La reprise internationale va finir par rescaper le Québec


Édition du 14 Décembre 2013

La reprise internationale va finir par rescaper le Québec


Édition du 14 Décembre 2013

BLOGUE. Ce n'est pas le genre de prévisions qu'on aurait souhaité entendre à l'égard de l'économie québécoise.

De passage à Montréal au début de décembre, le réputé économiste français Évariste Lefeuvre, de la banque Natixis, a signalé que les perspectives demeuraient tièdes quant au prix des métaux de base en 2014. L'offre reste trop élevée pour la demande, parce que la Chine n'a pas ralenti sa production d'acier et d'aluminium. Les prix demeureront donc sous pression. Celui de l'aluminium, par exemple, est aujourd'hui plus bas de 44 % par rapport à la période prérécession.

Il faut donc s'attendre à ce que les grandes alumineries présentes au Québec, Alcan et Alcoa, continuent de négocier serré avec Hydro-Québec pour alléger leur facture d'électricité ; ce ne sont pas non plus des conditions propices à l'annonce de grands projets. Il en va de même pour l'industrie de l'acier, elle aussi en surcapacité de production en Chine. Le prix du minerai de fer en souffre.

La firme PwC vient d'ailleurs de faire paraître une analyse qui montre que les prix de l'or, de l'argent et du cuivre devraient eux aussi végéter au cours des prochains mois. À part, peut-être, un léger sursaut de la demande à cause des médailles olympiques...

Sérieusement, 2014 ne s'annonce pas comme une période faste pour l'industrie minière, pourtant cruciale dans l'économie québécoise. Le Québec aura beau produire davantage de sirop d'érable, il a besoin de mettre en valeur ses immenses richesses naturelles. Au moins, la nouvelle loi sur les mines devrait aider à clarifier le paysage. Le flou des derniers mois a fait mal, même si nous sommes toujours tributaires de l'activité internationale.

À cet égard, le Conference Board arrive à point nommé avec de meilleures nouvelles.

D'après l'organisme, les entreprises privées vont accélérer leurs investissements au Québec en 2014. Elles voudront être prêtes à participer à la vigueur renouvelée de l'économie américaine, ainsi qu'au redécollage (attendu) de celle de l'Union européenne. Inspirés par ce meilleur climat de confiance, les consommateurs devraient eux aussi ouvrir leurs goussets - pourvu qu'ils ne s'enfoncent pas davantage dans les dettes.

Un sursaut peu convaincant

Si ces prévisions se réalisent, le marché de l'emploi connaîtra enfin un véritable rebond.

Le Québec a traîné la patte en 2013, et le sursaut qu'on a apparemment connu à la fin de l'année devient moins convaincant lorsqu'on creuse les statistiques. Par exemple, le Québec a engrangé 8 500 emplois en novembre, selon les résultats de la plus récente enquête de Statistique Canada sur la population active ; mais dans les faits, il en a gagné 40 500 à temps partiel et perdu 32 000 à temps plein. En d'autres termes, ce n'est pas le genre d'«améliorations» qui va nous enrichir.

Le dollar canadien pourrait aider s'il reste en retrait de sa contrepartie américaine. Après cinq années de relative parité, où il a même survolé pendant de longs moments le dollar américain, il s'est replié ces dernières semaines au point de se négocier à 93 ou 94 cents américains. Peu d'analystes pensent qu'il peut regagner les sommets, du moins à moyen terme. Les exportateurs touchés par sa vigueur prolongée obtiendront donc un répit.

Le Québec, tout comme l'ensemble du Canada, doit accroître ses exportations pour assurer sa prospérité. Ici, le Conference Board cible notamment les industries forestières et aérospatiales comme étant celles qui pourraient bénéficier de ce contexte plus favorable. Et ce sont des secteurs qui pèsent lourd dans l'économie québécoise.

Que nous réservera 2014 ?

Si le Québec était situé en Europe, avec cette croissance même anémique de 0,9 % en 2013, il ferait figure de champion. Au royaume des aveugles, dit le dicton, les borgnes sont rois. Mais dans l'ensemble canadien, il donne plutôt l'impression de lambiner. Il est fini, le temps où nous pouvions bomber le torse en soulignant que nous avions moins souffert de la récession que d'autres. La descente a été moins brutale, mais la remontée est aujourd'hui plus laborieuse.

Que nous réserve 2014 ? Ce pourrait difficilement être pire qu'en 2013, où la combinaison de maladresses gouvernementales, de révélations scandaleuses et de ralentissement de la demande mondiale a fait plonger les finances québécoises dans le rouge vif. Avec un peu plus de réalisme et d'intégrité, et en misant sur la vigueur retrouvée de nos partenaires commerciaux, nous devrions retrouver l'allant temporairement perdu.

À la une

É.-U.: l’ex-pape des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried condamné à 25 ans de prison

Il y a 50 minutes | AFP

Lors de l’audience devant un tribunal de New York jeudi, le juge fédéral Lewis Kaplan n’a pas mâché ses mots.

Bourse: les actions de l’énergie et des métaux de base font grimper le TSX

Mis à jour à 12:30 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Wall Street ouvre sans tendance la dernière séance du trimestre.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.