Encore beaucoup à faire pour relancer Montréal


Édition du 16 Avril 2016

Encore beaucoup à faire pour relancer Montréal


Édition du 16 Avril 2016

En entrant dans le bureau de Denis Coderre, un élément a aussitôt attiré notre attention : l'attirail complet - chandail, casquette et fanion - de feu Nos Amours, les Expos, soigneusement déposé sur une chaise. Le maire de Montréal allait assister le lendemain, comme 50 000 autres spectateurs, au match d'avant-saison entre les Blue Jays de Toronto et les Red Sox de Boston, au Stade olympique. Il était prêt.

Denis Coderre aime le baseball et les retombées du possible retour des Expos, un projet «structurant», d'après lui, pour la revitalisation de Montréal. La construction d'un stade au bassin Peel servirait de trait d'union entre le quartier effervescent de Griffintown et le centre-ville, avec le futur train léger sur rail qui irait de la Rive-Sud à Montréal et ferait quelques arrêts en chemin, dont un à proximité du stade.

Sans compter les effets indirects. «Dans l'environnement du stade à Washington, la criminalité a baissé de 90 % avec l'affluence des partisans et la renaissance du quartier immédiat. C'est un projet gagnant», dit M. Coderre.

Montréal n'est pas affligée de ces gros problèmes de criminalité, mais la ville a certainement besoin de bonnes nouvelles.

C'est entre autres ce dont il a été question dans cette rare entrevue que mes collègues et moi avons obtenue avec le maire, qui parle beaucoup en public mais ne se livre pas souvent aux journalistes. L'immobiliser le temps d'un entretien de 60 minutes relève de l'exploit. Vous pourrez lire les textes de Matthieu Charest et de Martin Jolicoeur portant sur la fiscalité municipale, le soutien à l'entrepreneuriat, le partage des pouvoirs...

Mais il fallait aussi aborder, tout simplement, l'état de la ville, mise à mal ces dernières années tant par les scandales de corruption que par la mauvaise planification de travaux qui se sont éternisés.

Denis Coderre signale, et c'est à son crédit, qu'il a fédéré des forces montréalaises. Deux adversaires lors de la dernière campagne à la mairie, Richard Bergeron et le regretté Marcel Côté, ont accepté de se joindre à son administration. En même temps, il a réussi à éliminer des situations absurdes qui faisaient grincer les dents, comme ces politiques de déneigement différentes selon les arrondissements. À l'époque, autonomie locale oblige, la rue Saint-Denis traversait huit arrondissements qui avaient leurs propres horaires de déneigement, ce qui rendait la circulation infernale. C'est désormais chose du passé. On a harmonisé les politiques. La mairie centrale s'en est occupée.

Repenser les grandes artères

Néanmoins, la pauvre rue Saint-Denis et les commerces qui la bordent sont durement éprouvés ces jours-ci. Elle est éventrée. Même les piétons doivent composer avec les travaux. Les affiches «À vendre», «À louer», ou carrément «Fermé» se succèdent entre les rues Sherbrooke et Saint-Joseph, dans un des secteurs jadis les plus vibrants de la ville.

Ce n'est pas le seul quartier de Montréal à souffrir. Plus à l'est, dans le secteur de l'édifice de Radio-Canada (dont le statut est en suspens), la rue Sainte-Catherine dépérit. Et c'est sans compter les travaux annoncés qui l'éventreront sur quelques kilomètres à l'ouest - mais après les fêtes du 375e anniversaire.

Denis Coderre reconnaît que les conséquences de ces travaux peuvent être néfastes pour les commerçants. Plusieurs y ont goûté ces dernières années... Les travaux à répétition sur Saint-Laurent, par exemple, ont fait de nombreuses victimes. Le maire ouvre la porte à des accommodements fiscaux pour atténuer en partie le choc. Mais pour lui, il faut repenser ces grandes artères commerciales qui définissent souvent Montréal, au-delà de la vie de quartier.

Denis Coderre rêve, par exemple, d'enjoliver le boulevard René-Lévesque, stratégique au coeur de la ville, mais pas si attrayant... «Je ne m'imagine pas pour autant répéter l'aventure du Big Dig, à Boston, qui s'est étiré sur 10 ans et qui a coûté jusqu'à 15 milliards de dollars, dit-il. Nous ferons les choses à notre mesure.»

Le projet du Big Dig a consisté à enfouir une autoroute jadis surélevée, et à installer au-dessus un long parc linéaire verdoyant qui fait aujourd'hui l'orgueil des Bostonnais. Mais à quel prix ! Sans parler des interminables bouchons créés par ce chantier qui n'en finissait plus de finir.

Montréal a aussi besoin de projets de relance qui sont à la mesure de ses moyens financiers. Mais par-dessus tout, il faut alléger l'atmosphère, plutôt lourde ces dernières années.

C'est ce à quoi dit s'employer le maire. Tant mieux s'il y réussit. On jugera l'arbre à ses fruits. Mais il y a au moins un projet qui pourrait profiter à l'ensemble du Québec : la Maison des régions.

«Verdun compte autant de Madelinots d'origine que les Îles elles-mêmes ! Nous allons contribuer à en faire la promotion», dit-il. En clair, il voudrait offrir à toutes les régions une vitrine montréalaise, sachant que leur bonne santé finit par profiter à la métropole. Finie la tendance aux affrontements, mieux vaut miser sur les regroupements... Si ça fonctionnait, ce serait une belle avancée.

Denis Coderre sera bientôt à mi-chemin de son mandat de quatre ans. Son équipe semble avoir pris l'avance dans son propre match de baseball. Cependant, un match dure au moins neuf manches et tout peut survenir. Il devra continuer de bien «patrouiller le terrain», comme disent les analystes sportifs, et frapper quelques coups sûrs.

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