Ces biais psychologiques qui affectent les investisseurs

Publié le 10/04/2015 à 14:13, mis à jour le 12/04/2015 à 09:01

Ces biais psychologiques qui affectent les investisseurs

Publié le 10/04/2015 à 14:13, mis à jour le 12/04/2015 à 09:01

Charlie Munger, partenaire de Warren Buffett, un homme d'une grande profondeur. Photo: Bloomberg

Le livre «Poor Charlie's Almanack» comporte la transcription de 11 présentations orales qu'a livrées Charlie Munger, partenaire de Warren Buffett, la plupart devant un parterre d’étudiants universitaires. Chacune d'entre elles est fascinante et contient de nombreuses perles de sagesse. Mais je crois que c'est la dernière du livre, la onzième et la plus longue, qui gagne la palme: «La psychologie du jugement erroné» («The Psychology of Human Misjudgement»).

Dans cette présentation, Munger énumère 25 biais psychologiques qui mènent souvent les gens à commettre des erreurs de jugement. Bien que chacun de ces travers soit important, voici ceux qui, à mon avis, concernent particulièrement les investisseurs et leur processus décisionnel:

1- La tendance à mésestimer la puissance des récompenses et des punitions. Pour Munger, les mesures incitatives et désincitatives (généralement financières) sont particulièrement puissantes pour changer ou orienter le comportement d'un individu. C’est pourquoi le mode de rémunération des dirigeants et les objectifs financiers en fonction desquels la rémunération est calculée sont particulièrement importants pour l'actionnaire qui investit à long terme dans une entreprise.

En général, une bonne méthode de rémunération fondée sur des objectifs adéquats assurera généralement que les dirigeants prendront les bonnes décisions pour favoriser l’essor de leur entreprise et enrichir leurs actionnaires. Au contraire, une rémunération trop fortement axée sur des réalisations à court terme (options d’achat d’actions) risque fort de se traduire par la prise de décisions qui vont à l'encontre des intérêts à long terme des actionnaires.

Pour ma part, j’estime que ce biais est pour l’essentiel éliminé lorsque les dirigeants sont aussi d'importants actionnaires de la société qu'ils dirigent. La recherche de sociétés respectant ce critère constitue à mon avis la façon la plus simple de s'assurer que les intérêts des dirigeants sont bien alignés avec ceux de leurs actionnaires.

Dans la même optique, un investisseur devrait garder en tête que les rapports de recherche des analystes de firmes de courtage sont généralement biaisés par les incitatifs financiers que ces derniers obtiennent pour rédiger des commentaires très favorables sur les sociétés qu'ils analysent.

2- La tendance à aimer. Charlie Munger est convaincu que l’être humain est génétiquement programmé pour aimer son prochain; il cherche aussi à être apprécié de ses semblables. Selon lui, «une conséquence tangible de cette tendance est qu'elle nous conditionne 1-à fermer les yeux sur les défauts de l’objet de cette affection et à répondre à ses souhaits et 2-à favoriser les gens, les produits et les actions qui sont associés à l'objet de cette affection.»

Dans le monde de l’investissement, les biais affectifs expliquent en grande partie pourquoi les investisseurs ont tendance à «tomber en amour avec un titre». Or, comme le dit l'adage, «l'amour est aveugle». Je suis certain que vous connaissez des gens qui sont tombés en amour avec un titre qu'ils détenaient en portefeuille.

La suite des leçons de psychologie de Munger dans mon prochain blogue.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

L’auteur est gestionnaire de portefeuille et associé chez COTE 100. Il est également rédacteur-en-chef de la Lettre financière COTE 100, publiée depuis 1988.

 

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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