Gros remaniement, grandes ambitions, petits moyens ?

Publié le 28/01/2016 à 16:58

Gros remaniement, grandes ambitions, petits moyens ?

Publié le 28/01/2016 à 16:58

Philippe Couillard vient de brasser ses cartes ministérielles et la donne a changé bien plus que ce qu’on avait prévu.

En prime, le ton lui-même a changé : l’austérité, pardon la rigueur, s’efface devant la vision de vallées verdoyantes et d’eaux tranquilles… Son discours de présentation de ce nouveau conseil des ministres était teinté d’élans à saveur lyrique, ce qui tranchait avec l’allure habituellement plus cérébrale du premier ministre.

Mais les intentions sont grandes et belles, la réalité demeure : le Québec n’est pas encore sorti du bois et les moyens demeurent modestes, malgré une volonté évidente de passer à un nouveau chapitre.

Même si les grandes lignes de ce remaniement avaient déjà coulé dans les médias, on note quelques surprises, des montées en grade et des démotions.

La nomination la plus attendue a été confirmée : la nouvelle députée de Saint-Henri Sainte-Anne, Dominique Anglade, reçoit le principal portefeuille à caractère économique, rebaptisé ministère de l’Économie, de la Science et de l’Innovation. Curieusement, le terme « Exportations », lui, a disparu. C’est d’ailleurs un trait particulier de ce nouveau cabinet : plein d’appellations réaménagées, et certaines plutôt surprenantes (Lucie Charlebois est entre autres ministre des « Saines habitudes de vie »…)

À l’inverse, l’ancien titulaire du ministère de l’Économie, Jacques Daoust passe au Transports, à la Mobilité durable et à l’Electrification des transports, autre désignation plutôt ampoulée. Ce n’est certainement pas une promotion, loin de là. Mais son style ne faisait pas l’unanimité, il pouvait être abrasif et il fallait quand même quelqu’un avec de la poigne pour régler certains dossiers épineux reliés au transport (par exemple Über). Ce transfert sera quand même moins pénible que le sort réservé des anciens ministres Robert Poëti et Jean-Denis Girard, tout deux relégués au rang de simple député.

Martin Coiteux, qui en a démontré, de la poigne, au Conseil du Trésor, bouge comme il l’avait souhaité et se retrouve aux commandes d’un double ministère stratégique : les Affaires municipales et la Sécurité publique, qui pourraient un jour être fusionnés pour former un éventuel ministère de l’Intérieur. Curieusement, en plus de devenir ministre responsable de la région de Montréal, on lui ajoute la responsabilité de l’Occupation du territoire.

Ce n’est déjà pas évident de veiller à la fois sur Montréal et sur les régions, mais il pourrait y avoir redondance avec l’une des nouvelles attributions de Lise Thériault, qui effectue sa rentrée comme ministre du Développement régional après un congé de maladie. Fait intéressant, en plus de son titre de vice-première ministre, on lui confie la responsabilité des Petites et Moyennes entreprises, en plus de celle de l’allègement réglementaire, ce qui pourrait signifier une plus grande attention  accordée à ces enjeux.

Martin Coiteux avait dirigé le Conseil du Trésor à travers de sérieuses tempêtes, avec des résultats quasi étonnants puisqu’on a réussi à régler des conventions collectives alors qu’on semblait se diriger tout droit vers des affrontements. La suite pourrait être plus facile pour son successeur, Sam Hamad, mais il faudra voir comment il se débrouillera avec la « sacoche », pour reprendre l’expression de Monique Jérôme-Forget. Martin Coiteux n’avait pas que des amis, mais il était rigoureux, Sam Hamad a plutôt la réputation d’être parfois brouillon et les demandes de ses collègues ministres vont arriver de tous bords tous côtés.

Parfois, dans des remaniements du genre, les mouvements les plus significatifs sont ceux qui ne se produisent pas… Le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, demeure en poste et dans les circonstances, c’est tant mieux : lors du Sommet sur l’énergie présenté par Les Affaires, mardi le 26 janvier, il avait indiqué que la Politique énergétique du Québec, qu’on attend depuis un bon moment, allait être déposée incessamment, en février. Un changement de ministre aurait pu entraîner de nouveaux délais, voire remettre en cause ce qui est déjà décidé.

En définitive, Philippe Couillard voulait du sang neuf et de nouveaux messages. Il obtient l’un et l’autre. Mais ces modifications sont davantage cosmétiques que structurelles : Québec n’a pas davantage de marge de manœuvre, les investissements ne sont pas plus nombreux et les positions face au développement demeurent aussi ambigües qu’avant (ex. tout ce qui touche aux hydrocarbures). Au moins, on nous encouragera (encore faudra-t-il voir comment) à adopter de saines habitudes de vie…

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