Lorsque dignité et persévérance scolaire vont de pair


Édition du 16 Janvier 2016

Lorsque dignité et persévérance scolaire vont de pair


Édition du 16 Janvier 2016

En 1804, pour la première fois dans le monde, un pays, Haïti, abolissait l'esclavage. La date est à retenir, puisqu'elle «souligne la persévérance d'un groupe d'hommes et de femmes croyant en l'égalité de tous et à la dignité pour tous». C'est ce qu'on peut lire sur la page d'accueil du site de Fonds 1804, un organisme québécois qui se consacre lui-même à une autre forme de dignité : celle qui accompagne la réussite scolaire.

Mais pour réussir, il faut persévérer. Or, on le sait, le décrochage scolaire reste un fléau au Québec. Il est encore plus prononcé en milieu défavorisé... et chez les jeunes Noirs.

«En 2008, la professeure Marie Mc Andrew, de l'Université de Montréal, a publié une étude qui démontrait un retard significatif des jeunes Noirs québécois dans l'obtention de leur diplôme au secondaire», dit Édouard Staco, président - bénévole - de Fonds 1804.

Dans la vraie vie, il est directeur du service des ressources technologiques au Cégep de Saint-Laurent. Il est d'origine haïtienne, tout comme Frantz Benjamin, conseiller du district de Saint-Michel, président du conseil de la Ville de Montréal et président du conseil de Fonds 1804. Ils sont tous deux à la base de ce mouvement qui fait la promotion de la persévérance scolaire chez les jeunes plus à risque que d'autres d'abandonner.

La lecture de l'analyse de Marie Mc Andrew les avait secoués, puisqu'elle signalait un écart important entre ces jeunes moins outillés et la moyenne des étudiants québécois. Mme Mc Andrew s'y connaît bien, elle qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'Éducation et les rapports ethniques. Ses recherches montraient que le taux de diplomation moyen en cinq ans au secondaire, la durée normale des études, était de 65 % au Québec ; mais chez les jeunes Noirs, il n'était que de 45 %. Oui, certains se rattrapent, mais ce retard était symptomatique d'un véritable malaise.

«Le portrait était assez brutal, concède Frantz Benjamin. Nous nous sommes dit qu'il fallait faire quelque chose, pas en décriant la situation, pas en démotivant les jeunes, mais en les aidant concrètement.»

De là est né, en juin 2013, le Fonds 1804. Son premier objectif : favoriser la persistance scolaire en attribuant des bourses fondées non pas sur l'excellence, mais sur le potentiel et les besoins. Les débuts ont été modestes. La première année, on a recueilli et redonné 10 000 $. La deuxième, 25 000 $. Puis, la campagne de financement qui vient de se terminer a haussé ce montant à 50 000 $. «Nous redonnons tout ce que nous recueillons, explique Édouard Staco, puisque nos frais d'administration sont de 0 % !» Il est membre du conseil du YMCA, section Québec, organisme qui a gracieusement accepté de gérer les finances du Fonds.

Ses artisans peuvent donc se consacrer à l'essentiel de leur tâche, soit de solliciter des dons et de s'assurer qu'ils servent aux jeunes qui en ont besoin.

«La première année, dit Frantz Benjamin, 65 % des fonds provenaient des individus du milieu, et 35 %, des entreprises. Cette année, la proportion est égale. Même Mme Mc Andrew a offert une bourse en son nom !»

Avec le temps, le public cible s'est transformé. On ne dessert plus seulement la communauté noire. Au gala 2015, tenu en mai dernier, la moitié des 64 bourses distribuées l'ont été à des jeunes d'autres milieux. «Même une Québécoise de souche a été choisie», précise Édouard Staco, qui ajoute que le concours est ouvert même s'il semblait urgent, au départ, d'intervenir dans des secteurs ciblés.

Des histoires touchantes

Les jeunes ne peuvent pas déposer eux-mêmes leur candidature. Ils doivent être recommandés par des enseignants, des travailleurs communautaires ou quiconque est en mesure d'évaluer le potentiel de jeunes en difficulté. Et les histoires sont déjà touchantes.

«Je pense à ce jeune qui a passé cinq mois dans le coma à la suite d'un accident, d'un autre qui a vécu le tremblement de terre en Haïti, ou d'un jeune autiste qui a réussi à force de travail à terminer son secondaire... Si nous pouvons leur donner un coup de pouce supplémentaire, c'est déjà ça», dit Édouard Staco. «Pour bien des jeunes - et pour leurs parents -, le fait de recevoir une bourse devient la toute première fois où on leur témoigne officiellement de la confiance quant à l'école», ajoute Frantz Benjamin. La période de mise en candidature pour celles qui seront décernées ce printemps commence dès maintenant, à la mi-janvier.

En passant, le champ d'intervention englobe maintenant les cinq commissions scolaires de Montréal et même au-delà. L'idée fait son chemin à l'extérieur de l'île.

Dans l'immédiat, on a de grands projets dans le cadre du 375e anniversaire de Montréal. «Nous entendons remettre 375 bourses, rien de moins, assure Frantz Benjamin, et afficher sur notre site Web 1 804 histoires de persévérance racontées en quelques minutes.»

Question de motiver les troupes, de rappeler qu'on peut inverser le courant et que les gens venus d'ailleurs - il y en aura toujours plus - seront en meilleure position pour contribuer à notre bien-être collectif si on leur en donne la chance. Bravo !

De mon blogue

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On doit maintenant s'en remettre aux deux grandes provinces manufacturières, le Québec et surtout l'Ontario, pour mener la charge, pourvu que l'avantage d'un huard faible se fasse sentir et profite aux exportations, comme le souhaite le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz. Mais le pays ne pourra pas rouler indéfiniment avec des cylindres en moins. L'année 2016 risque à son tour d'être blême en matière de performance économique au pays. Le nouveau gouvernement libéral aura fort à faire pour ne pas voir sombrer les finances du pays dans l'encre rouge foncé, d'autant que la réalisation de ses nombreuses promesses sera coûteuse.

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