En 2023, l'économie sera en lendemain de veille

Publié le 26/12/2022 à 12:00

En 2023, l'économie sera en lendemain de veille

Publié le 26/12/2022 à 12:00

Les ménages subissent maintenant le fardeau d’une dette qui ne cesse d’augmenter rapidement, comme le démontre notamment la forte hausse du paiement mensuel des hypothèques depuis un an. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Y aura-t-il une récession ou non? La question est évidemment sur toutes les lèvres, et depuis un bon moment déjà. Or, malgré les sombres perspectives des derniers mois, l’économie canadienne et québécoise ne devrait pas plonger dans la récession l’an prochain. Une chose est sûre: 2023 sera une année de transition qui servira à ramener l’inflation, ainsi que les taux d’intérêt, à des niveaux beaucoup plus raisonnables. 

Petit retour en arrière: l’année qui se termine a été marquée par une forte croissance économique. Malgré les nombreuses embûches, causées entre autres par la guerre en Ukraine et les sanctions contre la Russie, ainsi qu’une inflation élevée qui a entraîné le durcissement des conditions monétaires non seulement au pays, mais aussi un peu partout dans le monde, l’économie canadienne a néanmoins filé bon train. 

Cette croissance, rappelons-le, a été principalement soutenue par la force du marché du travail, par les dépenses des ménages qui ont profité de la fin des restrictions liées à la pandémie pour notamment combler une demande jusque-là refoulée pour l’achat de services, de même que par les prix élevés des produits de base et l’augmentation des investissements des entreprises.

 

Lendemain de veille

Mais toute bonne chose a une fin. Dans un souci de juguler la forte montée des prix et de l’inflation, la Banque du Canada a augmenté à sept reprises depuis mars dernier ses taux d’intérêt, qui atteignent aujourd’hui 4,25%. Résultat: l’inflation, après avoir atteint un sommet de 8,1% en juin, a amorcé sa tendance à la baisse et s’élèverait à seulement 4,2% au cours des trois derniers mois. 

L’économie en surchauffe subira maintenant les effets d’un lendemain de veille. La hausse des taux d’intérêt, qui devrait d’ailleurs se poursuivre à deux reprises en début de la nouvelle année, a déjà entraîné un ralentissement de l’activité économique dont les répercussions continueront de se faire sentir dans les premiers mois de 2023. 

Le moteur de la croissance économique repose en effet principalement sur les dépenses des ménages. La consommation, qui est habituellement responsable d’environ 60% de la croissance, a représenté environ 80% de celle du PIB en 2022. Or, les ménages subissent maintenant le fardeau d’une dette qui ne cesse d’augmenter rapidement, comme le démontre notamment la forte hausse du paiement mensuel des hypothèques depuis un an. Les propriétaires québécois, après avoir profité de taux d’intérêt historiquement bas ces dernières années, doivent maintenant absorber une augmentation mensuelle moyenne de 19%, soit de 1056$ à 1266$, tandis que cette hausse est même de 22% (de 1563$ à 1909$) au Canada. 

Les ménages sont non seulement confrontés à de telles hausses, mais aussi à une baisse de leurs actifs engendrée par la chute du prix des maisons, des marchés boursiers et de leurs épargnes. Cet effet de richesse qui s’amenuise se traduira donc par un ralentissement des dépenses de consommation. Le marché de l’emploi s’en ressentira toutefois faiblement et les taux de chômage resteront faibles. 

Alors, récession ou non en 2023? Il faut certainement s’attendre à un ralentissement, voire à une augmentation du PIB qui sera légèrement supérieure à 0, avec la probabilité d’une croissance négative au cours d’un seul trimestre. Un scénario à l’américaine, où le PIB s’était contracté de 1,6% puis de 0,6% pendant les deux premiers trimestres de 2022 — donc une récession d’un point de vue technique — mais sans grand dommage sur l’économie, est aussi possible.

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