Le libre-échange, et autres défis pour les fromages et le boeuf d'ici


Édition du 22 Avril 2017

Le libre-échange, et autres défis pour les fromages et le boeuf d'ici


Édition du 22 Avril 2017

[Photo: 123rf]

C'est un cas classique de «If you can't beat them, join them».

L'industrie fromagère européenne va bientôt pouvoir augmenter de 30 % ses exportations vers le Canada, conséquence de l'accord de libre-échange récemment conclu. Même si la consommation de fromages est en hausse au pays, les fromagers canadiens risquent fort de voir leurs parts de marché glisser entre les mains de ces nouveaux concurrents. Le volume des exportations européennes passera de 13 000 tonnes à 17 000 tonnes.

Et si, pour reprendre l'expression, on transformait le problème en occasion ? Si nos entreprises fromagères devenaient ici les distributrices de ces volumes additionnels ? Elles pourraient en retirer de nouveaux revenus et ainsi atténuer le choc, tout en développant de nouvelles relations d'affaires avec l'Europe.

C'est ce que demande l'Alliance canadienne de fromagers, qui est présidée par Roger Bergeron, PDG de la Fromagerie Bergeron, de Saint-Antoine-de-Tilly, près de Québec, et qui regroupe 37 PME canadiennes. On ne parle pas de géants comme Agropur ou Saputo ni d'artisans qui occupent une niche : les membres de l'Alliance se situent au milieu. La Fromagerie Bergeron, par exemple, emploie 250 personnes.

«Chaque quota supplémentaire devient une arme commerciale qui nous défavorise, parce que les produits importés coûteront moins cher», dit-il, rappelant qu'au pays le prix du lait est prédéterminé du fait du système de gestion de l'offre. Ce n'est pas le cas en Europe, où les prix sont en baisse depuis quelques années. Avec une matière première moins chère, les producteurs européens peuvent présenter une offre avantageuse et mettre leurs concurrents canadiens sur la défensive. «Notre réglementation nous défavorise», ajoute M. Bergeron.

Aux fins de la discussion, Roger Bergeron ne remet pas en cause le principe même de la gestion de l'offre. Il ne nie pas non plus que les consommateurs canadiens pourront avoir accès à une plus grande diversité de fromages, parfois plus abordables. Il signale simplement que les règles du jeu sont différentes et qu'elles handicapent les producteurs d'ici, même s'ils travaillent sans relâche à devenir plus efficaces.

Survient la question de savoir à qui le gouvernement canadien accordera les licences d'exportation. En d'autres mots, qui seront les intermédiaires ? Les grandes chaînes, les distributeurs existants ou les fromagers ? Voilà l'enjeu, et on s'attend à ce que la décision du ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, soit rendue incessamment.

Encore faudrait-il, si elle penche en faveur des fromagers, que ceux-ci s'ajustent aux besoins du marché de détail. C'est lui qui déterminera en quoi consisteront ces milliers de tonnes additionnelles. Quel fromage, de quel type, de quel pays...

«Il suffira de réagir aux demandes, dit Roger Bergeron. Si une chaîne souhaite du parmesan d'une région italienne en particulier, nous nous arrangerons pour le dénicher.» Qui ça, nous ? «Les quotas d'importation seront répartis en fonction du poids respectif de chaque membre de l'Alliance», précise-t-il.

Il voit un autre avantage, non négligeable, à cet éventuel mandat : il contribuerait fortement à l'internationalisation des fromagers canadiens en les incitant à nouer des liens avec des partenaires européens. Après l'importation ici, pourquoi pas l'exportation là-bas lorsque ça en vaudra la peine ? Sans compter la possibilité de se frotter aux meilleures pratiques et d'améliorer les méthodes.

«Oui, cette ouverture à la compétition peut être dommageable, mais on pourrait la tourner à notre avantage en misant sur l'innovation, un des mantras du gouvernement Trudeau», conclut-il.

En attendant, le remarquable essor des fromages locaux se poursuit. Ils ne cessent de gagner la faveur des consommateurs.

Du boeuf certifié Québec en marché

Les aliments québécois ont d'ailleurs la cote. Homards du Québec, fraises du Québec, agneau du Québec... et voici maintenant le boeuf du Québec. Ou plus précisément, Boeuf Québec.

Le produit et l'appellation ont été lancés officiellement le 8 mars, fruit d'une alliance entre Colabor et la Société des parcs d'engraissement du Québec. L'objectif ? Présenter un produit qui répond aux normes les plus élevées de qualité, de traçabilité et de production durable, compte tenu de tout le débat qui entoure l'industrie.

«Il s'agit ici de boeuf élevé au Québec, abattu au Québec et transporté au Québec», dit Michel Gagné, directeur-général de Viandes Lauzon, une division de Colabor.

Pour l'instant, Boeuf Québec correspond à près de 200 têtes de bétail qui arrivent chaque semaine sur le marché, ce qui représente 11 % de la production québécoise. Leur destination ? Les établissements La Cage, des restaurants indépendants comme Joe Beef à Montréal, des épiceries, ainsi que des boucheries qui n'offrent pas tant un produit générique que de niche. Encore que...

«Notre programme pourrait avoir un effet d'entraînement, dit Michel Gagné, et inciter plus de producteurs à y adhérer pour obtenir le volume nécessaire et approvisionner les grandes chaînes.»

Aujourd'hui, les consommateurs, inondés d'information de toute part, recherchent autant les bons prix que l'assurance de la salubrité des aliments qui se retrouvent dans leur assiette. Même s'il coûte un peu plus cher - un peu -, Boeuf Québec pourrait les rassurer, de la façon la plus savoureuse qui soit.

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