Voilà un dirigeant qu'on voudrait avoir comme partenaire

Publié le 21/02/2014 à 15:40

Voilà un dirigeant qu'on voudrait avoir comme partenaire

Publié le 21/02/2014 à 15:40

BLOGUE. Je lisais cette semaine le compte-rendu d’une présentation faite par le président d’une petite société canadienne dont je tairai le nom.

De telles présentations sont souvent une source intéressante d’information car elles permettent de bien comprendre le modèle d’affaires d’une entreprise, de cerner les défis auxquels elle fait face et aussi de mieux connaître son équipe de direction. Pour ce qui concerne ce dernier point, on en apprend souvent davantage lors des sessions de questions et réponses que lors du discours préparé de son président.

Dans le cas de cette entreprise, pas de texte préparé mais simplement une session de questions d’analystes. Cela m’a fait penser un peu à l’assemblée annuelle des actionnaires de Berkshire Hathaway où les dirigeants règlent en dix minutes les affaires protocolaires et répondent ensuite aux questions pendant une journée entière. Or, les réponses données par le président aux questions étaient particulièrement rafraîchissantes et éclairantes. Ça fait différent de langue de bois de nos politiciens!

Voici quelques points de cette conférence qui m’ont particulièrement frappé :

 

  • Son président est passionné par ce qu’il fait. Voici ce qu’il a dit à une question concernant sa succession à la direction de l’entreprise : « J’ai 64 ans et je fais ce travail depuis que j’ai 18 ans. J’adore ce que je fais et je suis très fier de la société et de ses employés. Si je me faisais happer par un autobus demain matin, la société ne perdrait pas son rythme de croisière. Nous avons suffisamment de profondeur au niveau de l’équipe de direction et de nombreux gestionnaires de qualité. Mais tant que je reste en santé, je continuerai à faire ce travail… »
  • Il pense avant tout comme un propriétaire : « En tant qu’actionnaire principal, je suis plutôt très avare et je tiens à obtenir un excellent rendement de mon investissement. » Jusqu’à maintenant, tous les actionnaires ont grandement profité des actions du principal actionnaire. Si l’on veut qu’un dirigeant travaille pour les actionnaires, il faut s’assurer qu’il soit lui-même actionnaire.
  • Il n’a pas peur de saisir les occasions et agit pour le bien de la société à long terme. « Les gens qui me connaissent bien croient que j’ai dû être traumatisé par la dette lorsque j’étais jeune parce que je la déteste! Je la déteste parce qu’elle t’empêche de saisir les occasions qui se présentent. Car dans un cycle économique, tu veux être celui qui achète lorsque personne ne le fait. Et qui vend lorsque personne n’est vendeur. Un peu à la Warren Buffett. C’est ce que nous avons fait en 2010 et 2011 en doublant nos investissements en capital alors que tous nos compétiteurs étaient sur les freins. »
  • Il se concentre sur les profits et non pas sur la taille de l’entreprise. Voici ce qu’il répond lorsqu’un analyste lui demande si les occasions d’acquisition sont nombreuses : « Nous ne ciblons pas les acquisitions. Nous les prenons comme elles se présentent… Et je ne peux pas les prévoir. S’il y a un risque lié à une acquisition qui dépasse mon niveau de confort et que je n’y vois pas de bénéfice concret en tant qu’actionnaire, je ne la ferai pas. Nous n’avons ni le besoin, ni le désir de devenir simplement plus gros. »
  • Il est allergique à la dépense. Voici ce qu’il dit concernant la possibilité de réduire les dépenses de la société : « Il n’y a pas de gras. Il n’y en a jamais eu. Je n’aime pas qu’on ait trop de gens pour faire le travail. Voilà pourquoi c’est moi qui fais ces présentations aux analystes : je préfère que mon président et mon v.-p. finances travaillent plutôt que de les voir faire des présentations! Au siège social, je crois que nous avons 7 personnes de plus de plus qu’en 1990 alors que la taille de l’entreprise a été décuplée depuis cette date. »

 

Il est important de noter que ce président détient 15,4 % des actions et 38,2 % des votes de la société qu’il dirige. Il est avant tout propriétaire et ça paraît dans la façon dont il gère son entreprise. En tant qu’investisseurs dans des titres boursiers, voilà le genre de dirigeant que l’on veut avoir comme partenaire d’affaires à long terme. Je serais curieux de savoir si vous connaissez des dirigeants qui pensent comme mon p.d.g. anonyme.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

À propos de ce blogue : Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100.

 

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