De jeunes Iraniens en renfort à l'économie du Québec


Édition du 11 Mars 2017

De jeunes Iraniens en renfort à l'économie du Québec


Édition du 11 Mars 2017

Arvand Abab, 24 ans, est avocat chez Propulsio 360, une firme montréalaise offrant un guichet unique aux entreprises émergentes qui se lancent en affaires et qui doivent répondre à de nombreuses demandes réglementaires. Si certaines passent à travers le processus, c'est en partie grâce à lui et à ses collègues.

Dans ses (rares) moments libres, il est également président de l'aile jeunesse de la Chambre de commerce de la communauté iranienne du Québec.

Celle-ci ne compte encore qu'environ 90 membres. Elle a été fondée il n'y a même pas deux ans, et les jeunes (40 ans ou moins) en forment la grande majorité. D'autres vont certainement s'ajouter. En 2014, environ 6 000 personnes d'origine iranienne sont arrivées au Québec. C'est un des plus importants contingents de gens venus d'ailleurs cette année-là.

Bon nombre de ceux qui sont déjà ici participent à l'économie du Québec comme avocats, ingénieurs, investisseurs, médecins, entrepreneurs... mais on n'en parle pratiquement jamais.

Le père d'Arvand Abab est arrivé au Québec au milieu des années 1970, juste avant la révolution qui a détrôné le shah d'Iran. Sa mère a débarqué ici dix ans plus tard. Lui-même a fait ses études secondaires à Lachine, au Collège Saint-Louis, qui offre le Programme d'éducation internationale. Après son cégep à Vanier, il s'est inscrit en droit à l'Université de Montréal et y a obtenu son diplôme à 22 ans, avant d'être admis au barreau quatre mois plus tard. Un exploit.

Doué ? Sur bien des plans. Il travaille à ce que les membres de son organisation s'entraident. Il cherche aussi à ce qu'ils établissent davantage de ponts avec leur société d'accueil, et éventuellement, à nouer des relations commerciales avec l'Iran, où les jeunes exigent plus d'ouverture sur l'extérieur. Surtout, il leur suggère de s'engager encore plus dans l'avenir du Québec, en espérant que de prochains immigrants iraniens y contribueront d'autant plus qu'ils ne sont plus bienvenus dans les États-Unis de Donald Trump.

Ah oui, il y a cette question qui vous brûle les lèvres : il n'est probablement pas islamiste, mais peut-être est-il musulman ? Non. Il est laïc. Cependant, ses convictions humanistes sont du genre à transcender les religions. Il aurait pu être musulman pratiquant, ou catholique, qu'il m'aurait parlé de la même façon. Son propos : il faut améliorer le sort des gens qui nous entourent.

J'ai obtenu ce tuyau de Monsef Derraji, pdg du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ). Lui-même immigrant, il est arrivé du Maroc pour une première fois en 2002 avant de s'installer définitivement au Québec en 2004. Après avoir lancé ici sa carrière dans l'industrie pharmaceutique, il a pris la direction du RJCCQ à l'automne 2015.

L'organisme compte une quarantaine de jeunes chambres de commerce, qui offrent un soutien et une tribune aux jeunes professionnels, aux jeunes entrepreneurs ou à toute personne de 40 ans ou moins active dans le secteur de l'économie. Le membership augmente continuellement. Et, fait remarquable, c'est du côté des jeunes chambres «ethniques» que la progression est la plus sentie.

À la Jeune chambre de commerce haïtienne, fondée en 2003, se sont ajoutées une dizaine de chambres (ou d'ailes jeunesse) de ce type : juive, turque, italienne, maghrébine... Elles ont rejoint les jeunes chambres de commerce du Saguenay, de Drummondville, de la Baie-des-Chaleurs, de Terrebonne et d'environ 25 autres lieux.

Après ça, allez vous plaindre du manque de vigueur de la relève québécoise en affaires ! Une nouvelle génération est à nos portes. Ses patronymes sont différents, mais ses ambitions, elles, sont tout aussi intenses.

C'est ce que nous annonçait un super-entrepreneur québécois, Mitch Garber, qui a préféré modestement se présenter comme gestionnaire chez Caesars Interactive Entertainment, lors du récent Forum sur la relève entrepreneuriale présenté par le RJCCQ.

Le Québec inc. a marqué l'économie québécoise au 20e siècle grâce à ses entrepreneurs déterminés et visionnaires, dit-il. D'autres, aujourd'hui, prennent le relais et se font déjà valoir, cette fois bien au-delà des frontières. Le nouveau Québec inc. comporte une multitude d'entrepreneurs audacieux venus d'ailleurs.

Qui pourrait s'en plaindre ?

Et pour ceux que ces révélations sur la contribution des immigrants à la construction permanente de l'économie du Québec pourraient indisposer (il y en a mais, que voulez-vous, il faut de tout pour faire un monde), voici un message : vous êtes aussi bien de vous y habituer, parce que je n'ai pas fini d'en ajouter.

En passant, l'argument selon lequel les immigrants pèsent lourdement sur nos finances publiques parce qu'ils sont mal qualifiés, ou mal intégrés, tient de moins en moins, d'après l'Institut de la statistique du Québec. Celui-ci analyse les données pertinentes depuis 2006, année où elles sont devenues accessibles, et vient de nous indiquer qu'ils participent plus que jamais au marché de l'emploi. En 2016, leur taux de chômage est passé pour la première fois sous la barre des 10 %.

Vrai, le taux global au Québec, en janvier, n'était que de 6,2 %. Essentiellement parce que la population active est en déclin.

Nous avons du travail à faire pour véritablement mettre à profit ces travailleurs et ces entrepreneurs venus d'ailleurs qui peuvent soutenir notre société vieillissante. Pouvons-nous le reconnaître une fois pour toutes ?

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