L'essentiel, c'est de multiplier les revenus

Publié le 12/09/2015 à 15:00

L'essentiel, c'est de multiplier les revenus

Publié le 12/09/2015 à 15:00

Au moins, en cette fin d’été morose – avant que l’automne ne devienne chaud dans les relations de travail – on a eu droit à quelques annonces revigorantes pour le marché de l’emploi au Québec. C’est le genre d’annonces qui pourraient, ou devraient, inciter le gouvernement du Québec à y aller mollo dans sa quête de l’équilibre budgétaire, vu comme un dogme au détriment d’un sain pragmatisme.

On y reviendra plus loin. Pour l’instant, en matière de création d’emplois, voici deux cas inspirants parmi d’autres, sans compter toutes les initiatives des PME qui ne font pas nécessairement les manchettes.

Après de longs mois d’attente, Nemaska Lithium peut maintenant aller de l’avant avec sa mine de Whabouchi, 300 kilomètres au nord-ouest de Chibougamau. Certificat du ministère de l’Environnement en main, la société peut envisager un vrai plan de match et aller solliciter des investisseurs internationaux. À moins d’autres pépins, les travaux de mise en place devraient commencer dès 2016.

À terme, pour la mine, le transport du minerai et l’usine de transformation désormais prévue à Shawinigan, il est question de 300 emplois qui ne seront pas rémunérés au salaire minimum. Le fisc va récolter sa bonne part par les impôts et les taxes.

Et jeudi dernier, on apprenait l’expansion du studio de jeu vidéo Ludia, à Montréal, qui entend investir 30 millions de dollars au cours des deux prochaines années et ajouter 100 employés aux 300 qui bossent déjà pour elle. Ce n’est pas gigantesque comme chiffre, mais il suffit de se rappeler que le taux de chômage des jeunes, au Canada, se situe pratiquement au double de la moyenne nationale (13 % vs 7 %) pour y voir un signe encourageant… dans la mesure où la firme pourra dénicher les gens compétents dont elle a besoin.

Plus : Jeu vidéo : Ludia investit 30 M $ à Montréal

Ce qu’il faut y voir ? Malgré le temps gris qui affecte notre économie, dont on ne sait pas encore si elle est encore en récession, des initiatives permettent d’espérer. Mais encore faut-il que les gouvernements ne tirent pas trop sur le collier étrangleur.

Vous ne serez pas tous d’accord avec mon analyse. Dans les circonstances, elle me semble légitime. Viser à tout prix l’équilibre des finances de l’État quand l’économie roule au ralenti est mal indiqué. Une dose de sens pratique serait bienvenue à Québec. Pourquoi ?

Parce que la machine canadienne, sur laquelle, on compte beaucoup (i.e. péréquation), éprouve elle-même des problèmes. L’Ontario et l’Alberta acceptent momentanément des déficits en attendant de redémarrer leurs moteurs.

Le Québec ? Martin Coiteux et cie ont montré qu’ils étaient sérieux dans leur désir de resserrer la gestion des finances publiques. Mais la sévérité des compressions en cours est discutable, particulièrement en éducation. Et on a passé plus de temps à surveiller la colonne des dépenses, alors qu’il faudrait surtout accélérer l’entrée de nouveaux revenus (autrement qu’en alourdissant la fiscalité).

Voici pourquoi les annonces concernant Nemaska Lithium et Ludia, entre autres, sont encourageantes. Le Québec doit tout faire pour stimuler les investissements autres que publics. À terme, il regarnira ses coffres, les agences de crédit lui donneront un sauf conduit, et on pourra enfin regarder droit devant.

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