2024: une économie à deux vitesses

Publié le 25/12/2023 à 09:00

2024: une économie à deux vitesses

Publié le 25/12/2023 à 09:00

On annonce des pertes d’emplois ici et là, en particulier dans les secteurs du commerce de détail et de la construction, mais il n’en demeure pas moins que le bilan est positif alors que bon nombre d’entreprises continuent à embaucher de la main-d’œuvre. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. L’économie québécoise commencera la nouvelle année comme elle a terminé la précédente: une économie au ralenti, qui restera faible avec une croissance oscillant autour de zéro, mais qui prendra de la vigueur en deuxième moitié de 2024 lorsque les taux d’intérêt amorceront enfin leur descente. 

Mais avant d’analyser plus en profondeur ce qui nous attend en 2024, jetons un bref regard sur les faits saillants de la dernière année. Après avoir commencé 2023 du bon pied, l’économie québécoise a finalement commencé à ressentir l’effet escompté des hausses successives de taux initiées en mars 2022 par la Banque du Canada afin de stabiliser les prix et de juguler l’inflation. 

La diminution des ventes au détail et des mises en chantier a du même coup entraîné une baisse de l’activité économique et de son PIB. Les hausses de taux ont particulièrement frappé les propriétaires alors que le paiement hypothécaire moyen a augmenté de 19% au Québec en 2023. Les petites entreprises, également touchées par des taux d’intérêt élevés, en sont finalement venues à réduire leurs investissements.

 

 

Toujours pas de récession

Résultat: le Québec aura enregistré en 2023 une croissance économique presque nulle qui devrait continuer à afficher ce faible rythme au cours des prochains mois. Une croissance qui sera certainement ponctuée de trimestres positifs et négatifs, peut-être même consécutifs, qui entraîneraient alors une récession, mais simplement d’un point de vue technique et donc sans grands dommages. 

La solidité du marché du travail devrait en effet permettre à l’économie québécoise d’éviter de plonger dans une longue et profonde récession. Même si on annonce des pertes d’emplois ici et là, en particulier dans les secteurs du commerce de détail et de la construction, et que le rythme de création d’emplois s’est atténué, il n’en demeure pas moins que le bilan est positif alors que bon nombre d’entreprises continuent à embaucher de la main-d’œuvre.

L’accroissement de la population québécoise, à un niveau de 2% jamais vu depuis 1991, contribue à maintenir un marché du travail vigoureux et l’économie à flot. 

Bien sûr, le fardeau des hausses de taux d’intérêt se fera encore sentir sur de nombreux propriétaires qui n’ont toujours pas effectué leur renouvellement hypothécaire à des taux supérieurs, et cette situation affectera encore leur portefeuille et l’économie en 2024. Mais l’épargne des ménages demeure néanmoins assez forte, alors qu’elle est même deux fois plus élevée qu’en 2019, avant la pandémie, pour donner une marge de manœuvre suffisante aux consommateurs.

Autre bonne nouvelle: l’économie américaine continue à faire preuve d’une grande vigueur, alors que l’inflation continue à chuter, ce qui donne un important coup de pouce aux exportations et à l’économie du Québec. 

Après être restée au neutre pendant les premiers mois de 2024, l’économie se redressera en milieu d’année à la faveur d’une réduction des taux. La baisse de l’activité économique, de même que de l’inflation qui se retrouve aujourd’hui près de la fourchette supérieure ciblée par la Banque du Canada, devrait en effet l’amener à réduire son taux directeur dès la mi-année. 

Force est de constater que la politique de resserrement monétaire, adoptée par la banque centrale il y aura bientôt deux ans, a contribué à ralentir l’économie et alléger les pressions sur les prix. Il reste encore du chemin à faire, mais nous sommes assurément sur la bonne voie.

 

 

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