Oui, il y a de la vigueur hors des grandes agglomérations


Édition du 16 Septembre 2017

Oui, il y a de la vigueur hors des grandes agglomérations


Édition du 16 Septembre 2017

Au printemps 2016, une délégation de gens d'affaires de la MRC du Kamouraska, représentant 16 entreprises, s'est rendue à Montréal afin de se faire connaître et d'établir des liens avec des partenaires potentiels.

Un an plus tard, on a répété l'exercice, vers Québec cette fois, avec 23 entreprises.

Dans les deux cas, des élus accompagnaient le groupe, retrouvant des correspondants ouverts au dialogue en la personne des maires Denis Coderre et Denis Labeaume.

Dans les faits, toutefois, on partait de loin, même si le Kamouraska n'est pas au bout du monde - c'est à peine à 150 km à l'est de Québec. «Pour nous, c'était presque comme partir en mission en Chine !» dit Pascale Dumont-Bédard, directrice générale de Promotion Kamouraska, l'organisme qui pilotait ces tournées.

On peut la comprendre. La méconnaissance du contexte économique des régions est souvent profonde au Québec. Il paraîtrait que leur population est souvent désoeuvrée, qu'on y vit en bonne partie du soutien gouvernemental et qu'à part les touristes occasionnels, il ne s'y passe pas grand-chose...

Corrigeons. Un des premiers objectifs des entreprises du Kamouraska venues à Montréal et à Québec était de recruter du personnel, spécialisé ou non. Le taux de chômage y est bas, et la population y est vieillissante. «Nous voulions aussi donner l'heure juste quant à notre économie», dit Mme Dumont-Bédard. Oui, la plupart des Québécois ont entendu parler de l'usine de Bombardier à La Pocatière, mais qui sait que la filière agroalimentaire est vigoureuse dans la région, tant du côté des producteurs et des transformateurs - comme Aliments Asta de Saint-Alexandre, qui compte près de 500 employés ! - que de la recherche et développement, notamment à La Pocatière ?

Il convient de saluer cette initiative des acteurs économiques du Kamouraska, comme celles de tous ceux qui cherchent à briser les préjugés affligeant les régions du Québec. Et heureusement, ils gagnent des alliés. Comme à Montréal. Le vendredi 10 septembre, on inaugurait officiellement dans le Vieux-Montréal la Maison des régions, un lieu consacré à la connaissance du Québec entier.

Les invités venaient de loin. On y trouvait tant Jonathan Lapierre, maire de la municipalités des Îles-de-la-Madeleine, que son vis-à-vis Pierre Corbeil, de Val-d'Or, en Abitibi, où l'on vient de fermer - temporairement - un restaurant McDonald's, faute de main-d'oeuvre, même après avoir proposé des salaires de 20 % plus élevés que le minimum fixé par la loi.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, était l'hôte de la cérémonie d'inauguration de cette Maison. Il a naturellement parlé de la ville comme d'un catalyseur capable de propulser l'économie du Québec, sachant qu'elle est bien placée pour récolter des retombées avec son offre de services diversifiée. Son message : «Ensemble, on peut aller plus loin.» Et la Ville a investi 1,6 million de dollars dans cette Maison des régions.

Son collègue de Québec, Régis Labeaume, le sait aussi, lui qui a accueilli les gens d'affaires du Kamouraska au printemps.

Alors, pourquoi devrait-on rappeler à d'autres que les régions québécoises ne vivent pas aux crochets des grandes villes et qu'elles ne dépendent pas, au mieux, de l'assurance-emploi, au pire, des programmes d'aide sociale ?

Ce préjugé est malheureusement bien ancré. Il a aussi été nourri par des initiatives gouvernementales bien intentionnées, mais maladroites, qui accordaient aux entreprises des régions dites «ressources» des avantages fiscaux les plaçant en concurrence avec celles du sud du Québec qui n'y avaient pas droit et qui s'en plaignaient.

Cependant, le contexte est en train de changer, plus vite que ce que à quoi on s'attendait. Le Québec est plus entrepreneurial que jamais, selon les relevés du Global Entrepreneurship Monitor (GEM). Les élans entrepreneuriaux surgissent dans des régions qu'on considérait jadis comme des parents pauvres de l'activité économique. Sauf qu'en plus du renfort, elles ont besoin qu'on les voie comme des partenaires à part entière de l'économie et qu'on reconnaisse leur contribution.

Pour y parvenir, il faut que ce soit connu. Or, la diffusion de l'information est - pour demeurer poli - déficiente. À moins d'un désastre ou d'un scandale, il devenu rare de trouver dans les grands médias des nouvelles témoignant de percées ou de réussites notables en région. Et je ne parle pas de «la bonne nouvelle GM» aux accents jovialistes, comme pour se donner bonne conscience. Je parle simplement d'un regard sur la vie de tous les jours.

De là un des champs d'intérêt de la Maison, qui fera une bonne place aux succès des régions, en plus de présenter des événements thématiques. De là, également, la pertinence des tournées que ce journal mène depuis le début de l'année aux quatre coins du Québec pour vous présenter, dans ses reportages intitulés «Focus», des municipalités qui se démarquent par leur vitalité économique.

Vous trouverez d'ailleurs dans ce numéro des articles sur le Bas-Saint-Laurent, en particulier sur Rivière-du-Loup, nommée première ville entrepreneuriale du pays selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (voir les pages 19 à 22). Rivière-du-Loup ne l'a pas volé. Et c'est en même temps un signal puissant : oui, il y a de la vie et de la vigueur hors des grandes agglomérations. Il suffit d'aller voir.

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