Investissement: tout n'est pas noir, blanc ou vert...

Publié le 06/10/2023 à 12:45

Investissement: tout n'est pas noir, blanc ou vert...

Publié le 06/10/2023 à 12:45

Le logo de la Banque Royale

Les banques canadiennes prêtent de l'argent aux pétrolières. Est-ce une raison pour ne pas y investir? (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. J'ai récemment reçu cette question par courriel (C. R.): 

«Étant très préoccupé par l’environnement et le réchauffement climatique, j’aimerais savoir pourquoi Cote100 continue à acheter des titres liés au pétrole ainsi qu’aux banques canadiennes qui financent le développement des sables bitumineux du Canada. De très gros fonds communs ont décidé de sortir totalement de cette industrie, pourquoi Cote100 ne prend pas ce virage?»

La question est fort pertinente. Je suis moi-même interpellé par l'environnement et la crise des changements climatiques. De fait, j'estime que notre entreprise fait sa part pour l'environnement – notre siège social est homologué « LEED Or », utilisant un système de géothermie depuis sa construction en 2012. Nous avons récemment ajouté deux bornes électriques de chargement pour véhicules électriques à l’usage de nos employés (pour un total de quatre). Nous envisageons l'ajout de panneaux solaires sur notre édifice.

C'est aussi une considération importante dans la gestion de nos portefeuilles sous gestion. C’est pourquoi nous n'investissons plus dans l'industrie pétrolière depuis plusieurs années. La question environnementale fait partie intégrante de toute décision d'investissement que nous prenons. Étant des investisseurs à long terme, nous sommes convaincus qu’une société qui nuit à l'environnement n'a pas un avenir très reluisant à long terme.

Cela dit, il faut selon moi faire la part des choses. Je crois que toute position extrême n'est probablement pas raisonnable en investissement, comme dans la plupart des autres sphères. 

Vous mentionnez les banques canadiennes et le fait qu'elles prêtent de l'argent aux pétrolières. Est-ce une raison pour ne pas investir dans les banques? 

Nous sommes actionnaires de Couche-Tard (ATD, 71,97$) depuis de nombreuses années. Une partie importante de ses revenus provient de la vente d’essence aux automobilistes. Est-ce un motif suffisant pour vendre nos actions?

On parle beaucoup ces jours-ci de l'investissement majeur du gouvernement québécois dans un producteur de batteries pour autos électriques. Mais les autos électriques et les batteries sont loin d'être exemptes d'empreinte environnementale néfaste. 

Une société de logiciels est-elle verte? Et si un de ses clients est une banque qui finance l'industrie pétrolière? Ou si un de ses clients est un transporteur aérien? Un fabricant de panneaux solaires utilise du plastique et autres matériaux dérivés en partie du pétrole.

Si on pousse l'argument plus loin, y a-t-il réellement des secteurs économiques qui n'ont aucune exposition au secteur pétrolier ou à toute action délétère pour l'environnement? Y a-t-il un placement qui soit exempt de toute empreinte environnementale?

Je suis d'avis que la grande majorité des sociétés dans le monde ont une empreinte environnementale. COTE 100 en a une, même si elle est probablement beaucoup plus petite que la moyenne des entreprises (c'est plus facile quand on ne fabrique rien).

Comme dans toute chose, je crois qu'un investisseur doit rechercher un équilibre. Le monde du placement écologique n'est ni noir ni blanc, mais d'une nuance de gris (ou de vert).

Notre objectif est d'investir à long terme dans des entreprises qui nous offriront des rendements attrayants. Nous évitons les sociétés et les industries qui, selon nous, sont clairement nocives pour l'environnement. Nous préférons celles qui, dans le meilleur des cas, favorisent l'environnement, ou à tout le moins ne l'affectent pas trop. 

Mais la perfection n'existe pas.

 

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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