L'émotion au coeur du transfert des entreprises familiales

Offert par Les Affaires


Édition du 25 Mars 2017

L'émotion au coeur du transfert des entreprises familiales

Offert par Les Affaires


Édition du 25 Mars 2017

Peu importe les analyses fines, les savants calculs fiscaux et les arguments rationnels, un facteur domine lorsqu'il est question de la transmission des entreprises familiales: l'émotion.

C'est ce qui est nettement ressorti du récent événement organisé par Les Affaires, le 14 mars, sur les transferts d'entreprises, un sujet névralgique dans notre contexte démographique.

On l'annonce depuis longtemps, et nous y sommes maintenant : le Québec vit un important bouleversement de générations. Des centaines de milliers de baby-boomers partent à la retraite ou s'apprêtent à le faire. Dans le lot se trouvent beaucoup, beaucoup d'entrepreneurs.

Il y a un an, la Fondation de l'entrepreneurship du Québec évaluait à 38 000 le nombre de propriétaires d'entreprises québécoises qui allaient devoir passer le flambeau d'ici cinq ans. Leur souhait, évidemment, est de voir leur entreprise prospérer entre les mains des futurs repreneurs... tout en encaissant le fruit de leur long travail pour s'assurer une retraite confortable.

En pratique, ce n'est pas si simple. Surtout que, selon une des conclusions d'une autre analyse toute récente, la génération dirigeante hésiterait à réellement laisser la place. Elle se dirait : «Je veux, mais je ne suis pas certain de vouloir... Finalement, on va attendre.» Et les repreneurs doivent prendre leur mal en patience.

Cette dernière étude a été réalisée par le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec, de concert avec le Centre de transfert d'entreprise du Québec. Elle signalait aussi une concordance entre la vision des «cédants» et celle des «repreneurs» : plus de 75 % des membres de la génération dirigeante souhaiteraient vendre ou céder leur entreprise (plutôt que de la voir dépérir), alors que 65 % des jeunes entrepreneurs et professionnels auraient l'intention d'en assumer à leur tour la direction.

Oui, mais encore faut-il se parler.

Au moins, il existe aujourd'hui des instances comme le Centre de transfert d'entreprise du Québec, créé fin 2015 par le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations. Sa banque compte quelque 3 000 repreneurs potentiels déterminés... mais à peine 300 cédants dûment inscrits. Dix fois moins.

C'est toujours la même histoire : il est difficile, voire douloureux, de reconnaître qu'on est prêt à abandonner la direction d'une entreprise qu'on a créée et pilotée toute sa vie. Cela équivaut pratiquement à abandonner son identité, parce qu'il faut alors se réinventer, à la retraite... sans compter la crainte que soit mal interprétée par toutes les parties prenantes (employés, fournisseurs et clients) la volonté de s'en aller.

Imaginez en plus les tourments que peuvent provoquer les discussions sur la succession au sein de la famille immédiate.

De deux choses l'une : ou les enfants sont intéressés à prendre la relève ou ils ne le sont pas. Dans ce dernier cas, c'est à la fois plus facile et plus compliqué. Plus facile, parce qu'on n'a pas de sentiments familiaux à ménager : personne ne se sentira froissé par le choix à venir. Et plus difficile, parce qu'il faut alors s'ouvrir sur le marché et trouver un repreneur acceptable à tous égards. Lorsque des cadres ou des employés se portent volontaires, la transmission risque moins de poser problème. Autrement, c'est la plongée dans l'inconnu.

Beaucoup vont naturellement souhaiter que ce transfert s'effectue au sein même de la famille. Cependant, comment réagir si plus d'une main se lève ? Comment faire comprendre que les cuisiniers gâtent la sauce s'ils sont trop nombreux ? Qu'il faut un capitaine, pas deux ou trois ? Et que le choix final se fera en fonction des compétences perçues par le cédant, malgré les ambitions ou les illusions de ceux ou celles qui se feront écarter ?

De là cet éminent facteur émotionnel. De là aussi le report parfois dangereusement long de la décision fatidique. Et de là l'impatience naturelle des successeurs éventuels.

Voilà pourquoi il convient de saluer la mise sur pied du groupe La Relève, en famille, en affaires, qui compte aujourd'hui 90 membres proposant des activités mensuelles pour partager leurs expériences, leurs espoirs et leurs défis. Trois membres du groupe, eux-mêmes repreneurs, se sont retrouvés sur la tribune lors de cet événement : Chanel Alepin, du cabinet d'avocats Alepin Gauthier, Édith Arsenault, des Boutiques Séduction, et Alexandre Raymond, de Raymond recherche de cadres. Leurs témoignages ont été à la fois saisissants et inspirants. Le seul fait de leur engagement signale l'importance de la cause.

L'optimisme au secours des détaillants

Les Québécois ont de plus en plus confiance en l'état de l'économie, au point où 42 % d'entre eux estiment le moment propice pour un achat important. Le taux était de 37 % il y a un an.

C'est un des points saillants de l'étude Altus que le Conseil québécois du commerce de détail a présenté lors de son sommet annuel, les 21 et 22 mars, à Montréal.

On a également noté, entre autres, une hausse de la popularité des systèmes de paiement rapide (sans signature ni NIP), alors que la vente d'articles d'occasion en ligne, elle, fait du surplace. Pourtant, une autre étude pancanadienne montrait qu'elle augmente ailleurs au pays.

Le gros défi des commerçants québécois demeure quand même la concurrence accrue des entreprises étrangères sur Internet. C'est là une lutte à finir.

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