De quoi alimenter un optimisme (prudent) pour 2016


Édition du 23 Avril 2016

De quoi alimenter un optimisme (prudent) pour 2016


Édition du 23 Avril 2016

[Photo : Bloomberg]

Le prix du baril de pétrole est devenu la variable la plus importante pour les marchés financiers, et comme il devrait remonter plus tard en 2016, les marchés devraient en profiter. Cependant, les nouveaux nuages qui planent au-dessus de l'Union européenne pourraient freiner ce timide élan.

Ce sont deux des prévisions marquantes qu'a livrées Patrick Artus, économiste en chef de la banque française Natixis et analyste de grande renommée, lors de sa récente visite à Montréal. Il vient régulièrement partager sa vision avec des gestionnaires québécois, souvent liés aux caisses de retraite, qui ajustent ensuite leurs propres stratégies. Encyclopédie vivante, Patrick Artus peut tout aussi bien discourir sur la réaction des Européens à la crise des migrants que sur l'opacité de la Chine, dont les statistiques officielles devraient être accueillies avec réserve.

Mais ce sont ses observations sur les tendances des marchés qui ont le plus retenu l'attention.

D'abord, sur le prix du pétrole. Selon lui, il faut envisager une stabilisation, voire une baisse de la production étant donné que les prix actuels pousseront certains producteurs vers la sortie, à commencer par les Nord-Américains, dont les coûts d'exploitation sont plus élevés. Mais la demande continue d'augmenter, bien que plus lentement que certains ne le prévoyaient.

Comme résultat, on se dirige vers un rééquilibrage entre l'offre et la demande ainsi qu'une remontée des prix. À quel niveau ? Patrick Artus entrevoit un seuil de 60 $ le baril d'ici la fin de 2016. Au prix actuel d'environ 40 $, cette progression, pas banale, serait alors de 50 %...

En même temps, l'économiste français soutient que, dorénavant, le prix du pétrole influe de façon importante tant sur le mouvement des bourses que sur celui des devises. Nous ne sommes pas les seuls, au Canada, à l'avoir constaté... S'il a raison, les indicateurs économiques du pays devraient se redresser en 2016.

Par contre, l'Europe n'est pas sortie du bois, et ses possibles dérives pourraient faire mal. Patrick Artus y voit trois risques majeurs.

Premier risque : la Grèce demeure sous respirateur artificiel. Elle doit sans cesse satisfaire ses créanciers, mais n'en a pas les moyens en raison de sa dette énorme. «On se retrouve donc dans cette situation absurde où il lui faut périodiquement emprunter pour rembourser», dit Patrick Artus. En d'autres termes, on ne fait qu'entretenir la plaie.

À ses yeux, la seule solution logique et humanitaire, compte tenu des énormes sacrifices déjà consentis par le peuple grec, serait d'effacer cette dette et de travailler à un nouveau départ.

En deuxième lieu, il se préoccupe de l'Espagne. Son économie s'est bien relevée de la dernière crise, mais le pays est coincé dans une impasse politique. On ne parvient pas à former de gouvernement viable, sans compter les velléités indépendantistes de la prospère Catalogne.

À court terme toutefois, c'est la Grande-Bretagne qui l'inquiète. Ses citoyens votent en juin sur son maintien ou son retrait de l'Union européenne. Jusqu'à récemment, la tendance populaire tendait vers le maintien. Mais la crise des migrants - qui fait peur à bien des Britanniques - de même que les révélations troublantes concernant les liens du premier ministre David Cameron avec les «Panama papers» ont changé la donne. L'issue paraît désormais incertaine.

Or, bien des Britanniques ne se rendent pas compte que tous les traités commerciaux qui relient le pays au reste de la planète ont été conclus par l'intermédiaire de l'Union européenne, rappelle Patrick Artus. Si elle décide d'en sortir, plus rien ne tient. Il lui faudra tout renégocier à la pièce, pays par pays. La Chine, le Japon, la Russie, les États-Unis, le Canada...

Pour un pays qui dépend beaucoup de ses liens avec l'extérieur, imaginez les contrecoups sur son économie et sur l'Europe au complet.

N'empêche. Au final, le ciel semble lentement se dégager. On ne peut qu'espérer que Patrick Artus aura raison.

Ghislain Dufour publie ses mémoires

Il aura été pendant 28 ans le visage du Conseil du patronat du Québec, en tant que directeur général, puis président. Il s'est trouvé sur la ligne de front lors d'épisodes mémorables de cette période parfois turbulente qui va de la fin des années 1960 aux années 1990.

Ghislain Dufour nous raconte maintenant ses péripéties. Il vient de publier Dans les coulisses du patronat, un survol de la récente histoire politico-économique du Québec, pimentée de pas moins de 165 courts récits sur des événements marquants auxquels il a été mêlé.

Par exemple, la crise d'octobre de 1970, l'arrivée au pouvoir du Parti québécois en 1976 et les «rencontres houleuses» avec René Lévesque, les débats sur la langue d'affichage, ceux qui ont entouré les traités de libre-échange (en citant l'influence de Bernard Landry) et même un intrigant texte intitulé «Le cardinal Turcotte, homme d'affaires ?»

On a malheureusement trop souvent la mémoire courte au Québec. À sa manière, Ghislain Dufour réussit à l'aviver.

De mon blogue 

Aéronautique : Bombardier devra lâcher du lest

Les dirigeants de Bombardier devraient se rendre compte qu'il leur faut donner ne serait-ce qu'une marge de manoeuvre stratégique au fédéral s'ils veulent encore recevoir, d'une façon ou d'une autre, le milliard de dollars qu'ils convoitent. Par des changements à la gouvernance, par des assurances quant au maintien des emplois canadiens ou par quoi que ce soit, mais il faut lâcher du lest. Si la direction refuse de concéder du terrain, toute intervention du fédéral, même bien intentionnée, soulèvera une tempête politique dans le reste du pays.

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

28/03/2024 | lesaffaires.com

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour le 28/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.