Il faut remédier à l'absence d'Internet haute vitesse en région


Édition du 08 Octobre 2016

Il faut remédier à l'absence d'Internet haute vitesse en région


Édition du 08 Octobre 2016

[Photo : 123RF/Alphaspirit]

Il y a trois semaines, le journal Les Affaires affichait à la Une : «L'Internet rapide n'est pas un luxe». C'est exactement ce qu'on pense à la Fédération québécoise des municipalités (FQM), qui fait maintenant de ce dossier un de ses principaux chevaux de bataille.

On peut la comprendre : la FQM, qui rassemble environ un millier de MRC et de petites municipalités au Québec, défend âprement leurs intérêts et, dans bien des cas, leur survie. Le dernier décompte du gouvernement du Québec faisait état de plus de 150 municipalités dévitalisées au Québec. Faute de pouvoir assurer les services de base, elles risquent de voir leur population diminuer et, finalement, d'être rayées de la carte.

Les services en question ne tiennent pas du luxe : un dépanneur, un garage, un bureau de poste quand c'est encore possible, une école primaire quand on y trouve encore assez d'enfants, une résidence pour aînés quand on a pu en établir une... Et de possibles emplois dans des PME locales dont le développement, paradoxalement, est régulièrement compromis par le manque de main-d'oeuvre qualifiée.

Mais allez donc attirer des gens chez vous si vous ne pouvez pas leur offrir au 21e siècle l'équivalent de l'électricité au siècle dernier : Internet. De là l'importance capitale de l'accès, partout, à un véritable lien à haute vitesse, et cet enjeu s'est retrouvé au coeur des assises de la FQM la semaine dernière à Québec.

Un service essentiel

Oui, c'est une question d'économie, mais aussi de sécurité, a fait valoir le président de la FQM et maire de Saint-Elzéar-de-Beauce, Richard Lehoux. Circuler en région quand on est coupé de tout lien de communication peut être hasardeux, comme c'est encore le cas dans le parc de La Vérendrye ou sur le tronçon de la route 155 entre La Tuque et le lac Saint-Jean. Environ 100 kilomètres, en plein bois, sans le moindre réseau cellulaire.

De plus, c'est un enjeu au jour le jour quand vous travaillez chez vous, dans votre résidence ou sur votre tracteur, si aucun grand fournisseur de signaux n'a daigné inclure votre municipalité dans sa desserte de téléphonie cellulaire ou Internet. S'il arrive quoi que ce soit, allez-vous vous en remettre aux signaux de fumée ?

Au-delà de ces considérations immédiates se pose celle que le Québec affrontera au cours des prochaines années : l'occupation du territoire. Il est grand, le Québec, et sa démographie demeure sous pression. Une population vieillissante recherche naturellement les lieux qui pourront lui procurer les services essentiels. Les jeunes ménages, et il y en a, se dirigent là où ils ont des chances de se loger convenablement à prix abordables. Ils envisagent de s'installer à l'extérieur des grands centres, pourvu qu'ils n'aient pas à renoncer au passage à des services considérés comme essentiels... tel l'Internet, et à haute vitesse si possible, pour ne pas attendre indéfiniment le téléchargement des données requises. Pas seulement pour avoir accès aux Netflix de ce monde, mais aussi pour conduire des affaires, ou tout simplement pour veiller à la traite des vaches, comme le racontait Geneviève Riverin, de la ferme Cimon, du Bic, dans le numéro de Les Affaires du 17 septembre.

Les demandes de couverture améliorée sont régulièrement acheminées aux gouvernements, même si, dans les faits, ce sont les grandes entreprises de télécommunications qui se traînent les pieds.

Ottawa a annoncé plus tôt qu'il réservait au moins 500 millions de dollars à l'amélioration de l'accès aux services Internet dans les régions rurales du pays. Les sommes devraient commencer à être versées cette année. Mais on attend toujours le déclenchement de quelque initiative que ce soit. Par ailleurs, Québec a annoncé en mai qu'il consacrerait 100 M$ pour rendre disponible le service haute vitesse partout au Québec d'ici 2021. Le premier ministre Philippe Couillard est venu répéter cet engagement à l'ouverture du congrès de la FQM, le 29 septembre.

Oui, mais en fin de compte, il faut bien que quelqu'un l'offre, ce service. Cependant, aucune entreprise ne se montre empressée. On pourrait espérer que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) hausse le ton, qu'il assortisse de conditions l'attribution de licences de spectre aux fournisseurs de services, comme l'obligation de donner accès, en contrepartie, à la téléphonie cellulaire et à Internet aux régions qui en sont encore dépourvues.

Attendez-vous alors à d'interminables discussions et à de longues batailles...

C'est pourquoi certaines localités rurales ont décidé de prendre les devants. Un exemple en a été fourni lors des assises de la FQM par une élue de la municipalité du Très-Saint-Rédempteur, non loin de Rigaud. Pour remédier au manque de services, elle a signalé qu'on y a fait appel à la Coopérative de solidarité du Suroît. Elle a commencé ses activités à la fin des années 2000 en proposant une couverture Internet par micro-ondes, puis l'a bonifiée en 2013 avec un nouveau réseau de fibres optiques. Et c'est à ce moment, semble-t-il, qu'une grande entreprise de télécommunications s'est finalement montrée disposée à offrir elle aussi des services...

C'est peut-être une des voies à suivre pour forcer la main aux grands acteurs. La Fédération des coopératives de câblodistribution et de télécommunication compte une trentaine de coopératives membres au Québec. Et si les gouvernements leur donnaient un coup de main pour remédier à l'apathie des grandes entreprises de télécoms ?

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