Rester à l'intérieur de son cercle de compétence

Publié le 19/03/2021 à 08:35

Rester à l'intérieur de son cercle de compétence

Publié le 19/03/2021 à 08:35

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Warren Buffett et Charlie Munger, les deux architectes de Berkshire Hathaway, ont coutume de dire qu’un investisseur doit toujours rester bien à l’intérieur de son cercle de compétence afin de minimiser les chances de commettre des erreurs coûteuses.

Mais qu’entendent-ils par «cercle de compétence»? Voici comment Buffett répond à cette question dans le livre «All I Want to Know Is Where I’m Going To Die So I’ll Never Go There» («Tout ce que veux savoir est où je vais mourir afin de ne jamais y mettre les pieds»), par Peter Bevelin:

«Nous tentons de nous en tenir aux activités d’affaires que nous comprenons… Et notre définition de compréhension est de savoir avec un taux de probabilité assez élevé où les activités d’une entreprise seront rendues dans dix ans.»

Comment cela se traduit-il dans nos investissements chez COTE 100? Comment ce principe devrait-il se traduire chez un investisseur?

De notre côté, nous procédons avant tout par élimination, laissant de côté les titres de sociétés qui ne nous permettent pas d’avoir une bonne idée où seront leurs activités dans dix ans. Voici notre liste d’exclusion:

- Les sociétés dont les activités sont très cycliques. Le succès de ces sociétés, qui incluent la majorité des sociétés œuvrant dans les secteurs des ressources naturelles, dépend grandement de l’évolution de l’économie.

- Les sociétés dont les produits sont à la fine pointe technologique. La technologie est certainement une industrie de croissance; le problème est qu’elle est très changeante et qu’il est difficile de prévoir quelles seront les technologies qui gagneront à long terme.

- Les sociétés pharmaceutiques et biotechnologiques. Nous ne possédons pas de doctorats en pharmacie ou en biologie…

- La plupart des conglomérats, leurs les activités étant souvent multiples et trop complexes. Je dis la plupart, car nous sommes actionnaires de Berkshire Hathaway depuis plusieurs années, un conglomérat que nous considérons relativement simple.

- Les sociétés en démarrage. Le taux de succès de ces jeunes sociétés est notoirement faible et nous ne sommes pas en mesure d’identifier régulièrement lesquelles seront des succès.

- Les cryptomonnaies et autres instruments financiers qui sont à notre avis très difficiles à évaluer puisqu’ils ne génèrent aucun flux de trésorerie («cash flows»).

Que reste-t-il?

Il reste les sociétés qui font partie de notre cercle de compétence. En général, les sociétés œuvrant dans les industries de l’alimentation (tant la fabrication que le commerce de détail), du service, du transport, de la fabrication, des services financiers (banques, assurance et traitement de transactions), le secteur médical (services et instruments), le commerce de détail (physique et/ou en ligne), les services publics (production et distribution d’électricité), etc. Nous investissons également dans le secteur technologique, mais nous le faisons typiquement par le biais de sociétés offrant des services ou commercialisant des logiciels. À notre avis, ces sociétés ont des modèles d’affaires sensiblement moins risqués et bénéficient généralement de revenus hautement récurrents, ce avec quoi nous sommes beaucoup plus à l’aise.

Mais même si une entreprise fait partie de ces secteurs, nous nous posons toujours cette question avant d’investir : avons-nous une assez bonne idée où elle sera dans dix ans? Parfois, même si une entreprise évolue dans un secteur que nous comprenons bien, nous ne serons pas à l’aise avec la complexité de son modèle d’affaires et passerons donc notre tour.

Comme le dit M. Buffett, l’important n’est pas d’avoir un grand cercle de compétence, mais de bien savoir quelles en sont les limites. En même temps, j’estime que chaque investisseur a le devoir de tranquillement élargir son cercle de compétence au fil des ans, en apprenant un peu plus sur les entreprises et les industries. De notre côté, nous avons par exemple ajouté le secteur ferroviaire au cours des dernières années et investi dans la société Canadien National.

J’ajouterais que chaque investisseur devrait avoir son propre cercle de compétence. Certains connaissent très bien l’industrie minière. D’autres ont travaillé toute leur carrière dans le domaine pharmaceutique. D’autres encore sont très à l’aise avec les nouvelles technologies.

La clé est de bien connaître son propre cercle de compétence, quel qu’il soit, et de rester confortablement à l’intérieur.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements, COTE 100

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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