L'héritage de Bernard Morency : nous assurer une retraite décente


Édition du 08 Juillet 2017

L'héritage de Bernard Morency : nous assurer une retraite décente


Édition du 08 Juillet 2017

Le tiers des Québécois misent sur le jackpot à la loterie pour mieux profiter de leurs vieux jours. Invraisemblable ? C'est pourtant ce que révélait un sondage mené en 2012 pour le compte de la BMO. On part de loin, au Québec !

Pas grave, quand viendra le temps de se retirer, une grosse main sortira des nuages en tendant un chèque imposant... la grosse main étant celle de l'État providence. Des millions de Québécois, qui ne bénéficient pas de retraites dorées garanties par un employeur, y rêvent toujours. Oui, ils seront éligibles aux paiements de la Sécurité de la vieillesse (la fameuse «pension»), mais elle est loin d'être généreuse, avec un maximum annuel de moins de 7 000 $. Les moins nantis pourraient aussi profiter du programme de Supplément de revenu garanti, mais ce n'est pas non plus le Pérou.

Le principal soutien viendra alors, pour ceux et celles qui y auront cotisé durant leur vie active, du Régime de rentes du Québec (ou du Régime de pensions du Canada). Un autre sondage mené en 2012 signalait qu'une très forte majorité de répondants québécois (94 %) voyaient là leur planche de salut à l'heure de la retraite.

Oui, mais... la rente maximale atteint aujourd'hui à peine 13 750 $. Globalement, les régimes publics ne versent donc qu'un peu plus de 20 000 $, au maximum. De là l'importance du travail et des réflexions de Bernard Morency.

Peu de Québécois, ou même de Canadiens, peuvent prétendre mieux s'y connaître en matière de retraite. Avant de joindre la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) en 2007, Bernard Morency a passé près de 33 ans chez Mercer, la grande firme internationale experte en gestion des retraites et autres avantages sociaux. De 2000 à 2006, à partir du siège social de New York, il en était le responsable à l'échelle mondiale. C'est alors qu'il a répondu à l'appel d'Henri-Paul Rousseau, alors PDG de la Caisse, pour devenir le premier vice-président, déposants, stratégie et chef des opérations de la CDPQ.

Son parcours dans cette institution s'est terminé début juin. Après 10 ans, il a quitté la Caisse et il se dit maintenant, en souriant, «agent libre», convaincu de l'urgence de réformer les régimes publics pour assurer une meilleure vie aux gens âgés.

C'est ce à quoi s'était attelé le comité d'Amours, du nom de son président, Alban d'Amours, ancien président du Mouvement Desjardins. Bernard Morency en faisait partie. La Régie des rentes du Québec avait suggéré la formation de ce comité fin 2011.

De nombreuses recommandations ont émané de ce vaste travail. Bernard Morency en retient principalement trois, dont l'une vient d'aider à régler des conflits de travail qui n'en finissaient plus à Montréal.

La première, technique, touche à l'obligation pour les régimes de retraite privés d'être capitalisés, autrement dit d'être toujours en mesure de payer leur dû aux salariés le moment de leur retraite venu. «Cet enjeu de solvabilité était central, au point où plusieurs entreprises se disaient qu'il valait mieux mettre fin aux régimes à prestations déterminées que de risquer l'avenir», dit M. Morency. Au moins, aujourd'hui, on leur laisse jusqu'à 10 ans pour se remettre à flot et redevenir solvables. Pour l'essentiel, l'objectif est atteint.

La deuxième recommandation a conduit à des débats acrimonieux au Québec et permis aux marchands de pantalons de clown de faire de bonnes affaires : on demandait que le partage des risques soit réparti moitié-moitié entre les employeurs et les employés, et donc, que les contributions soient également réparties (50-50). Pendant quatre ans, à Montréal, les policiers et les pompiers syndiqués ont résisté et manifesté. «Pourtant, c'était juste une question d'équité, dit Bernard Morency. On voulait éviter que le fardeau retombe trop lourdement sur les contribuables qui, souvent, n'ont même pas de régime de retraite.» Heureux résultat : pour empêcher que la Ville de Montréal, par exemple, n'impose unilatéralement ses vues, les syndicats en question viennent tour à tour d'accepter une nouvelle entente. Toutes les parties vont s'en féliciter, mais, sans les travaux du comité d'Amours, les pantalons de clown feraient encore partie de l'uniforme.

La troisième recommandation touche l'ensemble de la population et vise la bonification du Régime de rentes du Québec par la création d'une «rente de longévité» qui commencerait à être versée à 75 ans. Il faudrait cotiser davantage, l'équivalent de 0,50 % de plus, pendant 40 ans, avec partage moitié-moitié entre employés et employeurs (les travailleurs autonomes, eux, auraient à payer ce supplément au complet). Il en résulterait une hausse substantielle des rentes versées. Actuellement, celles-ci atteignent au plus 25 % du maximum des gains admissibles (MGA), établi à 55 000 $, donc environ 13 750 $. La rente de longévité, quant à elle, équivaudrait à 20 % du MGA, soit 11 000 $ de plus. Le gain serait appréciable. «Ce serait la façon la plus efficace pour un travailleur de bonifier sa retraite, dit Bernard Morency. Et le ministre des Finances, Carlos Leitão, est en train de se rallier à l'idée, selon moi.»

On verra. Le vieillissement de la population est un enjeu de société, certes, mais c'est d'abord et avant tout un enjeu individuel. Vivre sans craindre de tomber dans l'indigence est un objectif tout à fait légitime. Si on l'écoute, Bernard Morency pourra se dire que sa mission a été en partie accomplie.

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