Bonne croissance de l'emploi, mais où sont les salaires ?


Édition du 17 Juin 2017

Bonne croissance de l'emploi, mais où sont les salaires ?


Édition du 17 Juin 2017

Si on se fie aux données de Statistique Canada, le marché de l'emploi a fleuri en mai au Canada... mais les salaires, eux, sont encore gelés.

Le pays a vu apparaître 54 500 nouveaux emplois, dont 15 000 au Québec. Encore mieux, dans les faits, le travail à temps plein s'y est raffermi, avec 30 000 nouveaux emplois qui ont largement compensé les 15 000 à temps partiel qui se sont évaporés.

Ce sont là, en principe, d'excellentes nouvelles.

Si seulement les salaires pouvaient suivre... Mais non, de ce côté, c'est toujours la famine, un phénomène récurrent qui devient inquiétant. Sur une base annuelle, de mai à mai, la hausse moyenne n'a été que de 1 %, légère amélioration par rapport à avril, où le compteur s'était arrêté à 0,5 %.

Pourtant, avec cette vigueur renouvelée du marché du travail, et la pénurie de ressources qu'on nous annonce depuis un bon moment, l'avantage ne devrait-il pas basculer du côté des travailleurs ?

Pas encore, et le Canada est loin d'être seul dans son cas.

Au Japon, par exemple, les hausses sont également minimes, même si le taux de chômage n'est plus que de 2,8 %. Même chose pour l'Allemagne, où les salaires horaires n'ont progressé que de 0,7 % au premier trimestre malgré un mince taux de chômage à 5,8 %.

Ces chiffres sont tirés d'une analyse récente de Jimmy Jean, économiste principal au Mouvement Desjardins, intitulée «Le point sur la croissance des salaires au Canada». Il y suggère que la mondialisation des marchés du travail est en bonne partie responsable de cette stagnation, «alors que la production peut se déplacer vers des pays où les coûts de la main-d'oeuvre sont faibles», écrit-il, en ajoutant que les travailleurs des industries concernées voient ainsi amoindrir leur rapport de forces quand vient le moment de réclamer de meilleures conditions.

La mondialisation de l'économie a permis de belles avancées, elle a notamment contribué à réduire les tensions internationales, mais elle en a fait naître d'autres pour la vie au jour le jour. À l'heure des grands forums internationaux, c'est là un thème qui devrait impérativement faire partie des discussions.

D'autres nouvelles du Saguenay

«Vous savez, au Québec, il est interdit de discriminer une personne en fonction de son sexe ou de sa religion», disait la représentante d'un organisme communautaire à une dame coiffée d'un foulard qui s'informait des normes du travail au Québec. Et juste à côté, un monsieur abordait les promeneurs en leur demandant s'ils cherchaient un emploi, pour leur donner des informations sur le marché au Québec.

Ce ne sont là que quelques exemples des échanges entendus les 30 et 31 mai au Palais des congrès de Montréal, lors de la 6e édition du Salon de l'immigration et de l'intégration au Québec. Cette année encore, ils étaient environ 180 exposants à vouloir attirer l'attention des nouveaux arrivants : régions, organismes communautaires, services gouvernementaux, ordres professionnels, institutions d'enseignement et autres, au milieu d'une foule bigarrée intéressée par toutes les informations disponibles.

Le mot clé, ici, est : intégration.

Trouver un travail. Gagner sa vie. Améliorer son sort, et, au besoin, celui de sa famille.

J'y faisais allusion dans le dernier numéro, en parlant de ce jeune entrepreneur techno installé au Saguenay, Robi Guha, dont le père géologue, Jayanta Guha, est arrivé de l'Inde au début des années 1980. Il ne parlait alors pas un mot de français... mais il a vite appris. Il est tombé amoureux d'une Québécoise et a fait carrière à l'UQAC dont il est aujourd'hui professeur émérite.

Il m'a écrit à la suite de mon texte sur son fils entrepreneur. Il ne m'arrive pas souvent de reproduire des commentaires qu'on m'envoie, mais les siens, éloquents dans le contexte, méritent que j'en partage des extraits avec vous.

«Je suis fier de Robi et Bhaskor, non seulement parce qu'ils sont mes fils mais aussi parce qu'ils ont décidé de rester en région et d'y bâtir leur avenir de même que celui d'autres jeunes. Ils auraient pu établir leur entreprise à Montréal ou ailleurs, mais ils ont décidé de s'installer chez eux, oui chez eux, même ils s'appellent Guha.

J'ai toujours dit que c'est très important pour l'avenir du Québec de renforcer la viabilité des régions [...] Je suis venu au Saguenay par choix, parce que je crois qu'on peut y avoir une qualité de vie exceptionnelle et aussi pour relever le défi de bâtir une université. Oui, les universités dans les régions sont aussi des moteurs de développement régional. Il suffit de voir ce qu'ont fait la Norvège et la Suède [...].

En ce qui concerne l'immigration dans les régions, le message principal à véhiculer, c'est qu'y aller n'est pas une punition [...] Mais l'élément clé est l'emploi et on a encore du chemin à parcourir. Je suis d'accord que ces enjeux sont complexes, mais si on ne fait rien, on va continuer à saigner les régions malgré la tendance actuelle des jeunes de migrer vers elles...»

Précisions

Dans le dernier numéro avec le dossier sur le Saguenay-Lac-St-Jean, un de mes textes portait sur l'entreprise PCP Canada. Elle est maintenant connue sous le nom PCP Aluminium.

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