L'économie tient des Olympiques, pas des Jeux du Québec


Édition du 21 Juin 2014

L'économie tient des Olympiques, pas des Jeux du Québec


Édition du 21 Juin 2014

Cherchez l'erreur.

Le programme des gazelles (ou devrait-on dire feu le programme des gazelles) ne compte pas le nouveau ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations (MEIE), Jacques Daoust, parmi ses chauds partisans. Il vient de réitérer de sérieuses réserves dans une entrevue accordée il y a quelques jours à mon collègue François Normand.

Rappelons que l'idée de base était de cibler annuellement, pendant trois ans, 100 PME à fort potentiel de croissance pour les aider à doubler leur chiffre d'affaires en cinq ans, notamment en contribuant à leur envol sur les marchés d'exportation. L'État allait les soutenir de diverses façons, mais pas tant en les arrosant de subventions qu'en leur accordant des appuis logistiques (exercice de planification stratégique, attention spéciale des ministères, etc.).

En même temps, on établissait une sorte d'«antichambre de gazelles» où seraient regroupées 200 autres PME qui bénéficieraient également de services d'appoint. L'objectif, ultimement, était de muscler les petites entreprises sélectionnées : au Québec, elles ont chroniquement de la difficulté à passer au statut de moyennes entreprises. La marche reste haute. Pourtant, une taille plus imposante permet habituellement de mieux résister aux intempéries et de se faire valoir plus facilement dans un monde ultraconcurrentiel.

D'accord sur cet objectif, dit le ministre. Mais il dit avoir des doutes sur la stratégie.

Le programme serait trop élitiste. Oui, mais 300 PME sur trois ans, c'est quand même un bon cheptel... Et la scène mondiale de l'économie ressemble davantage aux Olympiques qu'aux Jeux du Québec : on récompense l'excellence, pas la participation. Ce sont les champions qui en retirent les bénéfices.

Par ailleurs, Jacques Daoust dit craindre qu'en favorisant certaines entreprises, il ne finisse par provoquer la fermeture d'autres qui sont actives dans les mêmes secteurs. Mais ne vient-on pas d'endosser le projet de cimenterie de Port-Daniel avec une participation de 450 millions de dollars de fonds publics (Investissement Québec et Caisse de dépôt), alors même que l'industrie québécoise du ciment évoque de lourdes pertes d'emploi du fait de la surcapacité qui risque d'en résulter ?

Le ministre signale également que ce n'est pas à l'État de choisir ses gazelles. Parfaitement vrai : c'était d'ailleurs un des écueils qu'on pouvait craindre, que le favoritisme ne vienne ternir la démarche. Écueil évité, puisque c'est un comité de sept experts indépendants, et non les moindres, qui a été chargé de les déterminer après avoir reçu des suggestions du milieu : Bernard Bélanger, président du conseil de Premier Tech, Luc Houle, vice-président de la Caisse de dépôt et placement, Nathaly Riverin, directrice générale de l'École d'entrepreneurship de Beauce, et quatre autres personnalités à qui on ne pouvait certes pas reprocher d'être inféodées au pouvoir...

Par ailleurs, le travail préliminaire avait été effectué par des organismes socioéconomiques branchés sur l'entrepreneuriat local, comme les centres locaux de développement (CLD). De plus, au récent congrès de l'Association des CLD du Québec, on a pu percevoir les regrets, voire l'amertume, de ces artisans du développement qui ont consacré de longues heures à débroussailler le terrain et qui se demandent aujourd'hui s'ils n'ont pas trimé pour rien ; de même, ils doivent maintenant expliquer aux dirigeants de PME intéressées que l'énergie et les fonds investis dans la préparation de dossiers l'auront peut-être été en vain.

Eux ont dépensé de l'argent, mais le gouvernement, lui, n'en attribuait pas tant que ça aux gazelles. On parlait d'environ 30 M$ par année. Encore une fois, le soutien était plus stratégique que financier.

Donnons une chance au coureur

Toute comparaison demeure risquée, mais rappelez-vous qu'on s'apprête à injecter 450 M$ dans la cimenterie de Port-Daniel, dans la Baie-des-Chaleurs : c'est 15 fois plus, pour un projet qui doit créer 200 emplois. C'est vrai que la Gaspésie a besoin d'un coup de pouce, mais les gazelles devaient venir de partout, y compris de l'Est du Québec. Et elles étaient appelées à grossir. À terme, toutes n'auraient pas atteint leurs objectifs, mais l'expérience a montré que le renforcement du tissu entrepreneurial local raffermit le marché de l'emploi, tout en stimulant l'apparition de nouvelles entreprises.

Ancien président d'Investissement Québec, Jacques Daoust est certainement conscient de toutes ces réalités. C'est pourquoi il convient de le croire sur parole quand il déclare vouloir aider les PME, malgré ses hésitations face aux gazelles et malgré les compressions dans les crédits d'impôt annoncées dans le budget Leitao. Mais s'il n'aime pas les initiatives lancées du temps du précédent gouvernement, il devra en imaginer d'autres.

Le nouveau gouvernement vient tout juste d'être formé. Comme ailleurs, il a droit à la chance qu'on attribue au coureur. S'il est sincère dans son désir d'aider au redressement de l'économie québécoise, c'est au mérite qu'il devra évaluer les initiatives de son prédécesseur, et non pas à leur couleur.

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