Changement de garde et fin d'une époque chez Bombardier


Édition du 20 Mai 2017

Changement de garde et fin d'une époque chez Bombardier


Édition du 20 Mai 2017

C'est un événement véritablement historique dont il ne faut pas minimiser la signification.

Pour la première fois depuis la naissance de l'Autoneige Bombardier inc. en 1942, l'entreprise fondée par Joseph-Armand Bombardier n'est plus dirigée par un membre de la famille.

Laurent Beaudoin a pris la relève de son beau-père en 1966 et il est demeuré en poste pendant près d'un quart de siècle avant de remettre en 1999 la présidence entre les mains de Robert Brown, puis de Paul Tellier, tout en devenant président «exécutif» du conseil.

C'est le titre dont a hérité son fils, Pierre Beaudoin, lorsqu'il a laissé son titre de PDG au moment de l'entrée en poste d'Alain Bellemare en 2015. Il demeurait ainsi associé à la gestion immédiate de l'entreprise. Il ne l'est plus.

Le 11 mai, le matin même de l'assemblée annuelle des actionnaires que bien des gens prévoyaient houleuse - mais qui a plutôt été longue et sans véritable éclat -, on apprenait qu'il allait dorénavant se cantonner dans un rôle plus traditionnel de président du conseil. Avec la pression qui ne cessait de s'intensifier, avec des appels répétés de grands investisseurs institutionnels réclamant son départ, sa position devenait intenable.

Désormais, Alain Bellemare et ses gens de la haute direction ont, en principe, les coudées franches. Finie, la direction bicéphale. Oui, la famille a toujours le contrôle avec 53 % des droits de vote. Oui, 5 de ses membres siègent toujours sur le conseil d'administration, qui en compte 15. Oui, son influence demeure grande. Toutefois, si on s'en tient au strict rôle de gouvernance d'un conseil, une page vient véritablement d'être tournée.

Désormais, la grande question devient : est-ce que Bombardier peut retrouver sa stature, qui s'est émoussée avec le temps ? Et peut-elle rassurer ses actionnaires, ses employés et le Québec tout entier, sans parler du Canada anglais, résolument sceptique ?

Tel est l'enjeu final. Au-delà de la controverse causée par la maladroite politique de rémunération des hauts dirigeants, il faudrait maintenant que le regard se porte droit devant. Et que Bombardier atteigne ses ambitieuses cibles de revenus, revenus qui sont censés passer de 16 milliards de dollars en 2016 à 25 milliards en 2020.

Ce bond impressionnant assurerait le redressement de l'entreprise et soutiendrait les hausses de rémunération qui ont tant fait gronder au Québec, hausses maintenant liées en bonne partie à l'atteinte de ces résultats.

À cet égard, permettez-moi deux remarques sur la façon dont on a légitimé, lors de l'assemblée, cette politique qui a déclenché la colère au Québec.

De façon doctorale, Jean Monty est venu au micro en présenter les paramètres objectifs. C'était son rôle, comme administrateur - sortant - et président du comité des ressources humaines et de la rémunération.

M. Monty, ancien président de BCE, est un aristocrate du milieu des affaires au Québec. Et on percevait son impatience quand il a dû expliquer aux actionnaires (dont plusieurs étaient mécontents, si on se fie aux questions posées) comment on en était arrivé à ces montants. Son ton ne faisait que renforcer l'impression d'une fracture entre la base et la haute direction.

Et je vais longtemps revoir ce point de presse impromptu accordé par Laurent Beaudoin à la suite de l'assemblée. Toujours imposant, même s'il est plus frêle à 78 ans, le patriarche de Bombardier s'est poliment prêté aux questions des journalistes qui se pressaient autour de lui, même si on sentait chez lui une certaine rancoeur.

Pour lui, le dérapage sur l'enjeu de la rémunération vient essentiellement d'un problème de communication. Admettons. Toutefois, et c'est plus embêtant, il a rappelé que le contrôle familial de Bombardier avait assuré à ce jour le maintien de l'entreprise au Québec.

Ce qui donnait encore plus de poids à une remarque que m'a plus tard faite Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance des institutions privées et publiques. Sévère critique du comportement du conseil de Bombardier, il demeure quand même un ardent défenseur de son importance au Québec. Il me disait que le message avait été lancé et qu'on ne devrait pas s'acharner à «humilier» davantage la famille Beaudoin-Bombardier.

Pour rétablir cette relation de fierté avec le Québec, il n'y a pas 36 solutions : il faut des résultats à la hauteur des attentes !

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