2016

[Photo : 123RF/Jakub Jirsak]

Le Québec n'est pas condamné à être toujours perdant en matière de délocalisation. En fait, par opposition à la résignation populaire, certaines de ses entreprises sont déjà sur le mode de la relocalisation, ce qu'espère Donald Trump pour les entreprises américaines. Ici, le mouvement est déjà en marche.

On nous en a présenté quelques exemples lors du récent Sommet sur l'innovation tenu à Montréal le 24 novembre, qui visait expressément à convaincre les PME manufacturières de miser au maximum sur les procédés les plus modernes.

Oui, parmi les entreprises qui se sont fait valoir cette journée-là, certaines n'étaient pas précisément des PME.

Mega Brands, l'un des plus importants fabricants de jouets en plastique du monde, compte 1 400 employés à Montréal. Le géant américain Mattel s'était porté acquéreur de l'entreprise en 2014 pour la somme de 460 millions de dollars. Jusqu'à la crise de 2008, 80 % de sa production était effectuée en Chine. Mais depuis, les grands détaillants, comme Walmart, ont réduit de manière importante les délais de livraison, pour ne pas se retrouver avec des stocks invendus si la demande ne suit pas.

Le transport par bateau, qui peut s'étendre sur plusieurs mois avec les formalités avant et après l'embarquement, ne convient plus. Et le transport par avion coûte cher.

Chez Mega Brands, la direction a donc conclu que rapatrier ici une bonne partie de la production s'imposait, dans la mesure où on pouvait miser à fond sur l'automatisation. Ce qui a été fait.

L'usine de l'arrondissement Saint-Laurent compte autant d'employés qu'avant, même si les machines robotisées sont plus nombreuses. Résultat : elle a récupéré la moitié de ce qui était autrefois produit en Chine. Et le contrôle de la qualité y a gagné, avantage non négligeable quand les jeunes clients ont à assembler des tonnes de pièces en espérant qu'il n'en manque pas une seule.

Automatiser et numériser l'ensemble des fonctions de production

C'est là une parfaite illustration de ce qu'on appelle la quatrième révolution industrielle. Elle mise au maximum sur la robotisation et la numérisation de l'ensemble des fonctions de production, ce qui permet d'espérer que se stabilise, et même qu'augmente, la part du secteur manufacturier dans les économies développées.

À cet égard, le Québec a quand même réussi à limiter les dégâts, mais l'enjeu reste costaud. Il y a de l'espoir dans l'air, le gouvernement du Québec l'a reconnu et appuie maintenant cette contre-offensive en y injectant 700 M$. Une tournée panquébécoise est en cours pour la publiciser et inciter les PME à se prévaloir de ce programme.

Le président des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Éric Tétrault, a d'ailleurs livré durant le Sommet un vibrant plaidoyer à l'endroit des dirigeants des entreprises québécoises pour les exhorter à profiter de cette ouverture de Québec à l'égard des manufacturiers. À ses yeux, c'est à la fois une reconnaissance de l'importance du secteur et un message selon lequel il est impératif de se moderniser, pour non pas seulement contrecarrer la concurrence mondiale, mais également pour profiter des occasions qu'elle offre. La meilleure défense, semble-t-il, c'est l'attaque, comme le dit le vieil adage.

Justement, la ministre québécoise de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Dominique Anglade, est venue rappeler l'engagement du gouvernement de Philippe Couillard envers les manufacturiers innovants - pourvu que les fonds prévus soient effectivement disponibles. Certains en profitent déjà.

L'exemple peu connu de Groupe Hypertec

On apprenait, le 25 novembre, que la société Groupe Hypertec, de l'arrondissement Saint-Laurent à Montréal, allait investir 71 M$ pour accentuer ses activités dans le domaine des technologies de l'information. De ce montant, Québec participera à hauteur de 12 M$. Quelque 260 emplois fort bien payés - dans ce milieu, c'est la norme - s'ajouteront à l'effectif d'Hypertec, qui compte déjà 350 employés.

Elle a besoin de renfort pour mener à bien ses projets, notamment : accélérer sa production de serveurs informatiques, héberger des données en infonuagique et recycler d'anciens appareils électroniques. Bientôt, donc, plus de 600 employés. Et gageons que vous n'en avez jamais entendu parler ! Il y a beaucoup de ces secrets bien gardés au Québec, et pas seulement dans le créneau de la haute technologie

On veut ainsi accompagner dans leur expansion près de 4 000 entreprises québécoises, soit environ le quart de celles qui exportent. Compte tenu de la baisse de la population active, notée depuis l'an dernier, ce sera là un important défi. Comment réussir à faire plus avec moins de personnel ? Dans l'équation surgit le recours à l'immigration en dépit des préoccupations identitaires. Que gagnerons-nous si nous ne faisons que piétiner ? Si notre économie se contracte faute de renfort et met à mal des entreprises qui seront forcées de s'éclipser ?

À moins que le Québec ne devienne un champion des gains de productivité. À cet égard, nous sommes malheureusement en queue de peloton en Amérique du Nord. Plaise au ciel que nos PME saisissent les programmes qu'on leur offre pour entrer de plain-pied dans cette quatrième révolution industrielle.

Jean Luc Trahan quitte AluQuébec

La grappe de l'aluminium est l'une des plus dynamiques du Québec, avec de grands producteurs et environ 1 400 transformateurs. Mais pour bien faire, il faudrait davantage d'entreprises actives en deuxième transformation, comme des fonderies et des laminoirs.

Jean-Luc Trahan y a travaillé sans relâche à partir sa nomination comme pdg d'AluQuébec, il y a 18 mois. On vient d'apprendre son départ, pour des raisons qui restent à éclaircir. Il faut souhaiter que l'élan qu'il avait imprimé à l'organisation, lui, se maintienne.

À la une

Résultats des entreprises américaines au 1T: toujours pas d'accroc?

EXPERT INVITÉ. On a remarqué nettement plus de surprises positives que négatives.

Bourse: d'excellents rendements grâce aux «5 magnifiques»

BALADO. Microsoft, Nvidia, Amazon, Alphabet et Meta Platforms ont généré 40% des gains du S&P 500 au premier trimestre.

La moitié des Canadiens soutiennent l’interdiction de TikTok, selon un sondage

Le Canada a ordonné son propre examen de la sécurité nationale au sujet du réseau social TikTok.