Le Québec a de plus en plus d'appétit pour l'entrepreneuriat


Édition du 12 Novembre 2016

Le Québec a de plus en plus d'appétit pour l'entrepreneuriat


Édition du 12 Novembre 2016

[Photo : Shutterstock]

En 2009, 7 % des Québécois se disaient intéressés à se lancer en affaires en créant une entreprise.

Aujourd'hui, sept ans plus tard, ce taux a triplé. Il s'établit maintenant à 21 %.

C'est là un bond spectaculaire, signale la Fondation de l'entrepreneurship du Québec, et elle a bien raison.

En collaboration avec la firme Léger, elle vient tout juste de dévoiler lors d'un événement spécial son Indice entrepreneurial québécois 2016, en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec et l'Institut d'entrepreneuriat Banque Nationale - HEC Montréal.

J'en animais la présentation et je me trouvais donc aux premières loges pour réaliser à quel point, collectivement, nous sommes en train de changer d'attitude à l'égard de l'entrepreneuriat. On voit apparaître toutes sortes d'entrepreneurs, certains férus de hautes technologies, d'autres plutôt tournés vers l'entrepreneuriat social, le secteur des services, le commerce en ligne ou tout ce qui se rattache de près ou de loin au monde des affaires.

Vous doutez de cette évolution de la perception des Québécois face à l'idée même de l'entrepreneuriat ? Sachez que les données de l'Indice de la Fondation de l'entrepreneurship rejoignent ce que révélait il y a quelques semaines la plus récente livraison du Global entrepreneurship monitoring (GEM), maintenant sous la gouverne de l'UQTR pour son volet québécois. Il en a été question dans cette rubrique à la mi-octobre («Le Québec au tableau d'honneur de l'entrepreneuriat mondial», le 15 octobre).

En résumé, on y apprenait qu'environ un Québécois sur huit (13,5 %) pouvait être qualifié d'entrepreneur émergent s'étant effectivement lancé en affaires. C'est le pourcentage le plus élevé de toutes les économies développées sur la planète !

Les jeunes de 18 à 24 ans sont particulièrement fonceurs, mais ils ne sont pas les seuls : les gens de 25 à 54 ans sont aussi au sommet du classement mondial pour ce qui est de leur activité entrepreneuriale émergente.

Oui, malgré le scepticisme, voire l'incrédulité avec lesquels ces résultats ont parfois été accueillis, notre population est devenue une des plus entreprenantes du monde !

L'Indice que vient tout juste de présenter la Fondation renforce cette conviction avec un ensemble de données particulièrement instructives en ce qui concerne cette fois-ci les intentions.

> Plus de 42 % des jeunes de 18 à 34 ans songent à se lancer en affaires ;

> Le tiers des immigrants (32,3 %) ont le même projet ;

> Les hommes sont encore davantage enclins à envisager l'entrepreneuriat que les femmes, à 25,9 % par rapport à 16,3 %.

On dit d'ailleurs que c'est notamment par elles que passera le prochain élan entrepreneurial du Québec, puisqu'à cet égard, leur potentiel est loin d'avoir été pleinement mis en valeur. Surtout quand on considère qu'elles sont maintenant en majorité dans les écoles de gestion partout au Québec.

Et le Réseau M, né de la Fondation de l'entrepreneurship, constitue un des plus formidables atouts dont nous disposions pour soutenir les nouveaux entrepreneurs. M vaut pour mentors et mentorés.

Les mentors sont des gens d'affaires, des professionnels ou d'autres personnes rompues aux enjeux entrepreneuriaux (et souvent retraitées) qui accompagnent bénévolement de nouveaux entrepreneurs, non pas pour leur dire quoi faire, mais d'abord pour les assister lorsqu'on le leur demande.

Au dernier décompte, le Réseau M comptait au Québec quelque 1 500 mentors actifs pour 3 700 mentorés. À cet égard, le Québec est à juste titre reconnu comme un modèle partout au Canada. Ces gens d'expérience peuvent souvent faire la différence.

C'est Charles Sirois, président du conseil de la Fondation (et président du conseil de Telesystem), lui-même entrepreneur émérite, qui le faisait remarquer en ouverture de l'événement. Une majorité de nouvelles entreprises, environ 58 %, ne réussissent pas à survivre au moins cinq ans après leur création. Mais si elles sont accompagnées par des mentors, leur taux de survie double !

Il reste encore beaucoup de chemin à faire, beaucoup de complexes à éliminer, mais nous avons toutes les raisons de nous en féliciter : de plus en plus de gens, chez nous, ont décidé de prendre leur destinée en mains. Le Québec peut, et devrait, s'en réjouir.

Un nouveau fonds Desjardins pour le Québec

Directrices et directeurs de caisses populaires et de centres financiers aux entreprises, mieux vaut vous préparer !

Si les voeux du nouveau président du Mouvement, Guy Cormier, se réalisent, vous allez bientôt recevoir de nombreuses demandes d'ouverture de dossier par des gens avec qui vous traitez, qui vont vouloir profiter du tout nouveau fonds de développement nanti d'une enveloppe de 100 millions de dollars sur trois ans, que vient de lancer Desjardins.

Le fonds veut appuyer des initiatives qui visent à améliorer la vie des communautés, que ce soit pour stimuler l'entrepreneuriat, le soutien aux personnes âgées, le transfert d'entreprises agricoles, bref, n'importe quoi qui puisse insuffler localement de l'énergie et dynamiser l'économie de ces milieux.

Ce sont les institutions locales qui canaliseront les demandes et qui auront pour tâche d'aider à monter un dossier convaincant.

Guy Cormier ne veut surtout pas associer cette initiative à une sorte de prix de consolation pour des régions qui ont parfois vu Desjardins réduire sa présence en fermant des caisses ou des points de service. Pour lui, c'est essentiellement là une mesure qui vient prolonger l'engagement du mouvement partout au Québec ainsi qu'en faveur des territoires servis par les caisses en Ontario.

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