Oubliez la décroissance, visez un capitalisme raisonné!

Publié le 01/05/2023 à 10:01

Oubliez la décroissance, visez un capitalisme raisonné!

Publié le 01/05/2023 à 10:01

Quel que soit notre secteur d’activité, sommes-nous réellement conscients de notre empreinte carbone? (Photo: Daniel Lloyd Blunk-Fernández pour Unsplash)

EXPERT INVITÉ. On cherche midi à quatorze heures. On parle de décroissance, de fin du capitalisme et j'en passe. Mais la solution ne serait-elle pas un capitalisme raisonné ?

Un capitalisme qui aurait appris de ses erreurs et qui tiendrait compte des grands enjeux de notre temps. Un tel capitalisme serait assurément un petit pas pour l’Homme, mais un immense pas pour l’humanité, pour paraphraser l'astronaute Neil Armstrong.

À défaut d'être parfait, le capitalisme raisonné reste le moyen le plus équitable dans un système démocratique de créer de la richesse pour tous, tout en traitant les employés humainement.

Du côté des employeurs, la tendance liée à la pénurie de la main d’œuvre a accéléré le soin apporté aux équipes ainsi qu’aux conditions de travail. On ne peut malheureusement en dire autant du côté de l’environnement.

Une statistique plutôt inquiétante.

Si les forêts et les océans absorbent 50% des 34,7 milliards de tonnes de CO2 produites annuellement par l’activité humaine, seulement 0,1% des émissions restantes sont récupérées par les technologies de capture, de séquestration et d’utilisation du carbone, selon le site Our Word in Data.

Après une nouvelle année de records en termes de chaleur extrême, il semble plus que jamais important de se questionner sur les choix que nous ferons collectivement pour enrayer ce phénomène.

Une piste serait de regarder d’un angle légèrement différent la responsabilité sociale et environnementale de nos entreprises.

 

Évitez les bons discours d'apparat

Très rares sont les modèles 100% responsables. Ils ne le seront peut-être pas avant des dizaines d'années.

Il appartient à chaque entreprise de mettre les efforts pour tenir compte à son échelle des enjeux environnementaux.

Cela prendra des actions concrètes et non des slogans sur leur site internet, où les sociétés affichent des valeurs qu’elles n’incarnent souvent pas.

De la même manière, la responsabilité sociale doit faire partie intégrante des considérations des entreprises.

Le capitalisme sauvage ne peut plus être justifié.

On ne peut plus abuser de l’environnement ou d’employés comme cela a déjà été le cas. Bien que marginal aujourd’hui, cela doit définitivement disparaître.

On ne veut plus d’entreprises qui font un don dans la communauté d’un bord et paye des employés étrangers à un salaire très bas de l’autre.

 

Rentabilité et environnement

Quel que soit notre secteur d’activité, sommes-nous réellement conscients de notre empreinte carbone?

Que ce soit dans la production de biens ou la prestation de services, toute activité engendre des émissions de gaz à effet de serre.

Évidemment, il existe des industries très polluantes, surtout dans les secteurs plus traditionnels. En revanche, la modernité et la technologie ne riment pas toujours avec écoresponsabilité.

Nous n’avons qu’à penser par exemple au minage de cryptomonnaies qui, en raison de la forte consommation d’énergie engendrée, peut s’avérer tout aussi polluant qu’une entreprise œuvrant dans le secteur des transports.

Selon moi, une piste serait de sensibiliser les acteurs économiques en nous penchant sur la viabilité environnementale de nos modèles d’affaires.

Par exemple, on pourrait déterminer une valeur monétaire par unité d’émission de carbone de nos activités et l’inclure symboliquement dans les charges d'exploitation des états financiers.

On pourrait voir ainsi si l’on est toujours rentable en fin d’exercice.

Si, à ce moment-là, votre profit est supérieur au coût environnemental de votre activité annuelle, alors votre modèle d’affaires serait viable environnementalement parlant.

Dans le cas contraire, des ajustements seraient nécessaires.

Advenant qu’il y aurait des progrès à faire, il existe désormais des instruments comme la grille ECO+ pour faciliter le tout. J’invite dès lors tous les dirigeants à l’envisager si ce n’est déjà fait.

 

Des effets structurants

Si cette idée peut paraître simpliste, pour ne pas dire idéaliste, elle aurait plusieurs mérites.

Premièrement, plus d’excuses! Chacun aurait conscience de son impact réel sur l’environnement et de la viabilité de son modèle d’affaires.

Deuxièmement, les jeunes et les nouvelles entreprises, en bâtissant leur modèle d’affaires, prendraient le pli immédiatement.

Du côté de la responsabilité sociale, des pénalités existent pour les employeurs qui contreviennent au droit du travail.

Sans une manière aussi imagée permettant de percevoir notre impact réel sur l’environnement et de sensibiliser le milieu corporatif, il est difficile de penser que les choses évolueront pour le mieux.

Il est possible de créer de la richesse en respectant l’environnement, en la distribuant équitablement, selon le mérite et les efforts de chacun.

À nous de faire le bon choix et de décider de l’avenir que nous souhaitons.

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Passionné d’économie et de philosophie politique, Pierre Graff évolue depuis 10 ans dans le monde des affaires. Il se questionne sur les enjeux politico-économiques au Québec et au Canada, et plus particulièrement ce qui affecte les jeunes gens d’affaires et les générations à venir. Il est actuellement PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

Pierre Graff

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