On parle des régions juste quand ça va mal

Publié le 28/02/2016 à 17:34

On parle des régions juste quand ça va mal

Publié le 28/02/2016 à 17:34

La coïncidence était étonnante, et en même temps inquiétante.

Coup sur coup, samedi, les deux plus importants quotidiens du Québec, La Presse et le Journal de Montréal, y sont allés en première page d’une manchette sur des villages québécois… et leurs misères.

La Presse évoquait le cas de La Martre, en Gaspésie, dont les citoyens n’ont plus accès à de l’eau potable depuis 16 ans, tandis que le Journal citait en exemple une demi-douzaine de petites municipalités menacées de dévitalisation d‘un bout à l’autre du Québec.

La coïncidence est étonnante, parce que les grands médias nationaux parlent rarement de la vie dans les villages québécois qui ne font pas le poids face aux grands enjeux. Comme l’information est de plus en plus concentrée, on a plutôt tendance à les oublier.

Mais également inquiétante, puisque leur situation a été jugée assez sérieuse pour mériter la Une de ces deux quotidiens. On commence à se rendre compte que le Québec est vraiment en train de se fracturer et que plusieurs sous régions déclinent, comme inexorablement.

D’abord, un commentaire, et je pense être bien placé pour l’émettre. Depuis mon arrivée au journal Les Affaires, il y a une quinzaine d’années, j’ai fait du développement régional une de mes spécialités. J’ai sillonné le Québec de part en part, de l’Abitibi aux Iles de la Madeleine et du Québec nordique aux frontières américaines.

Et souvent, lorsque je m’y retrouve et que je parle aux gens, la même question revient: «Pourquoi parle-t-on de nous seulement quand ça va mal, en mettant l’accent sur nos problèmes, alors que plusieurs d’entre nous travaillons d’arrache-pied pour imaginer des solutions ?»

Ils ont bien raison. Mais Good news is no news, comme disent les anglophones. Pourquoi s’attarder, par exemple, aux mérites de la coopérative laitière jeannoise Nutrinor alors qu’on peut effrayer en parlant de la baisse chronique de population au Lac Saint-Jean?  Pourquoi rappeler que la Gaspésie est, de toutes les régions du Québec, celle où Internet est le plus accessible (pour 99 % de la population), tandis que le réflexe veut qu’on s’arrête aux misères de la mer, de la forêt ou des mines?

Parallèlement, les politiques sont déterminées dans les grandes villes, là où les lobbys ont beau jeu de se faite entendre et de mener des campagnes sur des beaux principes dont on sous estime l’impact sur les citoyens de ces régions, quand on ne se contente pas simplement de les ignorer.

Laissez-moi vous rappeler en terminant une histoire qui montre bien comment on se fiche en haut lieu de ce qui peut leur arriver.

Au début des années 2000, quelques promoteurs montent un projet de mini-centrale hydroélectrique sur la rivière Trois-Pistoles, dans la MRC des Basques. C’était, et c’est encore, une des MRC les mois fortunées du Québec, et une de celles où l’âge médian est le plus élevé. C’est pourtant un des plus beaux coins de pays au Québec… mais là n’est pas la question.

Ils obtiennent toutes les autorisations et tous les permis. Ils s’engagent à verser en redevances au moins 100 000$ à la MRC tout au long de la vie utile de la centrale, ils prévoient un parc linéaire, l’électricité produite (4 mW) sera vendue 4,8 cents le kW à Hydro-Québec (la moitié du coût des parcs éoliens de ce jour). Tout est beau… jusqu’à ce qu’une frange écolo alertée par un citoyen du coin hostile au projet, s’en empare et monte une campagne anti.

Des élections s’en viennent, le gouvernement de Bernard Landry, en réélection, craint des contrecoups.

Vous savez ce qui est arrivé?

Le gouvernement Landry a bloqué le projet, et comme c’était gênant, il a versé en compensation 3,6 millions $ (de vos taxes et impôts) à ces promoteurs pour les écarter.

Autrement dit, on a payé pour empêcher le développement d’un actif, qui, je le rappelle, avait franchi toutes les étapes réglementaires. Et la MRC n’a jamais touché un sou de ces redevances qui lui auraient été bien utiles.

Et après ça, on se demande encore pourquoi certaines régions souffrent? Et pourquoi les solutions apparaissent hors de portée?

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