Un peu plus et on serait en droit de se dire : «Vivement l'automne». Et ce n'est pas à cause de la météo.

L'été est régulièrement une période heureuse pour le marché de l'emploi, notamment du fait de toutes les activités saisonnières.

Mais au Québec, l'été 2014 aura été marqué par de vives déceptions. Les plus récents bilans mensuels établis par Statistique Canada ne sont guère réjouissants. À noter qu'à la suite d'une erreur, l'organisme doit réviser ses chiffres mais la tendance devrait toutefois se maintenir.

Selon ces compilations, en juin, le Québec avait perdu 3 500 emplois. Apparemment, ce n'était là qu'une variation insignifiante, mais en vérité, le résultat réel était encourageant : un gain de 20 000 emplois à temps plein, atténué par un recul quasi équivalent d'emplois à temps partiel. Au moins, on pouvait se consoler en considérant cette avancée quant à la qualité des emplois.

Juillet est venu tout refroidir. C'est vrai que l'arrivée tardive des beaux jours n'a pas aidé, mais cette fois, c'est l'emploi à temps plein qui a durement écopé. En nombre absolu, nous avons perdu tout ce qui avait été gagné en juin, et même davantage, comme en témoigne cette saignée de 34 000 jobs. Et ce n'est pas la courte remontée de l'emploi à temps partiel, cette fois, qui peut atténuer le choc.

D'ailleurs, le même phénomène a frappé l'ensemble du pays en juillet : gain de 60 000 emplois à temps partiel... mais perte identique pour ce qui est du travail à temps plein. Bilan final : 0.

Et dire que le redressement de l'économie américaine devait finir par nous profiter ! Ces temps-ci, c'est au tour du Canada de manquer de souffle. Et l'activité toujours plus intense dans l'ouest du pays ne parvient pas à masquer les faiblesses récurrentes dans l'est.

Pourtant, n'entend-on pas parler un peu partout de pénurie de travailleurs et des risques que court l'économie québécoise, en mal de jeune relève pour ces milliers de salariés qui commencent ou s'apprêtent à prendre leur retraite ? Pas plus tard que cette semaine, d'ailleurs, on pouvait lire sur LesAffaires.com que l'industrie des TI s'inquiète du manque d'employés qualifiés, un problème qui sévirait un peu partout en Amérique du Nord.

Comme dirait l'autre, si on court après le monde, comment se fait-il que le marché global de l'emploi, lui, se gangrène ?

Parce que ce n'est pas un marché de vases communicants, tout simplement. Ces derniers temps, ce sont les secteurs qui touchent à la construction, aux services aux entreprises et aux soins de santé, qui ont souffert plus que d'autres. En revanche, les milieux de l'information, par exemple, ont vu leur effectif se raffermir. Et les travailleurs libérés à un endroit ne sont pas nécessairement en mesure de rebondir là où on aurait besoin de renfort. Les compétences demandées sont de plus en plus pointues.

L'avenir immédiat est plutôt nuageux, avec les importantes mises à pied annoncées chez Bombardier, par exemple, et la fragilité du secteur des ressources toujours en attente d'un relèvement du cours des métaux. Qui finira par arriver, comme l'embellie qu'on espère si la demande américaine poursuit sa relance. À terme, surtout si la confiance revient, il n'y a pas raison d'angoisser. Le Québec est trop richement doté pour ne pas être en mesure de cavaler avec le peloton. Mais ce n'est pas avec ces plus récents chiffres sur l'emploi que l'État pourra rapidement regarnir son coffre fiscal. Qu'il le veuille ou non, il lui faudra encore compter ses sous.