Green bonds: la VERTu et l'argent

Publié le 12/10/2014 à 10:15

Green bonds: la VERTu et l'argent

Publié le 12/10/2014 à 10:15

L'investissement responsable pratiqué par l'entremise des titres de participation existe depuis longtemps. Que ce soit par l'application de critères d'exclusion, par l'intégration de critères environnementaux, sociaux ou de gouvernance (ESG), par l'exercice proactif du droit de vote ou par l'activisme actionnarial, les choix sont relativement nombreux et variés pour les actionnaires convaincus des vertus du développement durable. Parallèlement, les titres à revenu fixe ont longtemps fait office de parent pauvre de l'investissement responsable. Cette réalité semble en voie de se résorber par l'expansion pour le moins fulgurante du marché des Green bonds.

C'est en janvier 2014 qu'un groupe d'institutions financières liées à l'International Capital Markets Association (ICMA) a introduit les Green Bond Principles. Les principes sont en réalité une série de lignes directrices volontaires portant sur la transparence, la reddition de comptes et l'intégrité dans le domaine des Green bonds. À l'image des UNPRI (UN Principles for Responsible Investment), lancés en 2006 et qui ont récemment tenu leur conférence annuelle à Montréal, l'objectif est d'outiller le marché afin de promouvoir l'acceptation des grands principes de l'investissement responsable par la communauté financière. Bien que l'investissement responsable se soit principalement pratiqué au niveau des titres de participation jusqu'à présent, l'arrivée des Green Bond Principles apporte à l'investissement responsable en obligations des éléments de standardisation et de rigueur difficilement envisageables auparavant. Une information plus pertinente, fiable, complète et comparable permet ensuite aux investisseurs et à leurs gestionnaires d'inclure des facteurs extra-financiers dans leur processus d'analyse et d'évaluation.

Les fonds levés par l’émission de Green bonds doivent généralement servir à financer des projets environnementaux associés aux changements climatiques et au développement durable. À l'heure actuelle, le marché des Green bonds est composé de 179 émissions avec une valeur nominale de quelques 40 milliards de dollars US. De ce montant, plus de la moitié a été émise dans les neuf premiers mois de 2014. Bien que la rentabilité de certaines émissions soit liée aux résultats associés au projet financé, la majorité bénéficie de garanties identiques aux autres émissions effectuées par le même émetteur. Ainsi, outre une certaine prime associée aux émissions de plus petite taille en raison de leur liquidité inférieure, les Green bonds se négocient généralement à des écarts équivalents aux obligations classiques du même émetteur. 

À l'heure actuelle, les plus grands émetteurs de Green bonds demeurent les agences gouvernementales. Néanmoins, de plus en plus d’entreprises, principalement dans les secteurs financier et des services publics, emboitent le pas. En ce qui a trait aux cotes de crédit, 39% des émissions comportent une cote AAA, tandis que 14% se situent à l’autre bout du spectre, dans le groupe des obligations de pacotille. De toutes les émissions en circulation présentement, 63% se négocient en euros, 22% en dollars américains, 5% en livres sterling et seulement 1% en dollars canadiens.

Le sentier semble donc de mieux en mieux défini pour les investisseurs qui souhaitent arrimer leur portefeuille de titres à revenu fixe à certains principes de base de l'investissement responsable. Bien qu'on ait quelques 10 années de retard sur le marché des actions en termes de profondeur et de rigueur de la recherche ESG, les récents développements portent à croire que les acteurs du secteur sont de plus en plus sérieux et déterminés à changer les choses. À terme, une information plus rigoureuse, complète et standardisée permettra aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées.

 

L'investisseur avisé

L'investisseur avisé qui souhaite appliquer des principes d'investissement responsable dans la gestion de son portefeuille voudra bien comprendre les différentes approches possibles et les impacts positifs ou négatifs sur son portefeuille et sa conscience. L'investissement direct en Green bonds devrait être basé sur une analyse approfondie des garanties offertes (comme pour toutes les obligations) et de l'usage des fonds. Une préférence sera accordée aux émissions qui respectent les Green Bond Principles et qui ont été vérifiées indépendamment.

 

Questions à poser

Avant de prendre une décision, renseignez-vous auprès d'un professionnel qualifié:

- Est-ce que mon gestionnaire analyse les risques extra-financiers dans le choix des titres composant mon portefeuille?

- Où puis-je obtenir de l'information sur la performance environnementale, sociale et en matière de gouvernance des entreprises dans lesquelles j'investis?

- Comment puis-je m'assurer que mes fonds soient utilisés de façon conforme à mes convictions et mes valeurs?

 

À propos de ce blogue

Au fil des ans, Pierre a conseillé un large éventail d'investisseurs privés et institutionnels, y compris des familles fortunées, des fondations et des fonds de pension sur la saine gestion de leurs actifs. Au-delà de sa connaissance approfondie des marchés financiers, des stratégies d'investissement et de la construction de portefeuille, il a développé une expertise plus particulière en matière de conseil aux investisseurs sur l'utilisation de stratégies de placement non traditionnelles et d'investissements internationaux. Le mandat de ce blogue est donc d'aiguiller les lecteurs dans l'exploration de pistes paraissant inhospitalières à première vue, mais pouvant mener à des expériences très gratifiantes lorsqu'on sait s'y orienter. Pierre est titulaire d'un MBA, porte les titres de Chartered Financial Analyst (CFA) et Chartered Alternative Investment Analyst (CAIA), et est également Fellow de l'Institut canadien des valeurs mobilières et de l'Institut des banquiers canadiens. Il travaille pour UBS (Canada) à titre de gestionnaire privé senior.

Pierre Czyzowicz